Par Kevin Massé - Je suis trop jeune pour avoir vécu ce moment où, entre 1947 et 1991, les États-Unis confrontaient l'URSS. Il a fallu un jeu vidéo et un été chaud et humide pour que ma curiosité s'éveille sur cette guerre très complexe. Une confrontation principalement idéologique entre le capitalisme et le communisme. Une guerre qui se passait à couvert, à coup d'action politique, de propagande, d'espionnage et de compétition technologique. Des ingrédients explosifs qui font une base parfaite pour un jeu vidéo. Voilà cinq incontournables pour jouer à la Guerre Froide.

Missile Command

 

 

S'il y avait un jeu rétro pour représenter la Guerre froide, ce serait Missile Command. Sorti en 1980 sur borne d'arcade, le jeu demandait de protéger une ville contre l'attaque de missiles nucléaires. Il fallait , à l'aide d'une "trackball", contrôler une mire et viser l'endroit où nous voulions envoyer nos missiles antimissiles pour stopper la trajectoire des projectiles ennemis. Le jeu a été un réel succès. 20 000 bornes d'arcades ont été produites et le portage sur Atari 2600 s'est écoulé à 2,5 millions d'exemplaires. On dit que, malgré le graphisme rudimentaire, certains joueurs faisaient des cauchemars de bombes qui explosent.

 

DEFCON: Everybody Dies

 

 

Vous vous souvenez du film Wargames avec l'icône Matthew Broderick parue en 1983? DEFCON: Everybody Dies s'en inspire grandement. Une simple carte du monde fait office d'interface. Cette dernière est divisée en six: l'Amérique du Nord, l'Amérique latine, l'Europe, l'Afrique, la Russie et l'Asie du Sud. Chaque continent a 100 millions d'habitants. Le but sera de tuer le plus de civils ennemis et avoir le moins de perte humaine possible de notre côté. Le jeu est divisé en 6 phases (DEFCON) qui varient entre six et dix minutes et où il est possible de faire des actions particulières. Par exemple, en DEFCON 5, le joueur a six minutes pour placer ses unités (radars, silo nucléaire, flottes navales et bases aériennes) sur son territoire. En DEFCON 3, il est possible d'attaquer l'ennemi tout en sachant que si nous lançons une offensive, l'ennemi saura où nos unités sont placées. La tension monte et les alliances se brisent plus nous approchons de la phase finale. Un jeu qui retranscrit vraiment bien la paranoïa qui devait régner à l'époque.

 

Twilight Struggle

 

 

Ce portage du jeu de société du même nom est très réussi. Playdek a gardé le même esthétisme et a ajouté une ambiance sonore qui contribue grandement à l'immersion. C'est le jeu en tour par tour parfait pour connaître les manoeuvres politiques utilisées à l'époque, car il s'inspire de faits réels. On passe par tous les mouvements, du conflit Israélo-Palestinien à la crise des missiles cubains tout en passant par la guerre du Vietnam. À l'instar des échecs, les règles sont assez simples, mais offrent une richesse stratégique sans égal. Le but est d'utiliser des actions politiques (sous forme de carte) qui influencent les pays à prendre parti pour les États-Unis ou pour l'URSS. Nous pouvons encourager un revirement dans un pays, augmenter la tension nucléaire, mais nous ne souhaitons en aucun cas déclencher une guerre.

 

Metal Gear Solid V

 

 

La Guerre Froide vue par Hideo Kojima c'est quand même un délire vidéoludique qu'un gamer doit vivre une fois dans sa vie. Nous ne sommes plus dans la réalité. Le troisième opus de la série, Snake Eater, traite avec génie de cette guerre, mais je vous dirigerais aussi vers Metal Gear Solid V. Kojima fait de son jeu d'infiltration un univers dystopique dans lequel l'invasion de l'URSS en Afghanistan des années 1980 devient le terrain de jeu de Snake. Un monde ouvert s’offre au joueur tandis que des tonnes de gadgets donnent une flexibilité incommensurable à nos tactiques d’approches furtives. L'ambiance est traitée au petit oignon pendant qu'une histoire de vengeance boucle la boucle d'une épopée complexe.

 

Papers, please

 

 

Alors que la plupart des jeux qui abordent la Guerre Froide mettent de l’avant la vision de l'ouest, Papers, Please nous offre l'autre visage. On y interprète un douanier à la frontière d'un pays communiste fictif. En fait, on inspecte papiers et autres documents afin de définir le droit de passage des voyageurs. Un poste plutôt commun. Seulement, quand l'on considère que vos faux pas et mauvaises décisions ont un impact sur la santé de votre famille, tout change. Le jeu nous confronte rapidement à des décisions difficiles. Est-ce qu’on laisse passer une femme malade même si ses papiers ne sont pas en règle? Est-ce qu’on laisse traverser les lignes à un homme qui fait du trafic humain même s'il est en règle? Une organisation veut renverser le gouvernement, allons-nous l'aider ou pas? Au risque d'être abattue sur la place publique. À vous de décider, camarade.