Il est rare de voir Yvon Michel et Camille Estephan main dans la main. Les patrons respectifs de GYM et d'Eye of the Tiger Management ont toutefois unis leurs voix, mardi soir, pour critiquer l'approche du gouvernement du Québec, qui a indiqué que les sports de combat pourraient ne pas reprendre dans la province avant la découverte d'un vaccin contre la COVID-19.

Les deux promoteurs ont déploré l'absence de discussions avec la Santé publique, qui aurait rejeté du revers de la main un plan rigoureux présenté par Estephan, sans discuter des points qui posaient problème.

« Ce qui serait important, ce serait qu'il y ait un dialogue, a réclamé Yvon Michel. Pas [se faire dire] qu'il n'y aura pas de boxe tant qu'il n'y aura pas de vaccin. On ne sait même pas s'il y en aura un vaccin. Qu'on se donne un échéancier, qu'on se rencontre tout le monde et qu'on regarde les choses en face. On ne peut pas juste écarter toute une industrie sans tenter de remettre les choses en place. »

« Il n'y a aucune table de travail, a renchéri Estephan. C'est ce qu'on demande, un comité qui nous permettra de nous asseoir avec des spécialistes. Il y a des opinions de médecins à travers le monde [en faveur du retour de la boxe] et nous on n'a pas le loisir de s'asseoir pour jaser avec le gouvernement. C'est inacceptable. »

« Pas plus stupides » que Top Rank

Michel et Estephan estiment que le concept de « bulle » a fait ses preuves, notamment à Las Vegas, où Top Rank organise deux galas par semaine depuis début juin sans incident majeur malgré une forte hausse des cas de coronavirus aux États-Unis au cours du dernier mois.

Des galas y sont présentés à huis clos et le protocole de sécurité et de dépistage est très strict pour les boxeurs et leur équipe. Estephan s'est d'ailleurs basé sur les expériences étrangères pour établir le plan qu'il a présenté au gouvernement.

« On a adapté le plan au Québec et on a même reçu des félicitations au début, mentionne Estephan. Je pensais qu'on était pour avoir l'approbation, mais ça a été rejeté du revers de la main malheureusement. Je n'ai pas senti une volonté.

« On va faire des changements et on va envoyer un deuxième protocole [à la Santé publique] dans lequel on va suggérer des tests quotidiens pendant 14 jours pour chacun des athlètes et s'ils refusent, ce sera du non-sens complet. C'est déjà du non-sens complet! On ne laissera pas tomber nos athlètes et nos fans. »

« Je ne peux pas voir comment un événement de boxe pourrait être un danger pour la santé publique au Québec, ajoute Michel. On parle des événements Top Rank, pendant sept semaines on a organisé une douzaine d'événements et c'est un succès à 100 pour cent : il n'y a eu aucune contamination. Personne n'a été déclaré positif à la COVID après avoir participé à un événement. Certains ont été sortis de la bulle ou on les a empêchés d'entrer dans la bulle, mais personne n'y a été contaminé.

« Si ça fonctionne pour eux, on n'est pas plus stupides! »

On craint maintenant que certains promoteurs se rabattent sur des événements clandestins ou encore que les boxeurs prometteurs quittent la province pour faire carrière ailleurs, ce qui ferait retourner l'industrie québécoise de la boxe « 40 ans en arrière » selon Yvon Michel.

« On a bâti une belle industrie ici au Québec. Des boxeurs de l'étranger sont venus faire carrière ici, on a de nos boxeurs qui se sont rendus en championnat du monde, la télé internationale est venue ici télédiffuser nos grands événements...

« On est longtemps sans rien produire. Des boxeurs vont prendre leur retraite, personne n'aura l'intention de venir ici et peut-être que nos meilleurs boxeurs vont être en exil et il faudra recommencer à zéro », redoute le patron de GYM.