MONTRÉAL – En quatre départs aux commandes de l’attaque des Alouettes, Johnny Manziel n’a pas encore permis à son équipe de savourer la victoire. Le progrès se fait sentir, mais l’improvisation demeure trop présente.
 
Lorsqu’on sait que les Alouettes ont concédé un immense total de 54 sacs en 14 rencontres, on ne peut certainement pas blâmer Manziel de replonger dans ses instincts naturels de vouloir s’évader dès que possible.
 
Le nombre peut sembler élevé à première vue, mais il faut surtout le comparer au rendement des autres formations pour saisir son ampleur. Les huit autres équipes de la LCF ont alloué moins de 35 sacs et ce sont les Roughriders (16) et les Stampeders (19) qui dominent outrageusement à ce chapitre.


André Bolduc, l’entraîneur des porteurs de ballon, déplore immédiatement cet aspect quand on le questionne sur le rendement offensif.
 
« C’est décevant en tabarouette, c’est l’une des déceptions. Il faut mieux protéger Johnny pour lui donner plus de temps pour qu’il puisse faire un peu de sa magie. C’est évident qu’il doit acquérir de l’expérience, il ne connaît pas encore le cahier de jeux à la perfection comme il le devrait. Tout est différent pour lui donc la moindre chose qu’on peut lui donner, c’est du temps », a observé Bolduc.
 
Cela dit, même si la ligne offensive des Alouettes en arrache, le constat demeure que Manziel écarte trop vite l’option de demeurer dans sa pochette protectrice.
 
« Je crois qu’il va toujours improviser parce qu’il a les habiletés pour éviter des adversaires. C’est une qualité qui fait de lui un quart-arrière spécial. Mais il faut encore réduire cette proportion et il faut mieux le protéger pour ne pas qu’il ait à autant improviser. On aimerait qu’il puisse rester un peu plus dans le système que de devoir jouer comme on le fait au parc avec des amis », a exprimé l’entraîneur Mike Sherman.
 
« Ça commence avec ma  vision du jeu, je dois continuer de regarder plus loin devant moi, au-delà du front défensif. Quand je le fais, on dirait que ça se déroule pas mal bien. Mais, quelques fois, j’en viens à baisser mon regard pour voir où je peux me déplacer et je finis par décoller sans que ce soit nécessaire », a exposé Manziel qui s’attribue la responsabilité de quelques sacs pour cette raison.
 
La vraie audition que Manziel souhaitait dans la LCF se poursuit donc. Les Alouettes semblent disposés à lui confier le temps nécessaire d’ici la fin de la saison 2018 pour qu’il puisse démontrer de quel bois il se chauffe.
 
Les quatre dernières rencontres pourraient être révélatrices à ce sujet. Il faudra que l’attaque montréalaise élève son jeu d’un cran pour que la confiance règne à son sujet avec une vision à long terme.
 
Luc Brodeur-Jourdain, un fin observateur, a expliqué ce qu’il souhaiterait voir de cette unité offensive en reconstruction.
 
« On sait que notre quart-arrière peut se débrouiller sous pression, mais que peut-il faire quand il a du temps dans la pochette ? Est-il capable de bien lire le terrain ? Si on veut y parvenir, ça nous prend une ligne offensive qui joue bien et qui est axée sur ses assignations, mais ça fait défaut présentement. Dans un football sous pression, les quarts se tournent vers leurs instincts au lieu de vivre dans un système et c’est normal. Ce que j’aimerais voir pour la fin de la saison, ce sont des victoires et une équipe qui joue plus dans un système et pour déterminer comment les joueurs se débrouillent dans celui-ci », a exposé le vétéran.
 
Pour le moment, Manziel n’a donc pas effacé tous les points d’interrogation à son sujet, mais il sent que ça évolue dans la bonne direction.  

« Il y a définitivement encore de la rouille qui disparaît de semaine en semaine. Dans les dernières semaines, j’ai mis beaucoup d’accent sur mon jeu de pieds et ma façon de regarder le terrain. Je dois m’assurer de bien respecter les principes les plus importants au niveau technique parce que je sens que j’ai manqué quelques occasions quand je ne le fais pas », a indiqué Manziel qui manque de constance dans la qualité de ses passes.
 
La bonne nouvelle, comme le soulignait Sherman, c’est que les Alouettes ont failli vaincre les Riders qui se situent au deuxième rang de la LCF avec une fiche de 9-5. Manziel semble tout de même impatient de contribuer à une première victoire.
 
« C’est le seul objectif présentement. On a quitté ce match en ayant l’impression d’avoir accompli de belles choses, mais on finit par perdre. C’est la seule chose qui compte, dénicher des victoires », a assuré celui qui a fini par céder à la tentation de procéder à sa célébration reconnue de signes d’argent après sa première passe de touché dans la LCF.
 
« Les gars m’en parlaient pas mal dans les dernières semaines, les receveurs passent plus de temps à penser aux célébrations qu’à n’importe quoi d’autre. Ils voulaient que je le fasse, ils avaient du plaisir et c’est important », a-t-il indiqué en les taquinant.
 
Lors du dernier match, les Alouettes ont dû composer avec la perte du bloqueur à gauche Tony Washington (pied) et du receveur B.J Cunningham (genou). Sherman espère revoir ces deux joueurs sur le terrain cette semaine, mais rien n’est certain pour l’instant. Quant à Martin Bédard, qui est amoché depuis quelques semaines, il devrait renouer avec l’entraînement sous peu.
 
En terminant, Sherman a exprimé sa surprise de voir autant de journalistes à l’entraînement de son équipe.
 
« Je suis surpris que vous soyez tous là avec le premier match des Canadiens en soirée. Ils peuvent miser sur tout un entraîneur qui vient de Boston, ça leur donne une bonne chance de gagner », a rigolé l’homme originaire du Massachusetts.