Lorsque mes trois enfants étaient plus jeunes, je m’amusais à leur dire que leur père avait un pouvoir que peu de super héros possédaient. Je les revois les yeux rivés sur la télé le dimanche matin et s’extasiant devant les Quatre Fantastiques de l’univers Marvel. Il y avait Red, un génie capable d’étirer son corps comme un élastique, Jane la femme invisible, Johnny la torche humaine et Ben le colosse transformé en pierre et doté d’une force et d’une résistance titanesque.

 

Je leur mentionnais alors que moi, leur papa d’amour, je possédais l’endurance ! Un pouvoir qui pouvait m’aider à accomplir de grandes choses. Par exemple, si un voleur me chapardait mon portefeuille et qu’il déguerpissait à toutes jambes, je finirais tôt ou tard par le rejoindre parce que je pouvais courir très longtemps. Il serait certainement le premier à s’épuiser.

 

Cela m’amène à vous parler de l’endurance puisque, même si c’est ce que mes enfants croyaient, je suis loin d’être le seul humain à détenir ce pouvoir. En fait, l’espèce humaine, contrairement aux animaux, est parfaitement adaptée pour courir longtemps et à un bon rythme.

 

Vous avez tous certainement déjà vu des images d’un guépard filant à plus de 100 km/h, d’une antilope sautant à plus de deux mètres de haut ou d’un kangourou faisant des sauts en longueur prodigieux.  On serait porté à croire que si toutes les espèces du règne animal étaient invitées à participer aux JeuxEndurance #2 olympiques, l’humain serait très loin du podium. Après tout, Usain Bolt a maintenu une vitesse moyenne de 37,6 km/h lors du 100 mètres le plus rapide (9,58 secondes) de l’histoire.

 

Pourtant non !

 

L’être humain est beaucoup plus endurant que n’importe quel autre animal à la course à pied, même le cheval. À preuve, c’est l’humain qui gagne parfois lors du fameux ultra-marathon Homme vs Cheval qui se déroule en juin de chaque année sur un parcours accidenté au Pays de Galles. Surtout lorsqu’il fait très chaud.

 

Selon les anthropologues, l’endurance humaine s’est développée sur plusieurs dizaines de milliers d’années d’évolution et remonte aussi loin qu’à trois millions d’années alors que nos ancêtres ont commencé à chasser. Il était impossible de courir plus vite que leurs proies, alors l’homme a commencé à les épuiser en courant derrière eux sur de très longues distances. Parfois pendant une dizaine d’heures. Un buffle, un zébu, une antilope, un zèbre ou n’importe quel autre animal finissait par se fatiguer et s’écrouler devant l’humain qui pouvait l’abattre. Cette technique est encore utilisée par certains chasseurs de tribus isolées d’Afrique qui triomphent à l’usure.

 

Comment expliquer ce phénomène chez l’humain ? Pourquoi sommes-nous si endurants à la course ? Après tout, l’évolution aurait également pu donner un coup de main à tous les animaux qui sont chassés plutôt que chasseurs !

 

Une partie de la réponse réside dans notre capacité de sudation. Vous savez, ces millions de petits trous qui se retrouvent sur notre peau, nos glandes sudoripares,  nous permettent de transpirer et d’évacuer le trop plein de chaleur de notre corps et de nous refroidir. Les animaux que nous pourrions affronter à la course transpirent également mais beaucoup moins que l’humain.

 

Par exemple, le chien halète rapidement la gueule ouverte pour réguler sa température corporelle et évacuer la chaleur excessive.  Ce n’est pas aussi efficace que l’Homme. Et sa fourrure n’est certainement pas un atout. Il doit donc ralentir le pas lors d’une très longue course avec un humain.   

 

Plusieurs biologistes de l’évolution estiment également que la bipédie de l’Homme est un avantage et que si nos ancêtres se sont dressés sur leurs deux jambes il y a plus de deux millions d’années c’était pour courir et non pour marcher.

 

L’humain possède également beaucoup de fibres musculaires à contraction lente qui sont utiles lors des longues sorties de course et nos muscles, ligaments et tendons emmagasinent et libèrent de l’énergie à chacun de nos pas. Bref, nous sommes construits pour être endurants !

 

Alors la prochaine fois que vous irez au cinéma pour voir un film de super-héros, ne vous sentez pas trop inférieur. Sans être des mutants ou des êtres d’une autre galaxie, vous possédez tout de même en vous cette formidable force qu’est l’endurance. À vous de l’exploiter à son plein potentiel.

 

Bonnes courses !