L’occasion est belle cette semaine de vous parler des prochains Championnats du monde d’athlétisme qui se tiendront à Doha, richissime capitale du Qatar, du 28 septembre au 6 octobre. C’est dans huit mois. « On a le temps de voir venir » comme aurait dit mon grand-père.
 
L’annonce de cet événement avait déjà fait la manchette des médias spécialisés en 2018 pour différentes raisons. Pas toujours les bonnes! J’y reviens dans un moment.
 
Précisons d’abord qu’il y a quelques semaines, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a rendu publiques les normes de qualifications (standards) de 2019 qu’auront à respecter les athlètes pour obtenir une invitation aux Mondiaux de Doha. Par exemple, un sprinter devra nécessairement avoir couru un 100 mètres en 10,10 secondes ou moins au cours d’une période donnée pour recevoir une invitation. Chez les femmes, la norme a été fixée à 11,24 secondes.
 
Si les chronos exigés au 100 mètres sont les mêmes que pour les Championnats du monde de 2017 à Londres, ce n’est pas le cas pour toutes les épreuves. Par exemple, les standards sont plus rapides chez les femmes aux 400 mètres, 800 mètres et 10 000 mètres, alors que les hommes devront courir plus rapidement au 3000 mètres steeple. Une seule unanimité existe et c’est au marathon. Tant les hommes que les femmes auront à travailler plus fort pour recevoir une invitation.
 
Chez les hommes, la norme de qualification à respecter est maintenant à 2 h 16, une progression de trois minutes par rapport à 2017. Chez les femmes, il est à 2 h 37. C’est huit minutes de mieux... et c’est beaucoup!

Geoffrey KiruiCes nouveaux standards ont été mal reçus par plusieurs des meilleurs marathoniens de la planète. D’abord parce que ça rendra leur tâche encore plus ardue pour se qualifier, mais d’abord et avant tout, car cela ajoute aux difficiles conditions climatiques qu’ils devront affronter au Qatar.
 
Lorsque l’IAAF a dévoilé que la 17e  édition de ses Championnats du monde se tiendrait à Doha, dans le golfe Persique, une pluie de critiques s’est abattue sur le président de l’organisation chapeautant l’athlétisme mondial, Sebastian Coe. Il s’agissait d’un choix trop audacieux. Des chaleurs extrêmes règnent en permanence au Qatar et demander à des athlètes de se dépasser sous un mercure moyen frôlant les 40 degrés en plein jour peut relever de la folie.
 
L’IAAF a riposté en déplaçant les compétitions du mois d’août vers le début du mois d’octobre lorsqu’il fait plus frais. Tout de même, les températures à Doha approchent les 35 degrés en plein jour. Ça demeure une belle canicule pour le commun des mortels! La chaleur du désert n’est jamais loin. C’est chaud, même pour des Kényans.
 
Les organisateurs ont également promis qu’un microclimat régnerait dans le stade de Doha grâce à un astucieux système de climatisation offrant aux athlètes les meilleures conditions possible. Même si les compétitions se dérouleront à ciel ouvert, ce système de climatisation permettra de dompter la chaleur et l’humidité. On croit être capable de produire une température intérieure de 10 à 15 degrés plus basse qu’à l’extérieur. Les sessions de compétitions matinales ont également été annulées. Tous les événements au calendrier se dérouleront en soirée avec des départs tardifs.
 
Un stade climatisé n’est rien pour rendre le sourire aux marathoniens qui, eux, devront courir à l’extérieur de cette zone artificiellement rafraîchie. La solution? Le départ sera donné à minuit et la célèbre course en sera une de nuit! C’est là où le bât blesse.
 
Le parcours du marathon est composé d’une boucle de sept kilomètres qui devra être empruntée à six reprises et qui verra les coureurs déambuler sur la célèbre Corniche de Doha avec le centre-ville illuminé en arrière-plan. Ça promet pour le coup d’œil télé.
 
Habituellement, le départ d’un marathon est donné tôt le matin. Parfois très tôt lorsqu’il fait chaud. Les marathoniens élites sont conditionnés à se réveiller avant le lever du soleil pour s’alimenter et amorcer leur routine d’avant course. Mais minuit?
 
Cela signifie que tous les coureurs, et leurs entraîneurs devront porter une attention particulière à leur préparation d’avant course. Courir en plein milieu de la nuit n’est pas à l’avantage du corps humain. On ne doit pas s’attendre à des chronos records.
 
Officiellement, on dit vouloir faire briller l’athlétisme partout sur la planète, mais ne soyons pas dupes. La Fédération internationale d’athlétisme, au détriment d’une certaine portion de ses propres athlètes, cherche à garnir ses coffres en succombant aux millions de dollars de petits pays pétroliers comme le Qatar. Malheureusement, en octobre 2019, cela se fera au détriment des meilleurs marathoniens du globe. On ne parle pas d’une course festive à Disneyland, mais bien des Jeux olympiques de la course à pied.