MONTRÉAL – Il ne faut pas s’attendre à d’immenses prises de la part des Alouettes de Montréal sur le marché des joueurs autonomes qui prendra officiellement son envol mardi à midi.

 

Le nouveau directeur général, Danny Maciocia, a expliqué que ça s’explique par les contraintes héritées de l’ancien régime par rapport au plafond salarial. On peut affirmer, sans se tromper, qu’il a diminué les attentes des partisans durant une mêlée de presse d’une quinzaine de minutes au Stade olympique.

 

« La plupart de notre activité, s’il y en a, ce sera du côté défensif. Mais je répète qu’on est limités un peu (financièrement) », a avoué Maciocia qui doit absorber environ 300 000$ en dead money si bien qu’il ne peut pas se lancer à la chasse de l’excellent Willie Jefferson.

 

« Je peux vous dire que, avec l’enveloppe à ma disposition, ce serait un manque de respect de l’appeler et de lui faire une offre », a déclaré le DG. 

 

Puisque la marge de manœuvre financière est minime, Maciocia prévoit utiliser un discours différent axé sur l’avenir.

 

« Je ne pensais pas dire ça. On gère des contrats, mais on doit aussi effectuer du recrutement en leur disant "Si tu nous donnes un an, tu seras satisfait avec ce qui arrivera dans les années suivantes". Que ce soit au plan contractuel ou avec ce que l’organisation peut te procurer », a présenté le dirigeant. 

 

Heureusement, Maciocia a déjà été en mesure de régler quelques dossiers intéressants à l’interne.

 

« On a annoncé de belles choses avec le quart-arrière (Vernon Adams fils), (le receveur Eugene) Lewis, la ligne à l’attaque (de nouveaux contrats pour Kristian Matte, Sean Jamieson et Landon Rice) et d’autres signatures (Félix Faubert-Lussier), mais c’est certain qu’on a encore du travail à effectuer dans les prochaines semaines et les prochains mois », a déclaré Maciocia.

 

Il n’en demeure pas moins que d’autres gros noms devraient quitter le nid sous peu. On sait que Tommie Campbell et DeVier Posey ont été libérés alors que Boseko Lokombo a été échangé, mais ça s’annonce difficile de retenir des éléments de qualité comme Patrick Levels, Chris Ackie et Ciante Evans.

 

Allons-y un cas à la fois en commençant par Levels qui pourrait se dénicher du boulot dans la NFL.

 

« Ce n’est pas une question de l’avoir oublié, c’est plutôt qu’il ne nous reste pas beaucoup d’argent. Je vous donne un exemple : j’ai 100 $ dans mes poches, on est une famille de cinq et on doit faire l’épicerie pour la semaine. Comment investira-t-on cet argent? Ce n’est pas qu’on l’a oublié, c’est de déterminer nos priorités et comment régler le tout », a exposé Maciocia sans vouloir ramener de mauvais souvenirs de la déclaration de Philippe Couillard.  

 

« Ça dépend du marché, si un gars comme Ackie demande le double de ce que l’on peut offrir... On est mal pris dans le contexte actuel qu’on doit vivre. On ne ferme pas de portes. Ce sera intéressant de voir quel genre de journée se déroulera demain. Ce serait malhonnête de donner une réponse fixe de ma part », a poursuivi Maciocia quand il a été relancé sur Ackie.

 

Quant à Evans, il a admis qu’il voudrait le retenir à Montréal, mais qu’il exige trop d’argent pour le budget du club après quelques dépenses généreuses de son prédécesseur Kavis Reed.

 

On peut également à ajouter le nom de Martin Bédard à cette liste. Dans son cas, c’est le salaire et l’âge qui ont incité les Alouettes à offrir une entente à Mike Benson, un autre spécialiste des longues remises, qui fêtera son 33e anniversaire en mai.

 

« On doit tout considérer dans l’équation. C’est quand même un joueur de 36 ans (en mars). Il a fait du gros boulot pour les Alouettes dans les 10-11 dernières années. Il s’est impliqué dans la communauté alors on doit tout considérer. La réalité, c’est que l’équipe a été critiquée dernièrement parce que la majorité des joueurs avaient plus de 30 ans. On doit s’attaquer à cela. Si d’autres options sont disponibles avec des plus jeunes ou à l’interne qui coûtent moins cher, on doit s’y attarder en sachant que cet argent ira ailleurs », a noté le DG.

 

Parlant du facteur de l’âge, John Bowman n’a toujours pas informé les Alouettes de ses intentions. L'ailier défensif est sous contrat pour 2020, mais la retraite n’est pas impossible.

 

Une incertitude de nature différente plane dans le cas de Taylor Loffler qui s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou gauche près de la mi-chemin en 2019.

 

« Je ne peux pas répondre quant à savoir s’il sera prêt pour le camp d’entraînement. Je sais que notre équipe médicale travaille très fort avec lui, mais il reste du travail à faire pour qu’il le soit », a précisé Maciocia qui ne sonnait pas très optimiste.

 

Une prospection cruciale aux États-Unis et un plan avec huit partants canadiens

 

Il n’est donc pas impossible que les Alouettes doivent remplacer Levels, Ackie, Evans, Campbell et Loffler (s’il est encore blessé) en défense ! Bowman pourrait partir et rien n’assure que des changements ne surviendront pas sur le reste de la ligne défensive complétée par Antonio Simmons, Woody Baron et Ryan Brown puisque cette unité doit absolument rehausser son rendement.

 

ContentId(3.1360998):Danny Maciocia : « L'organisation est à l'écoute » (Alouettes)
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« J’en ai parlé (à son personnel) en détails de nouveau dimanche. Je pense qu’ils sont tannés de m’entendre répéter à quel point c’est important », a convenu Maciocia.

 

Voilà pourquoi les démarches en sol américain seront primordiales pour les Oiseaux. Ce sera la façon de trouver du talent – peut-être même plus que présentement – moins dispendieux. Disons que Tom Gamble et Brendan Taman, les adjoints de Maciocia, ne chômeront pas.

 

« Il y a une partie qui peut se régler avec les joueurs autonomes et l’autre partie viendra par l’entremise de talent de l’autre côté de la frontière. On va les remplacer par des joueurs qui vont gagner 65 000 ou 70 000$ au lieu de 130, 140 ou 150 000$ », a répondu le DG québécois.

 

Les Alouettes devraient toutefois profiter d’un resserrement du marché pour les salaires octroyés à certaines positions. Il a pu s’en apercevoir pendant la nouvelle fenêtre accordée aux directeurs généraux avant le lancement de l’autonomie.

 

« Je pense qu’il y a un ajustement par rapport à certaines positions alors que dans le passé, tu avais besoin de payer plus de 200 000$. C’est ajusté un peu et probablement au poste de receveur et à d’autres endroits. Mais on va vraiment le découvrir à partir de mardi quand les offres seront fixes. On saura où on s’en va avec ce marché », a-t-il prononcé.

 

À ne pas en douter, le camp d’entraînement offrira une panoplie d’ouvertures à saisir pour de nombreux candidats. Alors que les Américains qui tenteront leur coup devront prouver qu’ils peuvent rapidement s’adapter au football, le secondeur D.J. Lalama semble en excellente posture pour remplacer Ackie au poste de secondeur du côté court.

 

« D.J., je l’adore. C’est toujours bizarre, on a tendance à ne pas donner d’occasions à des Canadiens parce qu’ils évoluent à des positions qui sont habituellement occupées par des Américains. Il y a de bons joueurs au pays et c’est souvent une question d’opportunité. Il aura l’occasion d’être partant en 2020 », a cerné Maciocia.

 

Il ne faudrait pas non plus se surprendre d’assister à l’arrivée d’anciens Carabins chez les Alouettes. Après le contrat consenti au botteur Félix Brière, les joueurs de ligne défensive David Ménard et Junior Luke – qui deviendront joueurs autonomes mardi - intéressent sans aucun doute le clan montréalais et ils ne devraient pas coûter une fortune.

 

Bref, Maciocia et son entourage ne manquent pas de pain sur la planche. Si on s’amuse à prédire l’identité des partants canadiens en 2020, on songe aux noms de Henoc Muamba, Lalama et Loffler en défense. Du côté de l’attaque, il y a Kristian Matte, Trey Rutherford et Sean Jamieson qui semblent bien en selle sur la ligne offensive.

 

Il reste donc un joueur à identifier pour atteindre le ratio de sept, mais Maciocia ne veut pas s’arrêter là en se fiant aux équipes qui ont du succès, selon lui, dans les dernières années.

 

« Le but ultime dans tout ça, ce n’est pas seulement d’avoir sept partants canadiens, mais bien huit parce que ça donne une certaine flexibilité avec les blessures qui surviennent durant l’année. Tu peux aussi jouer avec ta formation d’une semaine à l’autre », a souhaité le directeur général avec des paroles qui vont plaire à bien des acteurs du football canadien.