Ce qu’il y a de bien avec la course à pied, c’est que ça nous permet de découvrir de nouveaux coins de pays. J’étais dans la municipalité de Saint-Guillaume en fin de semaine (28 septembre) pour participer à La Course du P’tit Frais. 

Fondée en 1833, Saint-Guillaume est une municipalité située à une heure de route de Montréal dans la région du Centre-du-Québec. Sa principale vocation est l’agriculture. Elle héberge une fromagerie qui porte le nom de la ville. Tous les gens de l’endroit vous diront que c’est chez eux qu’est produit le meilleur fromage en grains du Québec. J’aurais tendance à leur donner raison. Il faut goûter à celui qui fait « squish-squish » pour rapidement s’en convaincre.

La municipalité compte un peu plus de 1 500 habitants. C’est le maire lui-même qui me l’a confirmé. Selon le site internet de la municipalité, la situation géographique de Saint-Guillaume fait dire à certains qu’elle est située au milieu de rien! Je m’attendais donc à courir avec quelques dizaines de personnes, un ratio que j’aurais jugé correct. 

Imaginez ma surprise lorsqu’une fois sur place on m’a confirmé que 350 personnes s’étaient inscrites aux différentes distances à l’horaire (500 mètres, 1km, 3km, 5km, 10km et 15km). De toute évidence, la ville se retrouvait plutôt au milieu de tout!

J’ai accepté l’invitation d’Hugo Tremblay, un collègue technicien en montage à RDS. Un passionné de course à pied et amoureux de sa ville. Cela faisait quelques années qu’il me parlait de sa course lorsqu’on se croisait dans les corridors. Dès que je suis arrivé sur place, il m’a accueilli avec un large sourire en pointant le ciel. « Nous sommes bénis des dieux, la pluie vient de cesser. »

« La majorité de nos participants proviennent de l’extérieur de Saint-Guillaume cette année. C’est pas rien. Et 58% de ceux-ci sont des femmes », m’explique-t-il fièrement.

Je n’ai croisé que des sourires sur le parcours du 10 km. Peut-être était-ce dû à l’absence de bornes pour indiquer les kilomètres parcourus. Il n’y a pas de ça à La Course du P’tit Frais. Pas de puces non plus. On court pour le plaisir sans se soucier du chrono. Une expérience totalement nouvelle pour un gars comme moi habitué à constamment jeter des coups d’œil à ma montre.

Je me suis rapidement joint à un groupe de coureurs et nous avons discuté pendant la totalité de la course en déambulant sur de petites routes bordées d’immenses champs de maïs. Ce n’est pas un hasard si le plan de blé d’Inde apparaît sur le logo de la course. 

Un sandwich au fromage grillé (grilled cheese) et une pomme craquante sont offerts aux participants lorsqu’ils terminent leur course. « Je ne pensais pas accueillir autant de monde. J’ai dû téléphoner à la fromagerie pour leur demander de livrer plus de fromage », raconte Hugo. 

En 2015, Hugo occupait le poste de vice-président du Centre Récréatif de Saint-Guillaume et il cherchait une manière d’amasser de l’argent pour le financement de celui-ci. Après une participation à la Boucle du Grand Défi Pierre Lavoie, il a eu l’idée d’organiser La Course du P’tit Frais. Il souhaitait faire bouger les gens, mais sans le stress de performer. Exit le chronomètre! L’important pour lui était de mettre de l’avant les saines habitudes de vie et le plaisir de bouger. 

Depuis, la course se bonifie chaque année. En 2016, l’inscription en ligne est offerte. En 2017, on assiste à l’arrivée du grilled-cheese remis à ceux qui franchissent le fil d’arrivée. L’année dernière, la course prend un virage vert et on abandonne les bouteilles de plastique. Les participants devront dorénavant utiliser leurs propres bouteilles réutilisables. 

« Cette année, nous utiliserons une partie des frais d’inscriptions pour acheter des arbres qui seront plantés le long d’un sentier près de notre centre récréatif. Une belle façon de laisser un héritage », explique Hugo tout en me disant de le suivre pour qu’il me montre ces jeunes arbres fraîchement plantés. « En hiver, ça devient un sentier glacé pour patiner. Ce sera beau . »

J’ai quitté Saint-Guillaume en l’assurant que j’avais vécu un beau moment. L’absence d’un chronomètre officiel y était pour beaucoup. Oh j’avais bien démarré celui à ma montre, mais en me promettant de ne pas y jeter un coup d’œil trop souvent. Objectif atteint tellement je me suis plu à discuter avec les autres coureurs pendant ma course de dix kilomètres. Tous et toutes ont des histoires passionnantes. Mon chrono final? Pas important! 

Courir me permet de découvrir des coins de pays, mais également des gens. Cette Course du P’tit Frais me donne également le goût de retourner les voir.