Si certains biologistes ont déjà suggéré d'abattre uniquement les veaux de l'orignal.

Pour d'autres, ce fut de libérer des loups sur l'île d'Anticosti ou autres suggestions récentes aussi abracadabrantes, certains d'entre eux ont vraiment répondu aux impératifs de leur vocation.

L'avenir de la truite inquiétait...

Il fut une époque où nous avions un réel ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Pour son groupe, dit de l'aménagement de la faune, les heures au travail ne comptaient pas. Sa direction était assumée par le regretté biologiste Albert Courtemanche, dont l'équipe était compétente et consciencieuse. Il y avait aussi notre grand savant Vianney Legendre, qui passait ses nuits à faire de la recherche. Ils étaient pour moi une source d'informations incroyables. Un de ces matins, l'ami Courtemanche, qui venait souvent à mon bureau pour me causer de pêche et de poissons, avait l'air très soucieux.

Il m'avait dit : « Je ne pourrais être plus inquiet de la situation de la pêche à l'omble de fontaine, dans la région des Laurentides. »

Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'il avait raison — il était renseigné tant par le fédéral que le provincial, il connaissait la situation dramatique, dont le peuple n'était pas informé - nos gouvernements préféraient nous laisser dans l'ignorance. Nos eaux étaient dangereusement contaminées, plus particulièrement par le mercure, scandale que j'ai moi-même exposé.

Ces salmonidés, que sont nos « truites mouchetées » diminuaient aussi par la pollution, la surexploitation, le rétrécissement de l'habitat, tant par le nord que le sud, occasionné par le progrès et le déboisement - c'était ce que les anglophones identifiaient comme « trout belt ». Il y eut aussi l'application politique gouvernementale d'une illusion de démocratisation, sans avoir évalué ses conséquences néfastes.

Des ensemencements comme solution de l'heure

« Nous devrons vaincre la pollution de nos eaux, mais d'ici là, pour compenser à cette qualité de pêche que nous avions à des distances raisonnables des centres populeux, nous devrons faire des ensemencements en maints endroits facilement accessibles » de me dire Courtemanche.

Il ajoutait : « Je dis ensemencements, mais non avec des oeufs, et alevins, mais bien avec des poissons, qui auraient une chance de survivre, non d'être bouffés, par de plus grands, dès leurs mises à l'eau. Ceci permettra une pêche intéressante. Tony Lesauteur, qui créa Fapel-Faune et spécialiste reconnu en aménagement, s'était toujours exprimé en ce sens.

Nous réalisons aujourd'hui que leurs conseils ont porté fruits, puisque nous avons retrouvé une pêche intéressante à courte distance des centres urbains, plus particulièrement du secteur le plus populeux du Québec qu'est la région métropolitaine de Montréal.

Ce furent surtout les pourvoyeurs de la région de Lanaudière et des secteurs avoisinants, qui ont mis ces conseils en pratique. Nous devons les féliciter!