SOTCHI, Russie - Un voiture au tapis, l'autre - presque - dans les choux : Ferrari a déchanté dimanche au Grand Prix de Russie où Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen pensaient tous les deux être en mesure de contrer les Mercedes.

Dès les qualifications, les espoirs avaient été douchés : Vettel avait bien signé le 2e chrono, mais à 7/10es de la pole de Nico Rosberg et un changement de boîte de vitesses le pénalisait de 5 places sur la grille, quand Räikkönen signait le 4e temps mais à plus d'une seconde de la Mercedes AMG.

Dimanche en course, le Finlandais effectue un superbe dépassement sur la Williams de Valtteri Vottas et suit Rosberg... quand un accrochage pousse Vettel dans le mur et force la voiture de sécurité à neutraliser la course.

Sans même sortir de sa monoplace, Vettel voit rouge et le fait savoir par sa radio de bord : « Je dois abandonner. Quelqu'un m'a percuté par derrière au niveau du virage n°2, puis quelqu'un m'a de nouveau percuté par derrière au virage n°3, putain de merde! Sérieux! Qu'est-ce qu'on fait là? »

Il ne sait pas encore que le « quelqu'un » est le Russe Daniil Kvyat, celui-là même qui l'a obligé il y a quinze jours au départ du GP de Chine à donner un coup de volant en direction de son coéquipier Kimi Räikkönen, provoquant un accrochage entre les deux Ferrari.

Deux erreurs en deux courses

À Shanghai, Vettel avait reconnu qu'il s'agissait d'un incident de course. Mais à Sotchi...

Après avoir immédiatement regardé les images de ce double accrochage, l'Allemand a pris sa douche, s'est habillé en civil et a couru vers le muret de Red Bull pour dire à son ancien patron Christian Horner ce qu'il pensait de ce nouvel incident.

« Je n'ai rien contre lui (Kvyat), je pense qu'il a fait une erreur il y a deux semaines et une erreur aujourd'hui. C'est assez évident, mais cela ne sert pas à grand chose d'être en colère », a-t-il déclaré ensuite aux journalistes.

« Je pense que je n'aurais rien pu faire différemment. S'il y a quelqu'un qui a besoin de parler à quelqu'un, c'est lui qui doit venir me voir », a-t-il ajouté.

Penaud, Kvyat qui se sentait galvanisé par l'idée de faire un beau résultat devant son public et son président Vladimir Poutine, s'est confondu en excuses.

« Je suis désolé pour Seb et pour l'équipe, a-t-il dit. Ce n'est pas un super sentiment et c'est probablement le premier tour le plus compliqué de ma carrière. »

« Rien à faire »

« Je m'excuse auprès de toutes les personnes impliquées et nous allons en tirer les leçons. Je pense que nous devons avoir une discussion avec Seb », a-t-il ajouté.

Vettel sorti, reste donc Räikkönen. Mais à la reprise de la course au 4e tour, il se fait surprendre par Bottas et voit Rosberg s'éloigner irrémédiablement.

Non seulement la victoire s'envole, mais en outre la seconde Flèche d'argent, pilotée par Lewis Hamilton qui s'est élancé de la 10e position, fond sur lui et le dépasse sans coup férir.

À la faveur des changements de gommes, le Finlandais de Ferrari repasse devant son compatriote de Williams, mais les Mercedes sont devant et intouchables.

« Comme l'année dernière, je n'avais pas assez de rythme pour faire mieux et je n'ai pas été en mesure de contenir Lewis Hamilton », a regretté Räikkönen, manifestement peu satisfait de sa troisième position.

« Ce n'est pas le résultat que nous souhaitons, nous voulons gagner des courses », a-t-il d'ailleurs marmonné sur le podium.

Sa conclusion est aussi courte que définitive : « il n'y avait rien à faire pour retenir les Mercedes ».

Alors que Rosberg, invaincu cette saison en quatre GP, savoure son triomphe et affirme attendre avec impatience la prochaine course en Espagne le 15 mai, les hommes en rouge en sont au même point: ils rêvent encore de rattraper ceux en gris.