MONTRÉAL – Avec son grand sourire, on le voit régulièrement sauter - et même danser - sur les lignes de côté. Dans le monde du football, Khari Jones se classe assurément parmi les entraîneurs les plus optimistes. Malgré tout, il peine à trouver du positif dans le contexte actuel. 

« Je suis une personne très positive. Mais c’est difficile de trouver un élément positif dans tout ça. Au niveau personnel, bien sûr, j’ai pu passer plus de temps avec ma famille et avoir un été avec eux. Mais le football me manque beaucoup », a admis d’emblée, Khari Jones, alors qu’il participait à une visioconférence avec les entraîneurs Paul LaPolice (Rouge et Noir) et Ryan Dinwiddie (Argonauts). 

Jones trépignait d’impatience à l’idée de retourner sur le terrain en 2020. Il a plutôt assisté, de manière impuissante, à une pandémie qui est venue couper les ailes des Alouettes. Pour LaPolice et Dinwiddie, cette pause est moins difficile à avaler. Tandis que LaPolice apprivoise ses nouvelles responsabilités d’entraîneur-chef à Ottawa, Dinwiddie se familiarise avec ce poste pour une première fois. 

D’ailleurs, Dinwiddie n’a pas du tout caché qu’il en profite notamment pour étudier – et même récupérer – les stratégies des autres entraîneurs. C’est de bonne guerre comme on dit. 

« Khari a effectué un bon travail avec Vernon Adams fils, il n’avait jamais joué à un niveau si élevé. Ils ont joué de manière agressive, il a implanté cette culture », a exposé Dinwiddie en parlant de ce qu’il avait retenu de son influence. 

Rien pour aider au plaisir de la chose, la LCF a décrété, en juin dernier, une réduction du plafond salarial des opérations football. 

« On a parlé de différents scénarios et on est arrivé à un résultat. Ça n’a pas encore été annoncé, mais ça devrait l’être sous peu. Je connais l’identité du groupe et ça m’excite. Mais c’est toujours difficile quand on doit effectuer des changements », a répondu Jones sans vouloir en dire plus. 

À défaut d’être aussi enjoué qu’à son habitude, Jones demeure convaincu que la saison 2021 ne subira pas le même sort. La deuxième vague n’a rien trop emballant présentement, mais on suppose que la LCF ne pourrait juste pas se permettre de disparaître aussi longtemps du paysage. Quitte à engloutir des millions, elle doit foncer. 

« Je suis très confiant. La situation a été difficile pour 2020 et ce fut un peu long pour établir un plan, mais j’ai confiance envers les personnes qui s’occupent de ces dossiers. Je sais que tout le monde est sur la même longueur d’onde, on veut jouer. On voit les autres circuits en action et on récolte des informations sur ce qui fonctionne ou non. Tant mieux si un vaccin est disponible pour revenir à une situation plus normale », a réagi l’entraîneur des Oiseaux. 

Jones ne veut tout de même pas se tourmenter davantage en pensant que la saison 2020 aurait pu avoir lieu selon certaines contraintes. Il préfère investir ses efforts sur la suite car ça ne s’annonce pas reposant. 

Bon vendeur comme il est, il aura peut-être à sortir ses meilleurs arguments pour retenir quelques joueurs autonomes – à partir de février - qui pourraient signer des contrats dans une équipe située moins loin du domicile familial par exemple. Le discours pourrait également servir à des athlètes qui pencheraient vers un autre métier après une si longue interruption. 

« C’est comme ça, les gars auront des options. Mais j’ai bon espoir qu’on pourra avoir les joueurs que l’on souhaite pour que notre équipe ressemble à ce qu’on avait envisagé, mais on verra », a mentionné le pilote. 

Il fait allusion à une réponse lancée par son directeur général, Danny Maciocia, mardi. Celui-ci a convenu que les dirigeants devront identifier le noyau de joueurs à conserver.  

« On est dans le même bateau que les autres équipes. En parlant aux joueurs, on réalise qu’une grande majorité veut continuer de jouer. Bien sûr, quelques gars se rapprochent de la fin de leur carrière et ils pourraient choisir un autre métier. Je le comprends, je suis passé par là. J’en parle régulièrement avec Danny, on essaie de se concentrer sur les joueurs qu’on souhaite absolument retenir », a décrit Jones. 

À ce sujet, LaPolice a avancé qu’il s’attendait à ce que 90%, au minimum, de ses joueurs décident de poursuivre leur carrière. 

Le thème de la visioconférence ne portait pas sur ce sujet, mais on a compris que chaque entraîneur se sentait, encore plus ces temps-ci, très reconnaissant envers leur conjointe respective. 

« C’est plus avec facile avec l’école présentement, mais l’aspect le plus exigeant a été de balancer le travail avec la présence des enfants à la maison que l’on entend autour de nous. On remercie encore plus notre femme de s’occuper de tout pour qu’on puisse être au bureau de 6h à 20h habituellement », a avoué LaPolice. 

Il y a près d’un an, le 24 novembre 2019, LaPolice soulevait la coupe Grey avec les Blue Bombers de Winnipeg devant plus de 35 000 spectateurs. 

« C’est fou tout ce qui peut se passer en un an. C’est étrange de penser qu’on jouait devant des milliers de partisans l’an passé », a évoqué LaPolice qui a également déménagé depuis. 

Participer à l'initiative pour que le racisme disparaisse  

Alors que la disparation du racisme est souhaitée plus que jamais, la LCF s’est tournée vers Jones pour jouer un rôle significatif dans ce sens. En plus d’avoir contribué à une initiative des Alouettes avec Vernon Adams fils et Henoc Muamba, il participe à une discussion organisée par la LCF sur la diversité et l’inclusion.  

« Je suis honoré d’y participer et les Alouettes ont été fantastiques, via Danny et Mario (Cecchini, le président) pour donner le ton dans ce dossier », a précisé Jones. 

Cela dit, la discussion de la LCF regroupera uniquement des Noirs (des joueurs, des anciens joueurs et des entraîneurs). Il aurait sans doute été préférable que des Blancs se joignent à l’initiative pour envoyer un message encore plus fort. 

« J’ai eu cette discussion auparavant. Je crois que ça devrait inclure tout le monde. Je me dis surtout que le plus important demeure que le sujet soit dans les préoccupations pour que ça finisse par disparaître. Je ne souhaite pas parler de la couleur de ma peau trop souvent, je veux juste être un entraîneur comme les autres avec les mêmes possibilités », a conclu Jones en sachant que les participants viendront donner une perspective essentielle au sujet.