Les Alouettes ont peut-être subi une cinquième défaite de suite devant les Roughriders de la Saskatchewan, il faut retenir que les hommes de Tom Higgins ont été dans le coup jusqu’à la fin.

Dans un environnement particulièrement hostile, les Alouettes ont néanmoins joué du bon football contre l’équipe de l’heure dans la Ligue canadienne de football. Depuis leur semaine de relâche, les Riders ont remporté leurs quatre derniers matchs, surtout grâce à leur défense.

À lire également

Leur attaque est plutôt couci-couça, mais en revanche, les membres de l’unité défensive sont incroyables. Ils n’ont que 9, 14, 17 et 11 points en quatre rencontres. Contre les Alouettes, il faut en compter 4, puisque le touché de Duron Carter a été inscrit sur les unités spéciales.

Chose certaine, les joueurs des Alouettes ont eu toutes les raisons du monde d’abandonner avec les blessures à Marc-Olivier Brouillette et Jermaine McElveen et leur dossier de 1-5, mais ils ne l’ont pas fait. Cela n’a vraiment pas été un match facile. Je serais d’ailleurs curieux de connaître le nombre de sacs de glace qui ont été utilisés tellement le jeu était physique!

C’est ce qui me permet de continuer à croire que les Alouettes peuvent encore remonter la pente. Tant que l’attitude sera bonne et que l’effort y sera, qui sait ce qui peut arriver?

Des statistiques révélatrices

Il ne faut pas chercher très loin pour comprendre pourquoi les Alouettes ont échappé le match contre les Riders. Les statistiques ne disent pas tout, mais elles donnent quand même une idée.

Trois indicateurs - les revirements, les pénalités et le nombre de gros jeux réussis - ont ainsi été à l’avantage des hommes en vert. Ces derniers ont provoqué quatre revirements contre aucun pour les Alouettes, ils ont écopé de 7 pénalités pour 51 verges contre 11 pour 90 verges pour les Alouettes et seul Carter a réussi un gros jeu pour les Alouettes. Les Riders ont quant à eux multiplié les courses de plus de 20 verges et les passes de plus de 25 verges. La différence est là.

De plus, le quart-arrière des Riders Darian Durant s’est illustré au quatrième quart, tandis que son vis-à-vis des Alouettes Alex Brink ne peut en dire autant. La défense des Riders a provoqué des revirements au dernier quart et pas celle des Alouettes. Cela finit toujours par te rattraper.

Nouveau quart-arrière, même résultat

Par contre, Brink n’a pas été mauvais en début de match. Il dégageait une belle énergie et semblait beaucoup plus organisé et rythmé que Troy Smith. Chose certaine, il savait où il s’en allait. C’est peut-être pour cette raison qu’il a complété plusieurs de ses premières passes.

Cela dit, l’attaque des Alouettes ne sera jamais explosive sous les ordres de Brink. Tout le monde s’en doutait, sauf qu’il en a fait la preuve samedi. Les tentatives de passes de plus de 15 verges étaient laborieuses et sa plus longue - 20 verges - est due à l’effort de Brandon Whitaker.

Au moins, Brink est efficace lorsqu’il lance des passes courtes, ce qui signifie qu’il effectue de bonnes lectures et dégaine rapidement. C’est exactement cela qui est recherché contre une défense incroyable comme celle des Riders. Mais quand c’était le temps d’aller chercher un long gain en deuxième essai, cela se gâtait.

À sa décharge, Brink pouvait rarement terminer son geste de passe en raison de la pression soutenue des joueurs des Riders. Et lorsque ces derniers ne se rendaient pas à lui, c’est un de ses coéquipiers qui le gênait. Petite parenthèse à ce sujet : les joueurs de la ligne défensive des Riders m’impressionnent, parce qu’ils foncent continuellement à plein régime.

Mais comme mentionné précédemment, Brink manque clairement de bras, ce qui ouvre possiblement la porte au deuxième quart-arrière Jonathan Crompton. Oui, Brink a mieux fait que Smith, sauf que le résultat a été le même. L’attaque des Alouettes ne pourra pas éternellement miser sur les petites passes, car l’adversaire finira par s’ajuster.

Au-delà de la prestation de Brink, les receveurs des Alouettes se sont signalés en étant nettement plus actifs avant la levée du ballon. Les receveurs bougent afin de mêler l’adversaire, mais avec Smith, ils craignaient de le faire pour ne pas le mélanger. La nouvelle série de jeux avec Tyrell Sutton et Whitaker - passe piège au premier et passe dans le flanc au deuxième - a bien fonctionné. Brink a souvent fait la bonne lecture dans ces circonstances.

Bref, les rôles semblent maintenant bien définis au sein du personnel d’entraîneurs des Alouettes. Le coordonnateur offensif Ryan Dinwiddie, l’entraîneur des quarts Jeff Garcia et l’entraîneur des receveurs Turk Schonert donnent l’impression d’avoir une ligne directrice.

Des décisions discutables

Mon ancien entraîneur Don Matthews parlait souvent des journalistes comme des « spécialistes après les faits ». Dans le fond, que c’était facile d’être en désaccord avec un choix de jeu après que ce dernier soit terminé. Et c’est exactement ce que je m’apprête à faire!

Le pointage était égal 4-4 à la mi-temps et les Riders menaient 5-4 après trois quarts. Les Alouettes ne jouaient ainsi donc pas du football de rattrapage. Pourtant, les Alouettes n’ont porté le ballon que six fois en deuxième demie, dont une seule petite fois au quatrième quart.

Ce qui rend la situation désolante, c’est que Brink ne brillait pas exactement de tous ses feux. Il n’y avait aucune raison de ne pas utiliser davantage le jeu au sol. Sur leur avant-dernière série à l’attaque, les Alouettes se sont retrouvés avec un deuxième essai avec quatre verges à franchir. Plutôt que d’y aller avec une course, ils ont opté pour une passe - incomplète - et Brink a été victime d’un sac du quart sur le troisième essai. Pourquoi ne pas avoir couru sur le deuxième essai. Les Alouettes auraient pu tomber en 3-et-1 et ensuite tenter une faufilade du quart. Je sais évidemment qu’il s’agit de pure spéculation, mais l’attaque aérienne n’allait nulle part.

Et le pire dans tout cela, c’est lorsque les Riders ont ensuite récupéré le ballon, ils ont effectué cinq jeux et, je vous le donne en mille, cinq courses. Ils ont écoulé 88 secondes et ajouté trois points à leur avance, ce qui obligeait les Alouettes à marquer un touché pour gagner.

La décision d’y aller pour un converti d’un point au lieu de deux après le touché de Carter a également été surprenante. Même si les Alouettes avaient raté leur coup, ils auraient toujours eu la possibilité de l’emporter avec un placement. Higgins s’est peut-être dit qu’il ne s’agissait pas d’un jeu à haut pourcentage - personne ne l’a réussi cette saison -, mais quand même. Higgins se rappelait peut-être que les Alouettes menaient 21-14 avant de s’incliner 24-21 la saison dernière. Higgins s’est sûrement dit qu’il y aurait d’autres points qui se marqueraient.

Loin de moi l’idée de m’acharner, mais pourquoi Higgins n’a pas envoyé son attaque sur le terrain pour un converti de deux points, mais l’a fait pour un troisième essai et quatre verges à franchir en fin de match? Les Alouettes n’avaient réussi que cinq premiers essais et récolté que 81 verges en deuxième demie. Où Higgins est-il soudainement allé chercher cette confiance? Peut-être craignait-il que son attaque n’ait jamais la chance de retoucher au ballon? Il y a de bons arguments des deux côtés et Higgins est payé pour prendre des décisions…

La défense a respecté sa part du contrat, mais…

Avant le début du match, j’étais curieux de savoir si la défense des Alouettes serait aussi intense que l’attaque des Riders. Les joueurs de la ligne à l’attaque sont reconnus pour être de méchants garnements. Ils jouent avec beaucoup de hargne, presque à la limite de la légalité. Ils ont notamment le don de faire pogner les nerfs à leurs adversaires. La défense des Alouettes a été à la hauteur et a respecté sa part du contrat en ne donnant que 16 points. Mais…

C’est peut-être exagéré de dire que la défense a flanché, sauf qu’elle n’a malheureusement pas été à la hauteur dans les moments importants cette saison. Samedi, elle a donné un touché à la suite d’une passe de 30 verges sur le premier jeu du quatrième quart et a donné une course de 25 verges à Jerome Messam après que Sean Whyte eut refoulé les Riders à leur ligne de 6. Et sur la dernière séquence à l’attaque des Riders, les Alouettes les avaient dans les câbles sur un deuxième essai et 15, mais Durant est parvenu à gagner 17 verges sur une course.

Bien évidemment, toutes ces critiques seraient futiles si l’attaque des Alouettes était simplement capable de marquer quelques points.

*Propos recueillis par RDS.ca