MONTRÉAL – Le pari de Josh Freeman est audacieux au point que des sceptiques existent même au sein des Alouettes de Montréal.

 

Ce constat ne s’avère pas si étonnant puisque sa véritable dernière saison au football professionnel remonte à 2013. Malgré son bagage de 60 départs dans la NFL, il amorce son aventure montréalaise avec une deuxième prise contre lui : il n’est pas reconnu comme le passeur le plus précis (57,6 % de passes complétées dans la NFL).

 

D’un autre côté, à six pieds six pouces et 240 livres, Freeman possède le physique d’un cogneur de puissance si bien qu’il pourrait aussi réussir un coup de circuit. D’ailleurs, l’arrivée de l’entraîneur Mike Sherman représente un atout de taille pour l’aider.
 

Freeman s’est vu confier, au début janvier, un contrat de deux saisons avec les Alouettes qui cherchent désespérément à dénicher un quart-arrière de premier plan. L’Américain de 30 ans avait obtenu une première audition avec les Oiseaux l’été dernier sans que ça n’aboutisse à une entente.

 

Ses droits ont ensuite appartenu au Rouge et Noir d’Ottawa qui n’ont pas retenu ses services si bien que les Alouettes ont tenté leur chance à nouveau avec lui.

 

Au cours des derniers jours, Freeman s’est présenté à Montréal pour s’entretenir avec le directeur général Kavis Reed et procéder à quelques tests physiques. Toutefois, le vrai travail débutera lors du mini-camp des Alouettes qui se déroule en avril. Il assure que le désir de multiplier les efforts sur le terrain et dans sa préparation brûle encore en lui, même si son dernier match dans la NFL remonte à janvier 2016, son seul dans l’uniforme des Colts d’Indianapolis.

 

« Bien sûr, je ne me serais pas embarqué dans cette aventure sinon. C’est difficile à expliquer, mais j’adore tout ce qui entoure le football », a maintenu Freeman quelques minutes avant de quitter la métropole québécoise.

 

Après avoir présenté un profil très intéressant avec les Buccaneers de Tampa Bay à ses quatre premières saisons dans la NFL, Freeman a vécu une chute. Libéré par les Bucs durant le calendrier 2013, le choix de première ronde en 2009 a tenté sa chance avec les Vikings, les Giants, les Dolphins et les Colts. Tout ce chemin n’a mené qu’à deux départs en plus d’un passage avec  les obscurs Bolts de Brooklyn de la Fall Experimental Football League.

 

À défaut de pouvoir convaincre une équipe de miser sur lui durant cette période, il s’est tourné vers d’autres avenues.

 

« J’ai gagné en expérience, je suis demeuré en bonne forme physique, j’ai voyagé et j’ai passé beaucoup de temps avec ma famille. Évidemment, j’aurais voulu continuer de jouer, mais j’ai pu me reposer et je sens que je suis dans un bon contexte pour reprendre le collier », a expliqué celui qui s'intéresse à la langue française. 

 

Dans un sens, cette route inhabituelle n’est pas si négative. Ce constat s’impose puisque Freeman n’a pas toujours été reconnu pour sa maturité et il prétend avoir progressé à ce sujet. 

 

« Je me sens définitivement plus mature. Avec le temps, je suis content d’avoir gagné en maturité. J’ai vécu plusieurs expériences et j’ai joué beaucoup de football compétitif. Je crois que tout ça va m’aider énormément », a commenté Freeman qui avait aussi été évalué par les Stampeders de Calgary au printemps 2017.

 

Pas la compétition la plus effrayante

 

En plus de devoir assimiler les différences du football canadien, Freeman s’aventure dans une équipe qui peine à sortir la tête de l’eau depuis quelques années. Ce contexte pourrait en effrayer certains, mais la situation devient aussi attrayante puisque Freeman n’aura pas à rivaliser contre de gros canons établis.

 

Pour l’instant, il devrait lutter pour le poste de partant avec Matthew Shiltz, Antonio Pipkin, Nick Shafnisky, Garrett Fugate et Drew Willy qui est plus perçu comme un réserviste. Parmi les quatre premiers noms, Shiltz est le seul à avoir un départ dans la LCF à sa fiche et ses habiletés sont prometteuses. 

 

En attendant que la compétition soit lancée, Freeman a entamé son étude du football canadien.

 

« Ça passera à un autre niveau quand on obtiendra le cahier de jeux, mais je m’attarde à pouvoir identifier les difficultés potentielles dans les différences du jeu comme les receveurs en mouvement et le joueur de plus sur le terrain. J’ai parlé avec Khari (Jones, le nouveau coordonnateur offensif) pour savoir ce qu’il attend de moi et ce que je dois ajuster. Ce sera un défi, mais je suis emballé par cette idée. J’adore jouer au football donc ça devrait être plaisant », a assuré l’athlète originaire de Kansas City.

 

Habituellement, les quarts-arrières qui connaissent dans la LCF doivent soit posséder une grande précision ou démontrer une excellente mobilité. Freeman prétend que ses aptitudes de passeur seront suffisantes au nord de la frontière.

 

« Mes habiletés sont plus celles d’un passeur. Je peux me débrouiller pour me déplacer, mais je mise avant tout sur la passe surtout à ce stade de ma carrière. C’est correct ainsi puisque je lance assez bien le ballon », a-t-il confié.

 

La saison dernière, Jacques Chapdelaine n’a guère pu se faire justice avec un Darian Durant qui piquait du nez. Cette fois, l’entrée en scène d’un entraîneur réputé comme Mike Sherman laisse entrevoir de belles choses, mais n’importe quel stratège offensif a besoin d’un quart-arrière efficace pour obtenir du succès.  

 

Freeman espère devenir cet homme de confiance et il est ravi de pouvoir redonner vie à sa carrière auprès d’un meneur de la trempe de Sherman.

 

« Je suis vraiment content. J’ai parlé à certains de ses anciens joueurs et ils ont tous adoré son leadership et ses qualités d’entraîneur. Pour connaître du succès dans le sport professionnel, en fait peu importe le domaine compétitif dans laquelle tu évolues, il faut se démarquer dans les détails et la discipline. On me l’a décrit ainsi et il faut aussi pouvoir motiver les joueurs ce qu’il est capable de faire », a conclu Freeman avec sa réponse la plus enflammée.