MONTRÉAL - Une fois de plus, les résidents de Saint-Lambert n'auront pas à déchirer leur chemise à cause du bourdonnement des voitures de Formule 1 dans l'île Notre-Dame cet été.

Le Grand Prix de Formule 1 du Canada a été annulé pour une deuxième année de suite en raison de la pandémie de coronavirus. Cette décision a été annoncée mercredi matin, alors que la province est balayée par une troisième vague de COVID-19.

« Je dois confirmer que le Grand Prix de Formule 1 du Canada est annulé encore cette année à cause de la pandémie. Considérant la situation épidémiologique et les préoccupations exprimées par les différentes (directions de) santé publique de Montréal, du Québec et du fédéral, notre gouvernement a pris la décision qui s'imposait », a déclaré le ministre de l'Économie et de l'Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon, en visioconférence mercredi.

« La santé était prioritaire »

Il n'y a pas de fumée sans feu, dit-on. Pas plus tard que la semaine dernière, le premier ministre François Legault avait déclaré en conférence de presse: « je ne vois pas pourquoi on a besoin de ça – le Grand Prix – cette année ».

Les autorités de la santé publique avaient la tâche de déterminer s'il était sage de tenir l'événement dans le contexte des restrictions sanitaires actuelles. Après s'être échangé la balle pendant plusieurs jours, voire des semaines, la Direction régionale de santé publique de Montréal s'était prononcée contre l'idée de présenter la course cet été.

De plus, même s'il avait été présenté à huis clos, le Grand Prix aurait nécessité des mesures dérogatoires pour contourner les règles sanitaires en vigueur pour les voyageurs qui entrent au pays.

Ainsi, des centaines de membres des équipes et de la F1 n'auraient pas eu le temps de se soumettre à la quarantaine obligatoire, puisque le championnat tient une course le week-end précédent à Bakou, en Azerbaïdjan.

Cette nouvelle a paru décevoir, dans une certaine mesure, le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier.

« Je comprends la nouvelle, et je l'accepte, mais vous comprendrez que j'ai encore des sentiments partagés. Je suis déçu de l'annulation pour mon équipe, pour les nombreux bénévoles et tous les intervenants qui en font le succès », a évoqué Dumontier, sans préciser les conséquences pour son entreprise, Octane Management.

Une entente prolongée jusqu'en 2031

Dumontier s'est cependant réjoui que ses partenaires et lui soient parvenus à remodeler l'entente avec la F1, qui était valide jusqu'en 2029.

Ainsi, après d'intenses négociations, les courses de 2020 et 2021, qui ont été annulées à cause de la pandémie, seront reportées à la fin du pacte, soit à 2030 et 2031. Celles-ci coûteront respectivement 25 et 26 millions $ aux partenaires impliqués dans cette entente.

Même s'il s'agit d'une hausse considérable par rapport aux 19 millions $ qui devaient être versés à la F1 pour l'épreuve en 2021, Fitzgibbon a assuré que la nouvelle entente sera bénéfique au Québec.

« Les retombées totales sont de l'ordre des 100 millions $, et celles fiscales pour le gouvernement du Québec sont d'environ 10 millions $ aujourd'hui, donc c'est une transaction financière qui fait du sens pour le Québec, pour créer de la richesse », analyse le ministre.

« Cette entente-là, avec Montréal, fait encore beaucoup de sens. Et d'un point de vue économique, elle est beaucoup moins dispendieuse que la majorité des Grands Prix inscrits au championnat du monde », a ajouté Dumontier.

Fitzgibbon a toutefois refusé de préciser les montants qui seront défrayés par chacun des partenaires au-delà de 2029, « parce que c'est un contrat qui n'est pas public ». Dumontier a cependant reconnu qu'une ristourne sur la vente des billets, qui se situe normalement autour de 30 % et qui peut être haussée en fonction du nombre de billets vendus, sera maintenue pour 2030 et 2031. Ça signifie un retour d'environ 4 millions $.

Par ailleurs, les gouvernements du Canada et du Québec ont annoncé qu'ils investiront jusqu'à 5,5 millions $ sur trois ans pour faire de la promotion de la ville de Montréal auprès des amateurs de F1.

La Turquie remplace le Canada au calendrier

Le Grand Prix du Canada devait se dérouler le 13 juin. La F1 a annoncé en fin de matinée que le Grand Prix de Turquie, présenté à Istanbul Park, le remplacera au calendrier.

« Bien que ce soit décevant de ne pouvoir se rendre au Canada cette saison, nous sommes fiers de confirmer que la Turquie présentera un Grand Prix en 2021, après la course magnifique de la saison dernière », a évoqué par voie de communiqué le président et directeur des opérations de la F1, Stefano Domenicali.

« J'aimerais remercier le promoteur (Dumontier) et les divers paliers de gouvernement au Canada pour leurs efforts au cours des dernières semaines, même si les conditions de voyage ont rendu nos plans impossibles », a-t-il ajouté.

Dumontier s'est d'ailleurs fait rassurant quant à la pérennité de l'épreuve montréalaise, en précisant au passage qu'elle sera de retour aux mêmes dates l'an prochain.

« C'est surtout M. Fitzgibbon qui a négocié avec la F1, mais je sais qu'elle (la F1) était très impliquée. Montréal est une épreuve très prestigieuse dans le championnat; toutes les équipes aiment venir à Montréal. Ç'a donc été facile pour M. Domenicali d'accepter la prolongation de contrat (jusqu'en 2031). Il a même dit que s'il pouvait ratifier un contrat de 50 ans, il le ferait. (La F1) sera ici pendant encore longtemps », a-t-il conclu.

Le premier Grand Prix à Montréal s'est déroulé le 8 octobre 1978 et a été remporté par Gilles Villeneuve. Il a été annulé en 1987 et 2009, et c'est la première fois depuis qu'il est présenté dans la métropole qu'il subit ce sort deux années de suite.

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