SAKHIR, Bahreïn - C'est l'effet pervers inattendu du changement de l'aérodynamique des Formule 1 en 2022: les écuries travaillent à éliminer le « marsouinage » qui fait rebondir les monoplaces dans les lignes droites, risquant de casser des pièces et gênant les pilotes.

Appellation surprenante, le « marsouinage » fait référence au marsouin, un cétacé marin proche du dauphin, dont les soubresauts de haut en bas des F1 rappelleraient les plongées à la surface de l'eau.

Dans les dernières saisons, les monoplaces étaient plaquées au sol par des ailerons placés sur la partie supérieure de leur carrosserie. Cette année, retour à l'effet de sol, qui crée une succion aspirant le châssis par en dessous. 

Problème découvert pendant les essais d'avant saison: quand les monoplaces s'affaissent trop, les flux d'air autour d'elles se séparent, la pression baisse et la voiture se rehausse, l'effet de succion reprend et ainsi de suite, jusqu'à ce que le pilote freine.

Outre la vitesse, les conditions, comme le vent de face, déclenchent aussi ce phénomène. Il peut donc survenir à tout moment lors d'un Grand Prix.

On l'imagine aisément, le « marsouinage » fait peser des contraintes inattendues sur les mécaniques et donc « un risque pour la fiabilité » des voitures, pointe le pilote allemand Mick Schumacher (Haas).

Il est également dur à encaisser pour les pilotes, raconte Esteban Ocon.

« C'est quand même assez violent. C'est comme si on se cognait la tête contre le sol, ça résonne dans toute la voiture », témoigne le Français. « Ça ne fait pas mal au cœur, non. Mais mal à la tête, oui, à répétition », après une demi-journée d'essais par exemple. 

Ces rebonds troublent aussi la vision, alors que « la visibilité n'est déjà pas très bonne avec les grandes roues », autre nouveauté de 2022.

« Si la voiture saute et qu'on arrive au freinage, on peut se retrouver avec du blocage de roues », ajoute le pilote de l'écurie Alpine.

« Cela fera partie de cette campagne, conclut Schumacher. Pour ceux qui n'ont pas réussi à le réduire ou à le supprimer complètement, il s'agit d'apprendre à piloter avec et d'en avoir le moins possible. [...] Je pense qu'au début de la saison, nous verrons peut-être un peu plus d'abandons à cause de cela. »