COTTBUS (AFP) - La cause de l'accident mortel de l'ancien pilote italien de Formule 1 Michele Alboreto, mercredi sur le circuit allemand de l'Eurospeedway Lausitz (est), n'était toujours pas connue jeudi matin, selon la police de Cottbus (est) et le constructeur automobile Audi.

Un porte-parole de la police de Cottbus a déclaré jeudi qu'aucune explication ne pouvait pour l'instant être apportée. Le parquet de la ville et la police judiciaire ont saisi jeudi l'Audi R8 avec laquelle Alboreto, 44 ans, effectuait des essais en vue des prochaines 24 Heures du Mans. Une autopsie du corps du pilote italien sera également pratiquée.

"Le parquet examine la voiture avec nos spécialistes", a déclaré la porte-parole d'Audi, Petra van Oyen, indiquant qu'il faudrait attendre les résultats de cette enquête avant d'autres prises de position. Un ingénieur d'Audi et un spécialiste de l'étude des accidents de chez Volkswagen, maison-mère d'Audi, ont été envoyés à Cottbus.

Plusieurs tonneaux

La voiture s'était retournée vers 16h30 GMT avant d'effectuer plusieurs tonneaux, alors qu'elle roulait à plus de 300 km/h et que les conditions climatiques étaient bonnes.

Selon un commissaire de piste, seul témoin du drame, la voiture d'Alboreto s'est soudain envolée, pour retomber à l'envers hors de la piste de l'autre côté des barrières de sécurité, où elle a effectué plusieurs tonneaux.

Une ambulance et un hélicoptère ont été, en vain, dépêchés sur les lieux deux et trois minutes après l'accident. Selon les secours, le pilote italien était mort à leur arrivée.

Le patron du circuit, Hans-Joerg Fischer, a indiqué que l'accident n'avait aucun rapport avec le circuit et qu'une équipe de la Fédération internationale automobile (FIA) l'ayant inspecté voici deux semaines avait estimé qu'il s'agissait du plus sûr du monde.

"Cet envol aurait pu se produire sur n'importe quel autre circuit au monde. Nous sommes bien sûr profondément touchés et effondrés. Dieu a encore joué avec le destin. En hommage à ce fantastique et populaire pilote, nous allons nommer cette portion de circuit Michele Alboreto", a-t-il ajouté.

Alboreto était arrivé lundi dernier à l'Eurospeedway, un nouveau circuit de 11,3 km ouvert depuis neuf mois près de Dresde (est), pour ces essais qui devaient se terminer mercredi. Audi avait loué ce circuit pour y effectuer des essais aérodynamiques et de vitesse.

Bentley, comme Audi, filiale du géant allemand Volkswagen, avait aussi loué le circuit en vue de l'épreuve mancelle.

Vague d'émotion

Né le 23 décembre 1956 à Milan, Michele Alboreto a disputé 194 Grand Prix de Formule 1 de 1981 à 1994, ce qui le classe au 6e rang mondial quant au nombre de participations, remportant cinq victoires, deux pour Tyrell et trois pour Ferrari. En 1985, au volant d'une monoplace turbo de la Scuderia, il était devenu vice-champion du monde derrière le Français Alain Prost, sur McLaren TAG.

Le pilote italien avait également remporté les 24 Heures du Mans en 1997 au volant d'un prototype TWR Porsche. Avec Audi, il avait terminé 4e de la course mancelle en 1999 et 3e l'an dernier.

Sa dernière victoire date du 18 mars, aux 12 Heures de Sebring (Etats-Unis) aux côtés de ses coéquipiers italien et français, Rinaldo Capello et Laurent Aiello.

Son décès a provoqué une vague d'émotion dans le monde de la Formule 1, notamment en Italie.

Le Français Alain Prost, quadruple champion du monde de Formule 1, s'est montré très affecté par la mort accidentelle mercredi de l'Italien Michele Alboreto.

"Cela me touche beaucoup, a déclaré le Français, jeudi à Barcelone où aura lieu le Grand Prix d'Espagne cette fin de semaine. Michele est quelqu'un que j'appréciais beaucoup. Il avait été mon premier adversaire dès la Formule 3. Et c'est contre lui que j'avais remporté mon premier titre mondial (1985)".

"Michele était quelqu'un que je considérais comme un vrai gentleman sur et en dehors de la piste, a poursuivi Prost. Il va nous manquer. Avec lui, c'est une partie de ma carrière, de ma vie de pilote, qui s'en va".