MONTRÉAL – Un nouveau chapitre, qui s’annonce très différent, s’amorce pour les Alouettes de Montréal alors que Pierre Karl Péladeau a été présenté, vendredi, en tant que nouveau propriétaire.

 

L’homme d’affaires, qui possède une fortune personnelle évaluée à 1,8 milliard US, a acquis l’organisation à titre personnel et non via le chapeau de son entreprise Québecor.

 

Mais justement, Péladeau a reconnu à plusieurs reprises que cet investissement ne visait pas à l’enrichir.

 

« Ce n’est pas une opération économique, mais bien de fierté. Vous le savez, les Alouettes ont vécu une période d’instabilité et mon engagement en est un à long terme », a mentionné PKP en étant bien conscient des pertes encourues en millions au cours des dernières années.

 

Il a toutefois été impossible de connaître le montant versé par Péladeau pour que l’équipe revienne à des intérêts québécois pour la première fois depuis plusieurs décennies.

 

« C’est connu que l’organisation a perdu de l’argent, il fallait donc signer un chèque, et pas un petit, mais je ne peux pas donner plus de détails », a-t-il réagi alors qu’un accord de confidentialité a été signé à ce sujet.  

 

Le volubile dirigeant s’est attardé sur le sentiment de fierté qu’il veut ramener autour de ce club comme à l’époque où « ti-cul, il écoutait les Alouettes à la radio et c’était Sonny Wade qui jouait ».

 

« C’est vrai, je ne suis pas là pour l’argent. Si je peux contribuer aux Alouettes, c’est une bonne chose. […] Ce n’est pas uniquement une business. Oui, ce l’est, mais c’est plus que ça,  c’est un investissement dans la communauté », a prononcé Péladeau.

 

Cela dit, s’il a acquis les Alouettes avec sa fortune personnelle, il n’a pas fermé la porte à ce que ça change dans l’avenir.

 

Mais nul doute, il souhaite que Québecor joue un rôle important pour relancer les Alouettes. Il entend utiliser les ressources du secteur sport et divertissement de l’entreprise pour faire rayonner les Oiseaux pas uniquement à Montréal, mais à travers le Québec.

 

Le stade et les droits télévisuels, de gros enjeux

 

Puisque la transaction s’est conclue rapidement, comme il le souhaitait, Péladeau dit ne pas avoir eu le temps de réfléchir à son plan concernant les installations inexistantes de l’équipe. Le gros dossier concerne évidemment la location du Stade Percival-Molson pour les matchs et quelques pratiques, mais aussi l’absence d’un complexe d’entraînement.

 

« On sait que la saison commencera où les Alouettes jouent depuis des années », a précisé Péladeau sans prétendre que cette option deviendrait permanente.

 

Il a été plus précis quand un estimé confrère lui a soumis que le stade de l’Université McGill était indigne pour une équipe professionnelle.  

 

« Je ne suis pas certain d’être d’accord pour dire que c’est un stade indigne. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des choses à faire. Ce n’est pas le plus moderne, pour ne pas dire le plus ancien donc la question est légitime. Elle se pose et elle doit nous préoccuper évidemment. Mais ce serait prématuré de se prononcer sans prendre le temps d’y réfléchir et considérer toutes les alternatives. »

 

Actualité oblige, Péladeau a été questionné sur la possibilité d’un projet commun avec le CF Montréal qui a indiqué publiquement songer à toutes les avenues, dont un nouveau stade, pour son équipe MLS.  

 

« Est-ce qu’un projet est envisageable dans l’avenir ? Ce n’est pas impossible. Si c’était possible de le faire, on le ferait avec grand enthousiasme », a commenté Péladeau en évoquant son estime pour Joey Saputo, le grand patron du CFMTL.

 

Quant aux droits télévisuels, Péladeau n’a pas reculé même s’ils appartiennent à Bell Média et RDS en français.

 

« Les droits sont gérés par la LCF, il n’y a pas de droits locaux (comme dans la LNH et MLS par exemple). Ils sont au bénéfice de Bell Média jusqu’en 2025 (NLDR : en 2026 en raison de la saison annulée en 2020 par la pandémie) », a-t-il mentionné la première fois.

 

« On est en compétition avec eux (via TVA Sports notamment) et je considère que c’est une très bonne chose. En 2025 (2026) on verra ce qui arrivera. On peut penser que la compétition que sera bonne et aidera au succès de la LCF », a ajouté Péladeau plus tard.

 

Une liste se bâtit pour la présidence

 

Un autre dossier crucial sera l’embauche de la personne pour assumer la présidence de l’équipe alors que Mario Cecchini deviendra le commissaire de la LHJMQ.

 

« Il y aura un nouveau président, je ne suis pas en mesure d’en faire l’annonce aujourd’hui, mais ça devrait arriver dans un avenir rapproché », a noté Péladeau qui a déjà entamé une liste.

 

« Je ne dis pas qu’on va prendre trois ans, mais il faut nous laisser quelques jours ou semaines. On a déjà identifié des candidats et candidates, on doit prendre le temps pour bien comprendre l’objectif », a exposé celui qui tient à choisir une personne ayant travaillé dans ce milieu. 

 

Parmi les excellents noms qui circulent incluant Matthieu Proulx, celui d’Annie Larouche semble avoir du vent dans les voiles.  

 

« Vous êtes perspicace, vous savez que je ne peux pas répondre », a lancé Péladeau en ajoutant un petit juron amusant à la question de l’auteur de ces lignes.

 

Terminons ce tour d’horizon de la conférence sur le volet de la représentativité québécoise et francophone. Très attaché au Québec, Péladeau est sensible à cet aspect.

 

« Elle est importante et bonne. Les opérations vont continuer comme avant, Danny va embaucher les meilleures personnes, j’ai entièrement confiance en lui », a-t-il d’abord répondu.

 

Un journaliste lui a alors précisé que Maciocia prônait le talent local à talent égal. « Vous me surprenez, je ne le savais pas et je m’en réjouis », a visé le propriétaire.

 

Et non, l’embauche d’un entraîneur anglophone, le qualifié Jason Maas, n’a pas chicoté Péladeau.

 

« Non, ça ne m’a pas dérangé du tout. Je l’ai mentionné et le commissaire (Randy Ambrosie) aussi, le sport est rassembleur. C’est la diversité donc si j’ai le privilège d’y participer, j’en suis très heureux et très fier », a cerné Péladeau qui est arrivé à la conférence de presse avec ses deux plus jeunes enfants, Gabriel et Henri, qui étaient vêtus d’un chandail des Alouettes.