Avant d’analyser le déroulement de la rencontre qui a mené au revers de 19 à 14 des Alouettes contre les Roughriders de la Saskatchewan, je veux aborder d’entrée de jeu la situation au poste de quart chez la formation montréalaise.

 

On a entendu l’entraîneur-chef Khari Jones expliqué après la rencontre avoir décidé d’effectuer un changement à cette position en deuxième demie en remplaçant Matthew Shiltz par Trevor Harris afin de produire une étincelle. L’attaque était amorphe jusqu’à ce moment dans la rencontre, donc je suis d’accord avec son choix et même qu’il aurait peut-être dû effectuer cette modification plus tôt.

J’en conviens, c’est facile après coup de dire ça, mais lorsque l’entraîneur-chef a donné ses explications, je me suis souvenu en début de match avoir aperçu Shiltz sur le banc avec son manteau, et j’ai trouvé dès cet instant que quelque chose semblait clocher. J’avais alors passé le mot à notre équipe technique pour la diffusion de l’affrontement de garder une caméra sur Shiltz, mais également sur Harris, car j’avais le sentiment qu’il se pouvait très bien qu’on le voit en action.

 

Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais de ce que j’apercevais dans son langage corporel, je trouvais que Shiltz n’avait pas l’air là. C’est véritablement l’expression qui me vient en tête lorsque je regardais le quart des Alouettes sur le banc avant le botté d’envoi.

 

Je suis heureux de l’opportunité qu’a saisie Shiltz depuis la blessure à Vernon Adams. C’est un bon vétéran, qui a attendu que l’occasion se présente et s’il est renvoyé dans la mêlée, je lui souhaite que ça fonctionne, car il a prouvé par le passé qu’il peut bien faire. Sauf que samedi, je ne regarde pas que son interception, ses sept passes complétées seulement en 13 tentatives, et certaines décisions difficiles, ce qui m’a le plus inquiété, c’est son langage corporel.

 

Il ne paraissait pas dégager de confiance, ce qui est primordial pour un quart-arrière. Prenez le qualificatif que vous voulez comme c’est un leader, le capitaine du navire, peu importe, tout le monde se tourne vers le quart dans le caucus et s’inspire du quart. À cette position, tu n’as donc pas le droit d’avoir un mauvais langage corporel, car tu amènes l’espoir sur le terrain.

 

Nous n’avons pas toutes les données, mais on sait qu’il souffre d’une blessure comme il a été tenu à l’écart à l’entraînement à un certain moment cette semaine. Par contre, je ne vous cacherai pas qu’à cette période de l’année dans la LCF, sensiblement tous les joueurs ont une blessure et je me dis que celle de Shiltz ne doit pas être si sérieuse comme Khari Jones était prêt à commencer le match avec lui. On a vu des joueurs par le passé surmonter des blessures sérieuses. Je ne pense qu’à Vernon Adams avec sa blessure à la cheville et après quelques traitements, il a été capable de revenir sur le terrain et de mener son équipe à une victoire spectaculaire. 

 

De l’extérieur, peut-être que finalement la situation avec Shiltz n’a pas été bien évaluée chez les Alouettes et que sa blessure ou autre chose pouvait avoir eu un impact sur son état d’esprit, car en l'apercevant, quelque chose semblait clocher de ce côté. On pourrait croire que ce dernier match relance le débat pour le poste de quart, mais de mon côté, il n’y en a pas de questionnement.

 

Les Alouettes arrivent dans le dernier droit de la saison avec trois matchs à disputer, l’équipe lutte également pour le premier rang afin d’obtenir une semaine de congé, c’est certain que l’état-major dimanche matin discutait en priorité de la situation chez les quarts. À mon avis, il n’y a pas de débat à avoir et les Alouettes doivent s’en remettre à Trevor Harris.

 

L’équipe n’a pas le temps de gaspiller des matchs pour des évaluations et Harris a montré qu’il pouvait bien faire lorsqu’il est venu en relève avec 12 passes complétées sur 15 pour des gains de 123 verges et une passe de touché. Je trouve ça dommage d’une certaine façon pour Shiltz, mais pour la suite, je continuerais avec Harris. On verra quelle sera la décision des Alouettes.

 

Il y a d’autres éléments à corriger par les entraîneurs pour le reste de la saison comme on a pu analyser lors du match contre les Roughriders. L’attaque n’a pas fait preuve d’opportunisme encore une fois. La première demie, les Montréalais étaient en parfait contrôle, mais une bévue en fin de deuxième quart et les Riders entrent au vestiaire en avance.

 

Il y a eu des occasions bousillées d’ajouter des points au tableau. Lors d’une séquence dans le territoire de la Saskatchewan, un sac du quart a fait reculer l’équipe et une pénalité sur le jeu suivant pour procédure inadmissible a forcé les Alouettes à opter pour un botté de dégagement au lieu d’un placement avec David Côté.

 

À la fin de la demie, Shiltz a lancé une interception dans la zone payante. Ce jeu me rappelait l’interception de Vernon Adams contre Calgary et à ce moment le match avait basculé en la faveur des Stampeders. Le revirement de situation n’a pas été à sens unique, samedi, mais on a tout de même senti les Roughriders prendre le contrôle de la rencontre ou du moins, ils ont eu l’étincelle dont ils avaient besoin.

 

Après l’interception, l’attaque des Riders a enchaîné avec un touché. Donc le revirement des Alouettes a privé l’équipe de sept ou trois points, en plus d’en offrir sept à l’adversaire. Soudainement, c’était 7 à 3 à la demie pour les visiteurs. C’est dommage, car jusqu’à ce moment, pour être dans la thématique de l’Halloween, Cody Fajardo semblait voir des fantômes sur le terrain tellement il ne parvenait pas à trouver ses receveurs et il se faisait surprendre par la pression.

 

En deuxième demie, on a vu pour l’une des premières fois cette saison le barrage céder sur la ligne à l’attaque des Alouettes. Il faut dire que l’unité était maintenant composée des réservistes, des réservistes à la base.

 

Des blessures dans le match ont forcé des permutations et pour une première fois, on a aperçu un manque de cohésion sur cette unité. La ligne à l’attaque a alloué cinq sacs du quart et parfois, on voyait bien que des joueurs ont raté leur jeu pour bloquer et l’adversaire se rendait au quart.

 

Il faut aussi donner du crédit à la ligne défensive des Riders qui a fait du très bon boulot et a mélangé ses rivaux avec différentes stratégies. J’attribue certains sacs au fait que le quart des Alouettes tenait le ballon trop longtemps. Parfois, ce n’est pas juste la faute du quart, car si le receveur n’effectue pas le bon tracé, le quart-arrière doit tenir le ballon.

 

Peu importe la raison, il faut dire qu’hier c’était une rencontre difficile pour la ligne à l’attaque des Alouettes. Les ennuis se sont traduits aussi sur les jeux avec des courts gains, car des faufilades du quart ont été ratées, et c’était ardu d’aller chercher quelques verges avec William Stanback en certaines occasions.

 

Sur le plan défensif, on ne peut pas reprocher grand-chose à cette unité qui n’a alloué qu’un touché. Par contre, je me dis que si on demandait à un joueur défensif des Alouettes ce qu’il pensait du match, il dirait qu’il voudrait en faire plus et c’est la réponse à donner.

 

S’il y a un aspect dans lequel j’aurais aimé voir la défense être un peu plus efficace, c’est dans ses opportunités de conclure un jeu avec un sac du quart. On voyait que les stratégies du coordonnateur défensif étaient bonnes, mais des joueurs ont raté des plaqués.

 

J’ai en tête notamment Najee Murray et quelques jeux par la suite une pression de Nick Usher alors que les deux joueurs arrivaient dans le dos de Fajardo pour le plaquer.

 

Au lieu toutefois de bien se placer pour réussir le plaqué, ils ont été battus par la même feinte du quart qui réalisait un pivot pour s’échapper. Le problème, c’est que les joueurs des Alouettes ont visé le pied avant du quart pour le mettre au sol au lieu du pied arrière. S’ils avaient fait ce simple ajustement, le quart serait tombé dans leurs bras avec le pivot.

 

Ce sont des détails, mais le football est un sport justement ou chaque détail compte. Qui sait, peut-être qu’un plaqué dans le dos aurait mené à un revirement ce qui aurait été un énorme coup de main pour les Alouettes. Je comprends l’unité défensive qui sera sans doute déçue d’avoir accordé ce touché en fin de demie aux Roughriders, mais dans l’ensemble, je ne pense pas qu’on peut les pointer du doigt pour le résultat final.

 

Il reste donc trois matchs à jouer aux Alouettes et ce ne sera pas une mince affaire. Je souhaite du renfort sur la ligne à l’attaque avec le retour de certains blessés, car si la ligne défensive des Riders a connu du succès, celle des Blue Bombers de Winnipeg est peut-être la plus dominante cette saison. Ce sera une confrontation à surveiller puisque les Bombers seront les adversaires des Alouettes lors des deux prochains matchs.

 

Propos recueillis par Maxime Tousignant