PHOENIX – La météo était encore idéale en Arizona pour un mois de mars: du soleil et près de 25 degrés Celsius. Parfaite pour une journée d'ouverture du Baseball majeur.

Mais au lieu d'assister au match prévu entre les Braves d'Atlanta et les Diamondbacks de l'Arizona au Chase Field, les amateurs de baseball sont plutôt confinés à domicile avec bien peu à se mettre sous la dent.

Cette plaisante météo servait aussi de rappel à ce qui pourrait arriver quand et si les matchs reprennent. Après tout, le baseball en novembre ou décembre dans ce coin de pays ressemblerait aussi à ça.

Dans cet univers sens dessus-dessous de la MLB – en pause au moins jusqu'à la mi-mai en raison de la COVID-19 – tout est possible en vue de la saison 2020, si elle se met un jour en branle.

« Chaque année, vous souhaitez accueillir la Série mondiale », a déclaré le propriétaire des Diamondbacks, Ken Kendrick plus tôt ce mois-ci, alors qu'il discutait des options pour une saison repoussée, dont de tenir les séries éliminatoires en territoires neutres.

« Peut-être aurons-nous un léger avantage si ça se produit », a-t-il ajouté.

Ses commentaires ont soulevé quelques rires et Kendrick a aussi souri, ajoutant rapidement qu'il ne voulait pas rigoler au sujet d'une situation aussi sérieuse que la pandémie de coronavirus. Bien qu'une Série mondiale disputée en territoire neutre semble tirée par les cheveux, nous traversons une période étrange et le baseball doit s'ajuster.

« Il y a beaucoup d'inconnues et notre équipe de direction travaille d'arrache-pied afin de traverser cette situation du mieux qu'on peut, a déclaré le directeur général des Nationals de Washington, Mike Rizzo. C'est une situation qui évolue constamment et il n'y a rien qui soit expliqué dans un manuel. »

Bien que personne ne sache exactement ce qui va se produire, voici quelques pistes de solutions :

Pourquoi pas deux?

Difficile d'imaginer le baseball disputer ses traditionnels 162 matchs si la saison commence au milieu de l'été. Mais un façon de jouer plus de rencontres est de piger dans les stratégies du passé, dont les programmes doubles.

Ceux-ci étaient autrefois monnaie courante au calendrier, mais ils ont disparu, sauf pour les reprises de rencontres reportées. La saison 2020 pourrait être différente, alors que les équipes devront possiblement jouer huit ou neuf matchs par semaine.

Si c'est le cas, il y aura négociations afin d'élargir les cadres des formations, surtout pour les lanceurs, dans le but d'éviter une surutilisation. La MLB avait déjà assoupli ses règles en permettant en permanence un 26e joueur à compter de cette saison. On peut imaginer ce nombre passer à 28 ou 30 dans le cas d'un calendrier condensé.

Le lanceur des Twins du Minnesota Taylor Rogers croit que les équipes et les joueurs voudront jouer le plus de rencontres possible.

« C'est dans notre meilleur intérêt et dans le meilleur intérêt des partisans. C'est pourquoi je crois que toute solution nous permettant de jouer le plus de matchs sera une bonne solution. »

Se tourner vers le passé

Le baseball a dû apporter des ajustements à son calendrier à la dernière minute auparavant. Il y près de 40 ans, une grève a coupé la saison 1981 en deux. Près de deux mois ont été perdus. Elle a alors été divisée en deux portions et les éliminatoires ont été élargies à huit clubs au lieu de quatre.

Les gagnants de section de chaque demi-saison se sont affrontés avant de passer en série de championnat et à la Série mondiale. Les équipes ont joué environ 110 matchs en 1981. La saison a notamment été marquée par Pete Rose, qui a abaissé la marque de Stan Musial pour le plus de coups sûrs dans la Nationale, et pour les partisans des Expos de Montréal, par le Blue Monday, le circuit de Rick Monday contre Steve Rogers, qui a propulsé les Dodgers en Série mondiale, qu'ils ont remportée.

Baseball d'automne

La saison 2020 devait se terminer le 27 septembre, mais il est possible qu'on doive jouer en octobre, voire en novembre. Ce ne sera pas un gros problème dans des villes comme Houston ou Los Angeles, ou dans des endroits où le stade est doté d'un toit rétractable, comme Toronto.

Mais un soir de novembre à Denver, Boston ou Chicago?

« On va devoir étudier toutes les possibilités, car on sait de quoi aurait avoir l'air le baseball au Minnesota en novembre », a indiqué Rogers.

Territoires neutres

L'une des solutions quand il fait trop froid pour jouer à certains endroits est de déménager en territoires neutres. Les équipes pourraient retourner à leurs complexes d'entraînement printaniers en Floride ou en Arizona en automne pour réduire les coûts de transport. Les équipes pourraient alors jouer plusieurs matchs en un court laps de temps.

De jouer la Série mondiale dans un site neutre comme Phoenix ou Miami serait assurément différent. Mais ça fonctionne très bien pour le Super Bowl.

Kendrick et le président des Diamondbacks, Derrick Hall, ont dit que le club serait prêt à partager son marché si des équipes ont besoin d'utiliser leur complexe printanier ou même le Chase Field pour des matchs de saison ou éliminatoires.

Flexibilité

Les joueurs et les dirigeants s'entendent sur un point : s'il y a du baseball cette saison, la clé sera la flexibilité.

Pourrait-il y avoir des programmes doubles avec des matchs de sept manches? Plus d'équipes en séries ou un tournoi à la ronde dans des villes neutres? Certaines options semblent plus plausibles que d'autres, mais bien peu ne seront pas considérées.

Une chose est sûre: tout le monde veut jouer dès que ce sera sécuritaire de le faire.

« Le baseball a toujours joué un grand rôle pour redonner un peu de normalité à ce pays, a noté Hall. Que ce soit après le 11-Septembre ou en temps de guerre. Ou dans ce cas-ci, quand la pandémie sera chose du passé. Nous saurons que la vie est revenue à la normale quand nos stades seront rouverts. »

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Les journalistes Howard Fendrich, à Washington, et Dave Campbell, à Minneapolis, ont participé à cet article.