MONTRÉAL – Au cours des trois dernières années, les Alouettes ont perdu leur aura d’invincibilité, mais l’organisation prévoit un retour en force à la suite de la première exclusion des éliminatoires depuis le retour à Montréal en 1996.

Les Alouettes n’ont peut-être pas déniché un entraîneur de la trempe de Marc Trestman, mais Jim Popp s’est assuré de s’entourer d’alliés de premier plan. Le coordonnateur Noel Thorpe – malgré sa tentative d’escapade – dirigera encore la défense tandis qu’Anthony Calvillo sera appuyé par l’expérimenté Jacques Chapdelaine pour sa première année complète comme chef d’orchestre offensif.

Calvillo, Chapdelaine et leurs confrères de l’attaque s’affairent justement à bâtir le système offensif qu’ils imaginent comme la base d’une renaissance.

Bien sûr, les nombreuses blessures au poste de quart-arrière et les expériences ratées dans le personnel d’entraîneurs ont plombé les ailes des Alouettes, mais l’attaque a tout de même représenté le maillon faible depuis quelques années.

Ainsi, Calvillo a voulu instaurer un climat de communication permettant aux entraîneurs de confronter leurs idées dans la cordialité. Les débats se multiplient – tout comme les heures – pour le bien de la chose.

« Il faut vraiment qu’on puisse s’exprimer et partager notre opinion. Je veux avoir l’esprit très ouvert. Dès la première réunion, j’ai insisté là-dessus, je veux qu’ils me le disent s’ils ont des craintes, doutes ou autre. On pourra examiner la situation et avoir la tête en paix une fois la journée terminée. Je vais écouter leurs pensées, mais la dernière décision me reviendra », a relevé Calvillo rencontré dans le cadre du dîner médiatique des entraîneurs auquel Thorpe était absent en raison du décès de sa mère.

Embauché officiellement il y a un peu plus d’un mois, Chapdelaine a pu constater le tout.

« On a eu des rencontres très productives, on présente plusieurs idées, un bel échange se crée et ça permet d’établir un système agressif et pertinent face aux défenses que nous allons affronter », a soumis Chapdelaine qui est coiffé du titre d’entraîneur des receveurs et conseiller spécial au coordonnateur offensif.

Avec franchise, Calvillo et Chapdelaine ne refusent pas de dire que leur vision respective mène parfois à des réflexions plus complexes.

« Avec sa grande expérience, Jacques a trouvé une formule qui lui convient et il veut faire certaines choses dans ce sens. Par contre, je préfère aussi quelques options donc on doit en discuter. Ça se transforme en quelques longues discussions pour arriver à une décision finale. Cela dit, si je veux vraiment tenter une avenue, je dois l’essayer parce que je veux voir le résultat », a précisé Calvillo.

Même s’il possède un bagage de 13 années d’expérience comme entraîneur dans le circuit canadien, Chapdelaine semble aborder ses nouvelles fonctions – et particulièrement sa relation avec Calvillo - avec humilité.

« Ça me donne un regain de vie dans ce que je fais, j’ai hâte d’apprendre de lui », a confié Chapdelaine à propos de Calvillo qui pourrait en dire autant.

« C’est vrai que j’ai passablement de vécu, mais je crois que toutes les relations de travail doivent être gagnantes pour les deux côtés. Si tu n’es pas capable d’obtenir ça, ce ne sont pas de bonnes relations. »

Dès le départ, il était convaincu que sa relation avec Calvillo serait positive.

« J’ai un grand respect pour ses connaissances de football, tu ne peux pas connaître autant de succès sans un savoir de ce type. Son succès venait notamment de sa compréhension et sa préparation plus qu’exceptionnelles du jeu », a décrit Chapdelaine qui voit l’ancien numéro 13 se démarquer éventuellement sur les lignes de côté.

La saison n’est pas encore commencée si bien qu’il faudra patienter avant de constater l’évolution de leur association. Cela dit, le mariage s’annonce plus heureux pour Calvillo qu’avec Turk Schonert, l’ancien coordonnateur offensif des Oiseaux.

« On ne veut pas que les entraîneurs soient un peu laissés de côté, ce que j’ai un peu ressenti la saison dernière. On a tous des connaissances et pourquoi ne pas en profiter », a avoué AC.

Après avoir vécu dans cet environnement moins productif, Calvillo s’est fait confier les rênes de l’attaque qu’il a partagées avec Ryan Dinwiddie. Disons que le contexte de ses débuts comme coordonnateur offensif n’a pas été évident.

« C’est vraiment difficile de se voir confier de telles fonctions durant une saison. Tu ne peux pas tout jeter à la poubelle. Maintenant, ce n’est plus le cas et c’est notre responsabilité de préparer un plan qui nous procurera du succès », a noté Calvillo.

Si le légendaire quart-arrière a été plongé dans une situation inconfortable en 2015, Chapdelaine ressent plutôt une impression familière et surtout quand il se promène dans le vestiaire du Stade olympique.

« Le vestiaire n’a pas beaucoup changé. Je pense que j’étais assis autour de là (quand il a joué pour Montréal en 1985 et 1986). Je me sens confortable dans cette situation en plus de me rapprocher de la famille et des amis », a raconté Chapdelaine en pointant à quelques pas de lui.

« C’est drôle que Jim ait fait référence à nos négociations d’il y a quatre ans, mais il ne se souvient peut-être pas que j’avais été entraîneur invité il y a 21 ans lors de sa première année comme DG », a ajouté Chapdelaine en puisant dans ses souvenirs.

Une pression qui n’est pas nouvelle

Depuis 1996, les Alouettes ont habitué leurs partisans à des résultats de premier plan. Cette tendance a frappé un mur ce qui impose une pression supplémentaire sur Calvillo, Chapdelaine et leurs confrères.

Calvillo sait que les partisans sont frustrés et il considère que la présence d’un quart-arrière expérimenté viendra faciliter le retour du club vers l’excellence.

Avec cet atout à sa disposition et un porteur de ballon redoutable (Tyrell Sutton) ainsi que des receveurs de haut calibre (S.J. Green, Duron Carter et Kenny Stafford notamment), Calvillo se permet de placer la barre haute.

« Je crois également que notre personnel d’entraîneurs est très intéressant et on construit une nouvelle manière de procéder. Il ne faut aussi jamais penser se contenter d’une fiche ordinaire, nos attentes sont élevées », a-t-il assuré.

Quant à Jim Popp, le directeur général et entraîneur, il a fait référence aux ennuis connus par le Canadien cette saison et par l’Impact dans le passé pour démontrer que toutes les organisations finissent par traverser des bas malgré un grand désir de briller.