MONTRÉAL – En écoutant les commentaires positifs à l’endroit d’André Bolduc, on en vient à lui demander s’il souhaite devenir coordonnateur offensif des Alouettes de Montréal. La réponse surprend, mais fait bien du sens : il désire plutôt devenir entraîneur-chef.

 

L’affirmation est lancée sans aucune arrogance. À vrai dire, elle surgit après une longue réflexion.

 

« Si j’avais le choix à court terme, j’opterais pour entraîneur-chef en premier à cause de ma force dans la gestion, la communication et la connaissance de tout ce qui se passe. J’aime éplucher la formation, les possibilités avec les joueurs canadiens et américains. Je suis plus un gars de terrain, de relations avec les autres qu’être dans ma bulle en haut, seul, à sélectionner les jeux », a expliqué Bolduc dans un généreux entretien avec le RDS.ca.

 

L’entraîneur québécois réalise bien que Mike Sherman pourrait assumer ce rôle durant quelques années à Montréal. Son profil n’est pas le moindre ce qui fait dire à Bolduc qu’il n’écarterait pas l’idée d’accepter un poste ailleurs.

 

« Ce ne serait pas obligatoirement à Montréal. Si ça continue de bien se passer dans mon parcours et que tout est stable dans la famille, j’aimerais regarder cette possibilité. En fait, c’est la première année que j’y pense et que j’en parle à la maison. Quelques gars m’en ont parlé, ils me questionnaient là-dessus », a ajouté Bolduc dont les quatre enfants sont maintenant âgés de 19 (Thomas), 15 (Raphaël) et 12 ans (les jumelles Justine et Elizabeth).

 

S’il y en a un qui n’est pas surpris par cette révélation, c’est bien Tyrell Sutton qui est devenu plus qu’un ami de Bolduc au fil de leur association chez les Alouettes.

 

« Je n’ai aucun doute qu’il serait capable de remplir ce mandat, il accomplit déjà plusieurs tâches aussi bien qu’un entraîneur-chef avec les Alouettes », a vanté Sutton qui a été échangé aux Lions de la Colombie-Britannique plus tôt cette saison.

 

Il fallait également sonder Nicolas Boulay qui a été dirigé par Bolduc avec le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke avant de le retrouver à Montréal.

 

« Oui, je suis certain qu’il pourrait occuper une plus grande place dans l’équipe, mais il a accepté son rôle, c’est un bon soldat. Je trouve qu’il mérite une place plus élargie, il a fait ses preuves avec les Alouettes. Il est dû pour avoir un rôle plus important en attaque, je pense qu’il pourrait amener beaucoup de bien. Tu apprends toujours quelque chose de nouveau avec lui, tu as l’impression de tout savoir et il te surprend avec une nouvelle chose », a argué Boulay.

 

Sherman ne le connaît que depuis quelques mois, mais la relation de respect semble évidente.

 

« Il est très passionné et ses connaissances sont excellentes. Ils s’assurent aussi de la responsabilité de ses joueurs, c’est un très bon entraîneur. J’ai côtoyé plusieurs entraîneurs des porteurs de ballon et il se classe parmi les bons, il accomplit un beau travail pour les développer et les encadrer », a exposé Sherman tout en le taquinant pour la qualité de son français quand il parle avec les joueurs francophones.

 

Rien de négatif au sujet de l’attitude de Manziel

 

Des rumeurs ont commencé à circuler au sujet de Johnny Manziel laissant croire qu’il est détesté dans le vestiaire et que personne dans l’organisation ne voudrait le revoir. Bolduc prétend qu’il n’a rien senti de tel.

 

« Selon ce que je vois, il n’y a pas de négatif qui est envoyé vers lui au quotidien. Au contraire et Johnny est un très bon gars, il est taquin, souriant et amusant. D’ailleurs, il me taquine avec les porteurs de porteur de ballon parce que je lui dis toujours de leur lancer le ballon et ils ont échappé deux passes au dernier match donc il m’en parle chaque jour », a décrit Bolduc en ajoutant un bémol réaliste.

 

« Mais, dans une équipe de foot, tu vas toujours avoir des joueurs qui vont se ranger derrière un ou l’autre. Il y a des gars qui aiment Antonio Pipkin, mais ce sont des professionnels, ils vont jouer avec celui qui est partant et ils comprennent la situation. Je ne sens pas d’animosité dans le vestiaire », a-t-il poursuivi.

 

La seule chose qui est certaine, c’est que les Alouettes vont lui donner la chance de s’acclimater à la LCF.

 

« Le prix à payer était cher pour aller le chercher, c’est clair qu’il va avoir toutes les opportunités de se faire valoir, c’est juste logique. En plus, on ne participe pas aux éliminatoires. Il faut développer son expérience dans la LCF. Un bon camp d’entraînement avec un système stable pourrait créer toute une compétition entre lui et Pipkin », a noté l’entraîneur de 47 ans.

 

Un confident respecté

 

Bolduc ne risque guère d’entendre des histoires semblables à son sujet. Il a plutôt développé des liens bien spéciaux avec plusieurs athlètes à commencer par Sutton.

 

« Sutt, c’est le premier nom. C’était plus qu’une collaboration entre un joueur et un entraîneur, on était des amis. On se parlait l’hiver et on participait à des promotions ensemble l’hiver. On est allés à Chicoutimi et à La Baie à la base militaire. On avait beaucoup de plaisir, mais on pouvait aussi se parler dans le casque. Je pense que j’ai fait de lui un meilleur joueur, mais il a fait de moi un meilleur coach, c’est certain », a confié Bolduc.

 

« C’était bien plus qu’un entraîneur pour moi et son influence dépassait la stratégie. Il m’a aidé à devenir un professionnel au quotidien, il est devenu comme un frère au fil du temps », a réagi Sutton qui était bien heureux de parler de Bolduc.

 

Par la force des choses, il constitue une ressource de choix pour les Québécois qui se tournent vers lui pour mille et une raisons.   

 

« Ils ne sont pas gênés de se confier à moi, ils savent que ça va rester secret. On parle de beaucoup de choses aussi qu’ils font à l’extérieur du terrain. Je pense à Luc Brodeur-Jourdain qui est en train de rénover sa maison, il travaille le soir sur le toit jusqu’à 21h. C’est correct parce que ça lui change les idées dans cette saison difficile », a raconté Bolduc qui a eu le privilège de diriger certains de ses anciens protégés de Sherbrooke comme Boulay et Samuel Giguère.


 

« Tout le monde l’adore, c’est notre mentor. C’est la personne que tu vas voir quand ça va mal, tu peux aller lui parler, il va être ouvert et il va te dire la vérité. Il rend l’expérience meilleure de jouer pour les Alouettes », a cerné Boulay.

 

Dirigera-t-il ses fils dans la LCF un jour?

 

Bolduc a fait énormément de sacrifices pour poursuivre sa carrière d’entraîneur. Durant la saison de football, sa famille (sa femme et ses quatre enfants) demeure à Sherbrooke pendant qu’il travaille à Montréal.

 

Ça ne l’empêche pas d’être impliqué auprès de ses deux fils, Thomas et Raphaël, qui excellent au football alors que ses jumelles pratiquent le volleyball. Maniaque comme il l’est, il connaît même le cahier de jeux de son fils Thomas qui est un quart-arrière étoile au niveau collégial avec les Cougars de Champlain.

 

« Durant notre dernière semaine de congé, je suis allé aider les entraîneurs au programme Sports-Études de Raphaël le matin et j’allais donner un coup de main le soir aux pratiques de Thomas à Champlain. Ça me permet de passer du temps avec eux et, tant qu’ils ont le sourire, ça me fait tripper. Ça n’avait pas de prix de voir Thomas remporter le Bol d’or l’an passé et de voir Raphaël capter des passes pour des touchés ! », a lancé Bolduc avec passion.

 

Quand on lui demande d’identifier ses mentors, Bolduc songe tout de suite à Danny Maciocia et Tom Higgins dont il a adoré l’approche humaine quand il a dirigé les Alouettes.

 

Bolduc est demeuré très près de Maciocia à partir du moment que celui-ci avait agi comme entraîneur bénévole avec les Alouettes alors qu’il était encore joueur.

 

« On se parle encore régulièrement. On s’est parlé dans les beaux et moins beaux moments et il a eu une bonne influence pour moi. Maintenant, il essaie de recruter mon fils Thomas, la vie est vraiment un cercle trippant ! », a conclu Bolduc avec une phrase qui empêche quiconque de le contredire.

 

Imaginez la sensation s’il pouvait, un jour, diriger l’un de ses fils - ou même les deux - dans la LCF.