MONTRÉAL – Depuis 2013, Rashad Ross a appartenu à 13 équipes dont 9 formations de la NFL. Mais comme il le dit si bien dans l’une de ses chansons : la chose la plus importante, c’est de demeurer patient.  

Vendredi soir, cette patience sera récompensée alors qu’il disputera son premier match dans la Ligue canadienne de football. Il agira à titre de spécialiste des retours pour les Alouettes de Montréal puisque Mario Alford a subi une fracture à la cheville droite.

« Chaque fois que j’ai eu une occasion dans chaque ligue, j’étais nerveux, mais prêt. Je ressens plus une nervosité du style que j’ai hâte de jouer et de voir comment ça se passera. Je sais, sans aucun doute, que je suis prêt », a déclaré Ross avec confiance. 

L’athlète de 31 ans ne tire pas cette confiance d’une boîte de Pringles. À travers ses nombreux déménagements dans la NFL, il a pu disputer 22 parties dans l’uniforme de Washington amassant deux touchés (le premier sur un retour de botté d’envoi de 101 verges et le deuxième sur une passe de touché de 71 verges). 

De surcroît, Ross avait épaté durant la première portion du camp d’entraînement avant de se blesser. Il avait été le meilleur joueur lors d’un match simulé aux abords du Stade olympique. 

Cette blessure est survenue à un horrible moment alors qu’il luttait pour détrôner l’un des receveurs réguliers des Alouettes. Après avoir bûché aux quatre coins des États-Unis sans pouvoir s’enraciner avec une équipe, il a failli accrocher ses crampons quand les Alouettes l’ont relégué à l’équipe d’entraînement. 

« J’y ai pensé, mais j’aime jouer au football. Donc je me suis vraiment demandé si je voulais continuer de jouer ou si j’étais prêt à retourner à la maison pour me dénicher un emploi conventionnel. C’est l’amour du football qui fait que je suis encore ici. Au final, je me suis dit que j’allais trouver une façon de réussir en attendant mon tour. La patience est vraiment puissante, c’est la grande clé », a-t-il confié. 

Étant donné qu’Alford devrait rater au minimum six rencontres, Ross se retrouve avec un terrain de jeu très intéressant. Ce n’est pas tout, le marchand de vitesse pourrait convaincre les entraîneurs de l’intégrer aussi dans les jeux offensifs. Alford n’a eu qu’un rôle timide à cet égard avec une passe pour 14 verges.

« J’aime mes habiletés en attaque et sur les retours. J’ai toujours eu du succès sur les retours. En 2015, quand j’étais avec Washington, j’avais été le meilleur receveur en présaison. Depuis ce moment, je trouve que je ne fais que progresser comme receveur. Cette année, j’ai été en mesure de réussir de belles choses dans le match simulé au camp avant de me blesser », a répondu Ross qui publie ses projets musicaux sur ses réseaux sociaux. 

Puisqu’il a perdu son retourneur, on peut comprendre l’entraîneur-chef de Khari Jones de vouloir éviter une blessure à Ross en ajoutant des responsabilités de receveur. 

« On verra, Rashad est très talentueux. Ce sera sa première expérience dans la LCF et je veux d’abord m’assurer qu’il se sente bien avec les retours, c’est une partie si importante du match. Ce n’est pas sa première occasion professionnelle, ce qui est une bonne chose. Si on trouve des manières de l’utiliser en attaque, on va le faire. Il est si dynamique, on va jauger le tout », a exposé Jones. 

Bon joueur, Ross ne veut pas froisser ses coéquipiers. 

« Sans me comparer à Mario, qui est aussi un excellent joueur, c’est une question d’opportunité. Ce n’est pas nécessairement que je peux en faire plus, mais je suis confiant de pouvoir faire autant que lui », a mentionné celui qui porte le numéro 16. 

Afin de s’amuser un peu pour conclure la discussion, on lui a proposé un petit défi : celui de nommer, en ordre, toutes les équipes avec lesquelles il a été associé dans la NFL. 

« Tennessee, Kansas City, Washington, Chicago, de retour à Washington pour trois ans, (une hésitation), Detroit, San Francisco, Buffalo, Arizona, (une autre pause) et Caroline », a lancé Ross avec une note de 100%. 

Avant les Panthers de la Caroline, il a joué pour les Hotshots de l’Arizona dans l’AAF. Il ne faudrait pas oublier ses arrêts avec les Wildcats de Los Angeles et les DC Defenders dans la XFL.

Un tel parcours a été étourdissant. 

« Ouais, c’était fou. Les émotions grimpaient très haut et chutaient très bas. Mais j’ai toujours été élevé et encouragé à ne jamais abandonner et s’impliquer à fond pour réussir. Si je me retrouve dans cette position (avec les Alouettes), c’est justement parce que je n’ai pas lâché. Tout est différent ici, comme les salaires. D'avoir joué dans un niveau plus élevé et de devoir ensuite me rendre dans la LCF et même attendre pour jouer, c’est une expérience qui rend très humble. Mais je savais que je serais en mesure d’y arriver en raison de mon parcours précédent. Je suis habitué donc ça ne m’a pas abattu », a expliqué Ross.

Son cheminement a été ponctué d’épreuves personnelles comme le décès de son père, en 2019, à la suite d’un cancer. À l’image de sa carrière, la vie lui a ramené le sourire avec la naissance de son fils peu de temps après. Il espère lui faire honneur sur le terrain dans l’uniforme montréalais.