RDS et RDS Direct présentent la demi-finale de l'Est entre les Alouettes et les Eskimos dimanche dès midi.
AVANT-MATCH

 

MONTRÉAL – On peut penser au match complètement fou à Calgary, à la remontée extraordinaire à domicile contre Winnipeg ou bien à la résistance exposée en toute fin de rencontre contre Toronto lors du duel à Moncton. Cette saison, plus souvent qu’autrement, les Alouettes de Montréal ont trouvé une manière de remporter les matchs corsés, ceux qui se décident uniquement par quelques jeux ou même un seul jeu.

 

Avant le déclenchement de la saison 2019, les données récoltées depuis quelques années auraient plutôt laissé présager la conclusion opposée. Cette force de caractère a de quoi surprendre, mais une hypothèse émerge pour expliquer la nouvelle tendance.

 

Au cours des deux dernières années, les dirigeants ont procédé à un afflux d’athlètes qui ont remporté des championnats au préalable dans leur parcours universitaire et/ou professionnel.

 

Parmi ceux qui ont soulevé la coupe Grey, on peut penser aux Tommie Campbell, Ciante Evans, Patrick Levels, Spencer Wilson, Tony Washington, DeVier Posey, Spencer Moore et Jeremiah Johnson.

 

Du côté universitaire, que ce soit en sol américain ou canadien, la liste se poursuit avec Greg Reid, Ryan Carter, Christophe Normand, Félix Faubert-Lussier, Landon Rice, Sean Jamieson, Taylor Loffler, Hugo Richard, Jean-Gabriel Poulin et Étienne Moisan.

 

Ce groupe s’ajoute aux anciens champions qui étaient déjà présents au sein des Alouettes comme John Bowman, Martin Bédard, Kristian Matte, Boris Bede et Jean-Samuel Blanc.  

 

Ce bagage victorieux s’observe également du côté des entraîneurs alors que Bob Slowik et Todd Howard ont déjà savouré une conquête du Super Bowl. Pour Khari Jones, Robert Gordon, Morris Lolar et Luc Brodeur-Jourdain, on parle plutôt de la coupe Grey. Le portrait se termine avec Joe Mack, aux opérations football, qui a remporté ces deux championnats.  

 

Pour André Bolduc, l’entraîneur des demis à l’attaque, ce n’est clairement pas un hasard que ce critère rapporte quand l’enjeu grimpe d’un cran.

 

« J’avais dit à Kavis (Reed, l’ancien directeur général) il y a deux ans que ça nous prenait des gagnants si on voulait changer la culture. Ce sont des joueurs qui savent comment gagner. Ils sont habitués d’être sur le terrain quand il fait froid et que le niveau de jeu augmente. Quand on fait le tour de l’équipe, ça n’a pas de sens de voir tous les gars qui ont gagné la coupe Vanier et la coupe Grey. Ils n’ont pas besoin de montrer à tout le monde comment gagner. Ils savent le faire et ça paraît », a exposé Bolduc.

 

Levels constitue un exemple pertinent des bénéfices découlant d’une expérience gagnante. Le secondeur de 25 ans a grandi avec les Stampeders de Calgary en 2017 et 2018, mais il n’était pas l’un des piliers défensifs de cette formation. 

 

En arrivant à Montréal, il a été en mesure d’élever son jeu d’un cran – de plusieurs crans en fait – pour devenir un incontournable de l’unité défensive et il aurait même pu être choisi comme le joueur défensif par excellence du club, un titre qui a finalement été attribué à Henoc Muamba.

 

Vendredi dernier, pendant le dernier match sans signification à Ottawa, Levels ne s’est pas gêné pour exprimer son leadership sur les lignes de côté. On doute qu’il aurait eu cette assurance sans son passé avec les Stamps.

 

Levels est d’ailleurs d’avis que la présence de gagnants s’est ressentie sur le terrain quand ça chauffait.

 

« Oui, on peut voir que les gars comprennent ce que ça prend pour se rendre jusqu’au bout. Ça finit par montrer le chemin aux autres. Quand tu comptes sur des joueurs qui ont gagné, ça aide tout le monde », a-t-il mentionné.

 

Ciante Evans était un joueur plus établi pour la conquête de la coupe Grey par Calgary en 2018. Cependant, il ajoute un bémol au son de cloche de Levels.

 

« Je ne suis pas certain, je ne crois pas que ce soit assurément un facteur qui explique notre réussite. Je pense avant tout qu’on mise sur plusieurs joueurs affamés. Bien des gars de notre équipe n’ont jamais savouré les éliminatoires donc ils ne savent pas à quoi s’attendre. Ensuite, tu as des gars comme moi, Patrick et Tommie qui peuvent aider pour l’approche à adopter en vue de la finale de l’Est si on peut vaincre Edmonton. C’est là que le leadership aide, quand tu progresses dans ce parcours », a d’abord indiqué le demi défensif.

 

À bien y penser, il finit par se rallier à l’avis de son coéquipier via cette réponse.

 

« J’ai vécu les grands matchs (trois présences à la coupe Grey), il n’y a rien que je n’ai pas vu. Je sais comment aider les jeunes à réagir dans certains moments. Des choses vont survenir et ça reste du football, mais tout est amplifié pendant les éliminatoires. L’enjeu est tellement plus grand, les erreurs sont amplifiées. Il ne faut pas essayer de trop en faire », a cerné celui qui s’est illustré à l’Université du Nebraska.

 

Du côté des Québécois, Faubert-Lussier est l’un des nombreux joueurs des Alouettes à avoir soulevé la coupe Vanier dans l’uniforme du Rouge et Or de l’Université Laval. Dans son cas, il a vécu cette euphorie trois fois. Sans l’ombre d’un doute, il croit que cet élément n’est pas anodin.

 

« C’est clair que si tu veux une organisation gagnante, tu dois miser sur des gens qui savent comment faire. J’ai été privilégié d’aller à Laval où des vétérans m’ont montré comment faire à mon arrivée et j’ai redonné aux suivants dans mes dernières années. Au niveau professionnel, les vétérans protègent un peu plus leur poste à eux, mais quand tu arrives dans une ambiance dans laquelle tu n’as pu de job à protéger, dans le sens que tu es confiance, que l’équipe va bien et tu n’as pas peur de faire une erreur, c’est là que ça produit de belles affaires », a évoqué le receveur.

 

La beauté de la chose, comme l’a soulevé Bolduc, c’est que « quand tu gagnes ensuite, tu comptes sur plus de champions dans ton groupe ».