MONTRÉAL – Même si le dernier match de la saison ne voulait absolument rien dire, Luc Brodeur-Jourdain tenait à le disputer malgré une cheville en piteux état. Ce n’était donc pas si étonnant de l’entendre émettre le souhait de poursuivre sa carrière.

 

Le colosse de 34 ans a finalement cédé sa place vers la fin deuxième quart et c’était loin de faire son bonheur. 

 

« Quand je me suis fait retirer du match, j’ai été fâché jusqu’à la fin! Après, j’ai aidé les autres joueurs, c’était mon rôle et on tourne la page », a raconté Brodeur-Jourdain, samedi, pendant le bilan de l’équipe.
 

Au terme de cette rencontre, le vétéran de neuf saisons n’a pas ressenti qu’il retirait son équipement pour la dernière fois.  

 

« Non, je vais me préparer pendant la saison morte comme si je vais revenir pour une autre saison. Si c’est le cas tant mieux, sinon c’est la nature du sport », a-t-il exprimé sans laisser percevoir trop d’émotion.

 

Brodeur-Jourdain a entamé sa carrière dans la LCF de la meilleure manière possible alors qu’il a remporté les grands honneurs en 2009 et 2010 avec les Alouettes. De façon légitime, on peut se demander pourquoi il a le goût de poursuivre l’aventure à la suite de trois horribles saisons d’affilée.

 

« Si j’y vais vraiment en dedans de moi, je dirais que j’ai envie de finir sur une bonne note. Même si ce n’est pas avec un championnat, j’aimerais sentir que le bateau retombe enfin sur de bonnes vagues », a expliqué le numéro 58 qui se soucie toujours du collectif.

 

Brodeur-Jourdain demeure donc réaliste quant aux probabilités de renverser la vapeur rapidement. Cela dit, certaines organisations sont parvenues à s'extirper des bas-fonds du classement en l’espace de quelques mois.

 

« C’est un défi organisationnel, ça va prendre un groupe d’entraîneurs qui va bien travailler ensemble. Il faut être capable de convaincre les joueurs. On sait aussi qu’on doit rajeunir le club, je fais d’ailleurs partie des membres vieillissants et même dinosaure je dirais », a-t-il évalué en riant.

 

Brodeur-Jourdain sent que le groupe a besoin de sang neuf. Il faut que ces jeunes joueurs soient en mesure de « pousser sur les plus vieux pour qu’ils rajeunissent ».

 

Étant donné que les Alouettes misent sur plusieurs vétérans, le volubile intervenant aurait souhaité que l’équipe expérimentée puisse remettre de la défaite crève-cœur de 41-40, le 27 juillet, à Winnipeg. Avant ce duel échappé dans les dernières secondes, les Oiseaux avaient un dossier de 2-3 et ils avaient tenus leur bout à chaque match. Pour lui, il s’agit du moment charnière.

 

« Oui, ce fut vraiment une cassure notoire dans notre saison. Mais est-ce qu’on aurait dû avoir le caractère pour surmonter ça? Assurément. C’est un échec de notre part de ne pas avoir surmonté cette adversité. On avait enfin un match avec une performance offensive acceptable et satisfaisante... », a-t-il commenté.

 

« C’est très fâchant de sentir que, malgré tout cette expérience, on n’a pas été capable de s’en relever. Ce fut très frustrant, semaine après semaine, de ne pas être en mesure de tenir le coup. Quand tu perds par des marges de 20 points, c’est une performance, je ne dirais pas exécrable, mais inacceptable. Ça devient lourd semaine après semaine », a admis celui qui ne chôme pas à la maison en s’occupant de trois enfants.

 

On présume ainsi qu’il aura besoin de temps pour digérer cette saison misérable.

 

« Je vais prendre environ un mois de congé et je vais recommencer l’entraînement. Pour moi, la définition d’un champion, c’est quelqu’un qui ne se laisse pas affecter par les choses qu’il ne contrôle pas et qui continue d’avoir la même attitude dans la victoire ou la défaite. Je suis prêt à penser à 2018 », a déterminé le centre qui a dû composer avec une multitude de partenaires différents à sa gauche et à sa droite.

 

L’avenir de Brodeur-Jourdain à Montréal n’est donc pas assuré avec les Alouettes. Par contre, il a une bonne idée du profil d’entraîneur qu’il souhaiterait voir hériter des commandes du club.

 

« Le principal aspect que j’aime d’un entraîneur, c’est quelqu’un qui est à la fois très discipliné tout en étant un gars de cœur. Un homme qui va travailler très fort pour aller chercher le cœur des joueurs et non pas juste la dignité de dire que tu es un professionnel et que tu dois jouer pour ton emploi.

 

« Ce qui fait un bon entraîneur, c’est quelqu’un qui est capable de parler avec son cœur et d’aller chercher le cœur des gars », a soumis Brodeur-Jourdain avec pertinence.

 

À 37 ans, Hebert n'entend pas décliner

 

Du côté de la défense, le secondeur Kyries Hebert n’a pas négligé les efforts non plus dans la dernière partie des siens. Hebert fonçait à vive allure partout sur le terrain et il a conclu sa saison avec un impressionnant total de 110 plaqués.

 

Hebert s’est montré plus prudent sur ses critères personnels pour le prochain entraîneur.

 

« Je suis bon pour botter des derrières, mais ce n’est pas mon travail de nommer les besoins pour ce poste. Je m’entends normalement bien avec les entraîneurs parce que je travaille fort. Ça prend quelqu’un avec du respect et qui est respecté », a réagi Hebert qui est sous contrat pour une autre saison.  

 

On aurait aimé avoir son avis sur les carences qui ont coulé son club, mais il s’est également gardé une petite gêne.

 

« Je peux surtout parler de ma contribution. Je peux me regarder dans le miroir et identifier ce que je dois faire pour devenir un meilleur meneur. Je suis quand même fier d’avoir contribué à faire une différence sur le terrain, mais ce n’était pas assez », a-t-il cerné.

 

À 37 ans, Hebert est de plus en plus impatient de gagner un championnat à Montréal. Il ne cache pas que les défaites – ou plutôt les dégelées – encaissées cette année ont été difficiles à avaler. 
 

« Ça fait mal à la fierté, c’est embarrassant. Tu ne veux pas sortir, tu ne veux pas parler de football avec personne.  Mais ça devient une motivation pour la saison morte afin de revenir en force. Je n’entrevois pas de décliner, je veux devenir encore meilleur. Je veux faire partie de la solution », a conclu Hebert qui souhaite être utilisé de multiples manières comme Noel Thorpe prônait.