SHERBROOKE – En 2011, Jim Popp et les Alouettes ont décidé de risquer un choix de repêchage sur le phénomène qu’est le plaqueur canadien Vaughn Martin. Cinq ans plus tard, l’organisation montréalaise pourrait encaisser de gigantesques dividendes.

L’exploit n’était pas mince. Martin était devenu, deux ans plus tôt (en 2009), le neuvième joueur issu du réseau universitaire canadien à être sélectionné au repêchage de la NFL. Les Chargers de San Diego avaient été convaincus par le potentiel du colosse de l’Université Western.

Après quatre saisons avec les Chargers, dont deux campagnes convaincantes en 2011 et 2012, Martin n’a pas été en mesure de s’établir avec une autre formation du circuit Goodell. Il a appartenu aux Dolphins de Miami, aux Lions de Detroit et aux Chiefs de Kansas City de 2013 à 2015.

En 2014 et 2015, les Alouettes l’ont courtisé de nouveau pour qu’il tente enfin l’aventure de la LCF, mais le fruit n’était pas encore mûr.

« Quand un gars a joué pendant cinq ans dans la NFL, les probabilités de le voir aboutir avec nous penchaient plus vers le non. On a essayé pendant deux ans, mais il n’avait pas tant d’intérêt puisqu’il continuait d’avoir des chances dans la NFL. Finalement, il a démontré une ouverture et c’est devenu intéressant rapidement. On s’attendait à ce qu’il demande beaucoup d’argent avec les salaires qu’il a touchés », a avoué le directeur général et entraîneur-chef.

Popp ne cache pas sa joie quand il parle de la venue du « gentil monstre » de six pieds quatre pouces et plus de 300 livres. Après tout, s’il répond aux attentes, Martin pourrait s’imposer comme une référence de la LCF au cœur de la ligne défensive.

« Je suis content qu’il soit avec nous. Tous les joueurs l’aiment et quand le personnel de soutien vient te dire qu’il est merveilleux, ça en dit long sur sa personnalité. Tu ne sais jamais à quoi t’attendre quand un gars de sa stature se dirige vers toi. On a tous hâte de voir ce qu’il pourra faire dans la LCF », a raconté Popp avec les yeux brillants.

Fort sympathique pendant l’entretien avec le RDS.ca, Martin a froncé les sourcils à une seule occasion. C’était quand on lui a mentionné que des observateurs ont émis certains doutes sur sa capacité de s’imposer en sol canadien en y arrivant à 30 ans après tant d’années dans la NFL.

« Il n’y a aucune raison qui me laisse croire que je n’aurai pas de succès dans la LCF », a-t-il assuré.

« Je vais être un très bon joueur dans la LCF », a insisté Martin, quelques secondes plus tard, en pesant bien chacun de ses mots.

Ayant bien gagné sa vie dans la NFL, Martin ne peut qu’être un passionné du football pour s’amener dans l’entourage des Alouettes sans craindre la dose d’humilité nécessaire qui accompagne ce choix.

« C’est un métier magnifique! C’est aussi une merveilleuse opportunité. Je suis un grand travaillant, je suis content d’être avec les Alouettes, je me sens chanceux et privilégié », a justifié l’Ontarien aux origines jamaïcaines.

« C’est vrai qu’il y a de petits ajustements qui sont nécessaires, mais j’ai déjà commencé à y travailler dans les derniers jours (à partir du camp des recrues). Mais, outre quelques nuances, ça demeure du football », a évalué Martin qui a été élogieux envers Anwar Stewart, son nouvel entraîneur de position.

Reconnu pour son intelligence, Martin est arrivé avec les Alouettes en connaissance de cause. Il était au courant de la réputation de l’unité de Noel Thorpe.  

« Notre défense est très talentueuse et c’est particulièrement le cas sur la ligne défensive. Je me considère chanceux d’être entouré de ces gars et je veux faire ma part », a proposé celui qui entend jouer encore quelques années.

Martin pourrait simplement utiliser de belles paroles pour convaincre l’auditoire, mais sa conviction démontre son authenticité et on a même pu l’entendre s’excuser à un coéquipier pendant un exercice parce qu’il avait raté sa responsabilité.

Embêté par une légère blessure à une cheville subie au premier jour du camp d’entraînement, Martin a pu se reposer lundi.

Un leader prêt à modifier son rôle

La seule autre acquisition de taille en défense se nomme Jovon Johnson. On ne craint pas de se tromper en disant que le demi de coin se retrouve à l’autre bout du spectre comparativement à Martin.

À cinq pieds neuf pouces et 189 livres, Johnson a eu à prouver toute sa vie qu’il méritait sa place sur les terrains de football avec son physique moins impressionnant.

L’athlète originaire de la Pennsylvanie s’est fait un malin plaisir de confondre tous les sceptiques jusqu’au point d’être nommé le joueur défensif par excellence de la LCF en 2011 alors qu’il évoluait pour les Blue Bombers de Winnipeg.

Johnson a poursuivi son illustre carrière avec le Rouge et Noir d’Ottawa en 2014 et 2015. Après la présence au match de la coupe Grey, Johnson n’a pas été en mesure de s’entendre financièrement avec le Rouge et Noir. Les Alouettes ont flairé la bonne affaire en mettant ce meneur sous contrat.

Johnson n’a pas eu besoin qu’on lui fasse un dessin, il a rapidement compris qu’il allait adapter son leadership au sein des Alouettes.

« Au fil des ans, j’ai joué avec beaucoup de jeunes athlètes et j’ai eu à créer une unité avec eux. Maintenant, je me retrouve dans un contingent qui a déjà une fondation en place.

« Je n’ai donc pas à exercer la même influence avec des vétérans comme ceux des Alouettes. En contrepartie, ce qu’on fait, c’est qu’on communique ensemble et on partage nos différentes visions pour s’améliorer », a comparé le sympathique numéro 2.

Johnson n’est donc nullement inquiet même s’il sait que la composition de la tertiaire soulève quelques craintes.

Pour le moment, Johnson ignore si son nouveau chapitre avec les Alouettes constituera le dernier de sa carrière. Ça ne l’empêche pas d’être fier de la longévité qu’il a démontrée.

« Quand tu es assez privilégié pour jouer au football professionnel pendant une décennie, c’est déjà une très belle carrière. La grande majorité des gars ne peuvent pas vivre ça et je le réalise », a estimé celui qui se verrait, très humblement, comme un bon entraîneur des demis défensifs dans le futur.

Pour les amateurs de réseaux sociaux, Johnson utilise abondamment Twitter. Tout comme sur le terrain, Johnson a retenu des leçons en frayant dans cet univers.

« Quand j’étais jeune, j’ai eu l’habitude de répliquer à des commentaires négatifs et je me suis mis dans le pétrin. Ça ne m’affecte plus et je l’utilise maintenant pour communiquer avec les partisans. Il faut être accessible et sociable, c’est important. Je m’amuse de cette façon », a conclu Johnson qui s’est démarqué lundi.