MONTRÉAL – Henoc Muamba est bâti dans le roc, autant physiquement que mentalement. Parti de loin, il est devenu un exemple grâce à sa persévérance. Mais la COVID-19 l’a ébranlé pour de multiples raisons et c’est à son tour de se laisser inspirer par la force des femmes qui l’entourent. 

Puisqu’il habite seul à Montréal, six mois par année, en raison du football, Muamba avait acquiescé à l’idée d’accueillir sa belle-mère dans sa maison de Toronto. Celle-ci pouvait ainsi être d’une précieuse aide à sa femme et sa fille durant son absence. 

L’initiative fonctionnait si bien que la belle-sœur de Muamba a également emménagé dans cette maison. Âgée de 27 ans, Joyce doit surmonter une panoplie de défis au quotidien. Née avec une rétinopathie des prématurés, sa vision est amoindrie. De plus, elle doit composer avec un retard cognitif, des difficultés d’apprentissage, des enjeux avec la motricité fine et une psychose précoce. 

Ça ne faisait que du sens de l’intégrer dans la maison jusqu’au moment où la pandémie a tout fait basculer. 

« Ma belle-mère se plaignait de douleurs et ma femme lui donnait des massages, on ne pensait pas que c’était tant sérieux. C’était vraiment plus au début de la COVID-19. Ensuite, on a vu que ça empirait et j’ai dit à ma femme qu’elle devrait aller à l’hôpital », a raconté Muamba, la semaine dernière, au RDS.ca. 

Déjà bouleversés par le diagnostic de la COVID-19 qui a été rendu, Muamba et sa femme ont appris, pratiquement au même moment, qu’ils deviendraient parents d’un deuxième enfant au début 2021. L’excitation de cette nouvelle était difficile à vivre d’autant plus que ça venait avec des inquiétudes par rapport à la grossesse et ce virus peu connu. 

La situation ne s’est pas améliorée pour sa belle-mère. Prise avec des difficultés respiratoires sévères, elle a été placée sur un respirateur. Malheureusement, ce ne fut pas suffisant. Elizabeth Tweneboah a rendu son dernier souffle, au début juin, à 66 ans, après deux semaines à l’hôpital. 

Du même coup, Muamba et sa femme devaient désormais apprendre à devenir les aidants de Joyce à temps plein. 

« On a dû augmenter notre focus là-dessus et c’est devenu une plus grande priorité pour nous. On essaie de faire de notre mieux. On a fait beaucoup d’appels. Il y a un hôpital qui est l’une des meilleures places pour la santé mentale dans la région de Toronto. On appelle là-bas pour trouver des ressources. On essaie aussi, en même temps, de juste passer beaucoup de temps avec elle, de la comprendre », a décrit Muamba qui n'a pas contracté le coronavirus contrairement à sa femme et sa belle-soeur. 

Quand une telle tempête frappe un clan familial, ça laisse inévitablement des traces.

« Absolument, ça change la perspective. Tu apprends beaucoup plus par rapport à la valeur du temps passé avec les gens que tu aimes. Je crois que la mort, c’est toujours quelque chose qui ramène ces valeurs », a convenu le secondeur des Alouettes de Montréal dont le contrat est toutefois expiré. 

Muamba et ses proches ont toutefois choisi de s’accrocher au positif, comme les souvenirs inoubliables des dernières années. 
 
« Ma belle-mère a habité avec nous pendant plus de deux ans. Au départ, je n’étais pas certain, mais j’ai accepté après y avoir réfléchi. Quand je ne suis pas là, j’aime bien que ma femme puisse avoir de l’aide et il n’y a jamais eu de l’aide plus pure que celle de sa propre mère. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais refusé. J’aurais eu de la misère à vivre avec une telle décision, aujourd’hui, en sachant ce qui allait arriver », a-t-il prononcé.

Ainsi, Muamba et sa femme ont choisi d’honorer la vie de la défunte. Ils ont adopté la même approche auprès de Joyce et ils ont trouvé une superbe manière de le faire. 

« Un de ses buts, c’est d’écrire un livre parce que sa vie, c’est vraiment un miracle. Elle a dû surmonter tellement d’obstacles pour arriver à ce point. Pour nous, ma femme et moi, elle est vraiment une source d’inspiration. Elle travaille toujours sur son livre et on l’encourage constamment », a décrit Muamba à propos de celle qui a entamé des études universitaires. 

Le volet le plus touchant repose sur le lien qui s’est développé entre leur fille et Joyce. On voit enfin un sourire illuminer le visage de Muamba quand on le questionne à ce sujet. 

« Elle adore sa tante ! Tantôt, elle était un peu agitée et je lui ai dit que sa tante la cherchait et elle est partie jouer avec elle. C’est une relation précieuse, ça donne beaucoup de joie à ma belle-sœur. D’ailleurs, elle étudie pour travailler avec les enfants. Ça la motive chaque jour », a expliqué Muamba avec bonheur. 

Muamba et sa femme utilisent cette motivation pour aider Joyce à développer son autonomie. Pour l’instant, elle ne serait pas en mesure d’habiter seule, mais elle souhaite relever ce défi. 

« Elle n’est pas complètement prête, mais on l’aide pour qu’elle soit capable de le faire, qu’elle soit indépendante. Elle a toujours voulu y arriver, mais elle n’a pas toujours franchi les étapes pour y arriver. À titre d’exemple, on commande les boîtes de nourriture et elle doit suivre les étapes pour se préparer ses propres repas », a-t-il noté. 
 
« Ma femme est très patiente avec elle, tout ça en étant enceinte de 39 semaines, c’est une inspiration pour moi. Ce n’est pas facile du tout, mais on essaie tous d’aider ma belle-sœur. Ce n’est pas toujours parfait, mais on se dit toujours que ses progrès depuis sept mois, en termes d’indépendance, sont absolument immenses. Elle avance dans la bonne direction pour son indépendance qu’elle souhaite », a souligné Muamba en ajoutant que lui et sa femme reçoivent du support de leur entourage. 

Le décès de son agent et des études en médecine pour sa femme !

Aussi invraisemblable que ça puisse paraître, Muamba a dû composer avec d’autres événements inattendus. Dans les derniers jours, il a eu le malheur de perdre son agent, Johnathon Hardaway, qui a perdu la vie à la suite d’une crise cardiaque. Son décès est survenu alors qu’il avait entamé les négociations pour une nouvelle entente avec les Alouettes

Si la vie n’a pas épargné Muamba depuis le début 2020, elle lui a aussi envoyé du positif. Sa petite Adah viendra agrandir la famille d’un jour à l’autre. L’athlète de 31 ans convient que 2020 aura été un tour vertigineux en montagnes russes.  

« Ouf... 2020, c’est une année qui nous a marqués, ma famille et moi. Au final, on se dit que ça nous rend encore plus forts », a-t-il été en mesure de déduire. 

Sa femme le prouve avec son nouveau projet. 

« En même temps qu’on traverse tout ça, ma femme a toujours eu le rêve de rentrer en médecine à l’école. Elle l’a finalement fait après le décès de sa mère. Elle avait eu cette conversation avec sa mère avant son décès et sa mère l’avait encouragé dans ce sens. Je ne peux pas te dire à quel point ça me rend content. La voir traverser toutes ces épreuves et la façon dont elle l’a fait, toujours avec joie et paix, elle est une vraie guerrière. Bien sûr, on n’a pas seulement vécu des moments joyeux, mais je l’admire », a conclu Muamba qui réfléchira à la meilleure option pour sa famille en vue de la saison de football.