Gene Haas, le partenaire principal de Stewart-Haas Racing en NASCAR, a surpris beaucoup de monde en annonçant en début 2014 qu’il se lançait en Formule 1 avec sa propre équipe, Haas F1 Team. L’équipe, basée aux États-Unis, serait en piste à temps pour le début de la saison 2015. Le monde de la F1 trouvait l’échéancier irréaliste au vu de l’ampleur et la complexité du projet et des capacités techniques limitées de l’industrie des courses aux États-Unis en ce qui a trait à la F1.

La plus nouvelle équipe en Formule 1 a beaucoup avancé depuis, et devrait être sur la grille de départ au début de la saison 2016. Haas F1 laisse aussi sortir des bribes d’information sur le projet global, comme l’entente avec Ferrari pour la fourniture de gros éléments de la voiture de course. On commence aussi à parler du gros volet commercial entre Haas Automation et Fiat Chrysler Automobile (FCA), le septième fabricant de voitures au monde et propriétaire de Ferrari.

Haas Automation, la pièce centrale du projet est l’œuvre de Gene Haas. Machiniste de formation, il a créé un des plus gros fabricants au monde de machinerie et d’outillage lourds automatisés pour les manufacturiers de toutes tailles. Passionné des courses, il a d’abord agi comme commanditaire chez Hendrick Motorsports depuis environ l’an 2 000, avant de lancer Stewart-Haas Racing (SHR) en partenariat avec Tony Stewart. SHR inscrit aujourd’hui quatre voitures en NASCAR Sprint Cup, dont celle du champion 2014, Kevin Harvick. SHR achète les composantes principales des voitures ainsi que les moteurs de Hendrick Motorsports, et complète leur préparation dans ses ateliers SHR – une formule qui marche très bien pour les deux parties.

Après le lancement de Haas F1, les nouvelles se faisaient attendre. Éventuellement, l’équipe a confirmé de Gunther Steiner, un italien qui avait roulé sa bosse en Formule 1 avant d’être embauché par Haas comme chef du projet.

Vint ensuite la confirmation de l’entente entre Ferrari et Haas F1 qui porte sur la fourniture par Ferrari de coquilles de survie insérées dans le châssis, moteurs et électronique de gestion de l’injection et l’allumage, transmissions, systèmes de recouvrement d’énergie cinétique et thermique, principales pièces de carrosseries, ailerons, plancher et diffuseurs. Ferrari et Haas échangeront aussi des ressources aérodynamiques (spécialistes et temps en soufflerie).

Au niveau des effectifs, Haas F1 compte aujourd’hui (juin 2015) 170 personnes : ingénieurs, mathématiciens, codeurs, aérodynamiciens, concepteurs et dessinateurs, spécialistes en fabrication de composantes, techniciens en matériaux composites, et mécaniciens spécialisés. De cette équipe, 70 travaillent au châssis et à l’aérodynamique chez Dallara, la maison italienne qui fournira les châssis. Une vingtaine œuvre à la soufflerie de Ferrari en Italie, une trentaine près de Charlotte dans un nouvel immeuble Haas F1, et le reste à Banbury (Angleterre) où se trouvent les ateliers de préparation et la base logistique de Haas F1. On s’attend à doubler ce total au cours de cette année.

L’équipe ne donne pas beaucoup d’information à ce stage sur les pilotes éventuels, sauf qu’ils aimeraient avoir un américain en piste aux côtés, on le penserait, d’un pilote rapide et capable d’accélérer le développement de la voiture.

Haas F1 est donc bien lancée. On s’attend à voir deux voitures en piste pour l’ouverture de la saison F1 2016, qui en sera une de développement. Gene Haas a même déclaré que la participation d’un commanditaire ne sera pas essentielle à la présence ni aux succès éventuels de Haas F1, déclarant qu’il « paiera l’aventure de sa poche » s’il le faut, et ajoutant qu’il connaît bien les implications financières d’une telle entreprise.

Haas Automation et Fiat Chrysler Automobile

Passons maintenant à la partie plus commerciale et plus importante selon moi : l’entente parallèle entre Haas Automation et Fiat Chrysler Automobile (FCA). Haas Automation fournira FCA en machinerie lourde d’usinage, en plus de leurs logiciels avancés pour la fabrication de véhicules - pour Ferrari bien sûr, mais aussi pour l’ensemble de FCA.

En plus de ces équipements avancés qui serviront à la grande série, Haas Automation fournira des services de design spécialisé et d’usinage à petit volume comme pour le prototypage rapide et des composantes pour la course. De plus, Haas Automation fournira des services de programmation et d’intégration de cette machinerie dans l’ensemble des systèmes de gestion de FCA.

À la clé, FCA et Ferrari feront un coup de pub en Amérique, tout comme Haas dans le reste du monde automobile. De plus, on s’échangera des biens et services à coût moindre. On comprend alors que Gene Haas se crée une source de revenus à l’échelle mondiale pour aider à payer la note de son aventure en F1. Du vrai gagnant gagnant et une leçon sur comment faire de la F1 et aussi y faire de l’argent.