MONTRÉAL - « Tu veux le voir pour le reste de ta vie, ce beau sourire. Tu ne veux pas te dire que tu pourrais le perdre un jour. » Ce sourire à faire fondre même un imposant joueur de ligne offensive de plus de 300 livres, c’est celui de la petite Mia.

Âgée de 3 ans, l’attachante petite a immédiatement charmé les joueurs des Alouettes de Montréal lors de leur visite annuelle d’hôpitaux. Ils ont tous craqué lorsqu’ils ont vu son visage s’illuminer au toucher du ballon miniature qui lui a été remis et des pompons des meneuses de claque.

Chacun à leur façon, ils ont fait des efforts pour la divertir et lui faire sentir qu’elle venait de gagner un petit coin dans leur cœur. Les Brodeur-Jourdain, Giguère, Woods et Crompton vont se battre avec elle pour la suite de son combat.

Diagnostiquée de la leucémie en juin, Mia devra suivre des traitements jusqu’en juillet 2018! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit de toute une épreuve pour cette battante qui raffole de Caillou.

« On a de la chance dans notre malchance, elle réagit super bien », a déclaré sa mère, Marline Danis qui affichait une force inspirante au chevet du lit de sa fille.

Père de deux filles de 5 ans et 5 mois, le receveur Samuel Giguère était évidemment très touché par cette visite à l’Hôpital Ste-Justine.

« Je suis content d’avoir l’opportunité de venir ici pour leur faire oublier qu’ils sont à l’hôpital et les faire sourire même si ça ne dure que brièvement. »

« On retourne à la maison après et on prend nos enfants dans nos bras », a confié Giguère qui réservera un câlin encore plus spécial à ses amours, mardi.

Luc Brodeur-Jourdain était aussi chaviré par cette journée. En plus de devenir père pour une deuxième fois prochainement, sa copine est la mère d’un enfant autiste. Il comprend donc très bien les douleurs reliées aux enfants qui ne jouissent pas d’une santé complète.

« Le premier mot qui me vient en tête, c’est injuste. Ils doivent se battre pour avoir la chose la plus précieuse dans la vie, le temps. De voir que des enfants soient aussi courageux tôt dans la vie, ils vivent des épreuves qui sont difficiles même à l’âge adulte... Quand un médecin t’annonce une maladie grave, c’est la vie qui vient te challenger », a exprimé l’attentionné joueur de ligne offensive.

Si Brodeur-Jourdain avait toujours l’air de trouver les mots justes pour remonter le moral des jeunes patients et que Giguère apaisait leur mal de belle façon avec ses encouragements, Bear Woods et Jonathan Crompton auraient adoré en faire autant.

« C’est la journée pour laquelle j’aurais vraiment aimé parler français. Au moins, je suis présent et les enfants comprennent qu’on est ici pour les supporter. Étant père, je dois vraiment réaliser à quel point je suis chanceux d’avoir une famille en santé », a évoqué Woods avec raison.

Un soutien pour les parents du même coup

Lorsqu’un diagnostic aussi grave que la leucémie frappe son enfant, c’est un peu comme si la vie arrête et s’effondre. Pourtant, les parents doivent continuer à gérer les exigences quotidiennes.

Par exemple, dans le cas de Mia, les parents doivent également s’occuper de son petit frère. Un mandat qui exige de la bravoure et de la résilience.

« Elle a un petit frère de six mois. Il avait trois mois quand tout ça est arrivé, ce n’était pas évident », a avoué sa mère avec une intonation qui en disait long.

Ça tombe bien puisque la visite dans les hôpitaux servait également à encourager les parents qui investissent tous leurs efforts pour aider leur enfant malade.

« On comprend ce qui se passe ici, que ce n’est pas toujours facile pour les enfants et les parents qui sont affectés. Quand ma plus vieille avait deux ans, on a passé une semaine à l’hôpital avec elle. Bien que ce soit résolu et que ce ne fut pas très long, c’était assez pour comprendre les réalités de ce que ces familles peuvent vivre », a mentionné Giguère.

« De voir ces enfants tout sourire, c’est impressionnant, j’ai des frissons à en parler. C’est inspirant de voir ces jeunes qui surmontent de telles épreuves. J’ai de la misère à me placer dans les souliers de leurs parents, mes prières vont pour ces familles », a témoigné Woods.

Avec toutes les épreuves provoquées par cette maladie, Marline Danis ne s’est pas fait prier pour se placer dans la photo avec sa fille et les joueurs des Alouettes.

« Ça change les idées et c’est aussi beaucoup pour nous. Quand on a de la visite, ça fait du bien », a-t-elle reconnu.

« Mia est petite, elle ne réalise pas encore tout ce qui se passe. Le hockey est un peu dans sa vie et elle commence à apprendre les sports. Il faut aussi qu’on la coupe de certaines choses parce qu’elle aurait envie de faire plusieurs trucs qu’elle ne peut pas. On essaie de ne pas trop la tenter », a poursuivi la généreuse maman.

En prenant la pose entourée de ces colosses, elle n’a pas pu s’empêcher de penser à la réaction de son conjoint.

« Je ne suis pas certaine s’il va être content, je pense qu’il sera jaloux », a-t-elle lancé en riant.

Tout aussi bénéfique pour les joueurs

Si les joueurs des Alouettes ont distribué de l’amour et de la compassion, ils sont sortis gagnants de cet échange.

« C’est splendide. Il faut réaliser que certains n’ont probablement aucune idée de qui nous sommes. Ils sont juste contents d’avoir un petit quelque chose de différent dans leur journée, une petite tape dans le dos pour leur dire qu’on est avec eux. C’est notre futur, la société québécoise a été bâtie à travers les enfants. On a besoin d’eux, on a besoin qu’ils soient forts et en santé, prêts à relever les défis de la vie », a soulevé Brodeur-Jourdain avec sa franchise habituelle.

Divisés en trois groupes afin de visiter l’Hôpital Ste-Justine, l’Hôpital de Montréal pour enfants et l’Hôpital Shriners, les joueurs des Alouettes sont allés chercher une dose de courage supplémentaire.

Pendant que ces enfants se battront pour leur vie, les Alouettes batailleront pour accéder aux éliminatoires. En pensant à cette équation déséquilibrée, il serait étonnant de voir un joueur manquer de détermination, lundi prochain, contre les Eskimos d’Edmonton.

« Ce sont des exemples incroyables de courage. C’est impressionnant de voir à quel point leur moral est positif. Ce sont de jeunes personnes qui ont une soif de vivre indéniable, ils se battent pour ce droit. Je suis extrêmement reconnaissant envers la vie de me donner cette chance. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir venir les rencontrer et passer du temps avec eux », a précisé Brodeur-Jourdain.

Cette visite à Ste-Justine, ce n’était pas juste la belle Mia. C’était également la grande Rosalie qui vit son secondaire V avec des priorités très différentes de ses amis. Sa leucémie n'a pas ralenti dans ses ardeurs. Elle s’est empressée de sortir de sa chambre pour venir à la rencontre des Alouettes. Rosalie, qui aimerait devenir médecin, se souviendra de sa discussion touchante et ouverte avec Brodeur-Jourdain.

Il y avait également Zack, un grand fan de soccer de 11 ans qui regarde sans cesse RDS.

On ne peut pas oublier Ludovic, un jeune de 13 ans qui resplendissait de bonheur à échanger avec des athlètes professionnels.

Que dire de Shayan, un adolescent de 13 ans très curieux d’en apprendre sur les Alouettes.

Ils ont aussi rencontré un costaud garçon de 9 ans dont le père a échangé quelques mots avec Nik Lewis. Face à lui, un jeune adulte de 16 ans qui aimerait étudier en droit tout comme Marc-Olivier Brouillette qui était bien heureux de savoir ça.

Et notre cœur s’est brisé à la rencontre de Charles, un magnifique bébé de trois mois qui est bâti comme un futur joueur de football. La leucémie le retiendra à l’hôpital jusqu’en février et ses traitements dureront deux ans. Forte, sa mère a pris la peine de nous dire que ça allait bien.

« L’humain en général est appelé à se morfondre sur ses petits malheurs, mais il n’y a rien là », a conclu Brodeur-Jourdain.