Coupe Grey : les Stampeders ont finalement répondu aux attentes
Coupe Grey
mardi, 2 déc. 2014. 22:50
dimanche, 5 mai 2024. 19:12
John Hufnagel avec la coupe Grey.
(Source d'image:PC)
Pierre Vercheval
Pour les Tiger-Cats de Hamilton, le match de la Coupe Grey aura été un microcosme de leur saison : un faux départ et une finale toute en puissance.
Il faut se rappeler que les Tiger-Cats étaient dans une situation similaire à celle des Alouettes en début de saison. Ils ont perdu cinq de leurs six premiers matchs avant de renverser la vapeur et de s’établir comme l’équipe à battre dans l’Est.
Ça a été la même chose dimanche. Après avoir accusé un retard de 17 points, ils ont orchestré une remontée pour s’approcher à quatre points des Stampeders de Calgary. Mais ce fut trop peu, trop tard.
Retour sur la Coupe Grey
Je veux revenir sur le travail de Dickenson. Lui, c’était clair qu’il voulait s’assurer de neutraliser la ligne défensive des Tiger-Cats, leur grande force de ce côté du ballon. Il a donc favorisé une ligne à l’attaque à six joueurs en mettant à contribution la recrue québécoise Pierre Lavertu, un réserviste. L’ancien du Rouge et Or a été placé au poste de garde à droite et celui qu’il remplaçait a été déplacé à la position de bloqueur à droite. Le vétéran Dan Federkeil s’est donc retrouvé dans un rôle d’ailier rapproché qui pouvait être utilisé d’un côté ou de l’autre de la ligne à l’attaque, dépendamment de la formation.
C’était de toute beauté! En mettant l’un de tes meilleurs bloqueurs dans cette situation, tu lui permettais de s’occuper à lui seul d’un ailier défensif, luxe que tu ne peux vraiment pas te permettre avec un ailier rapproché normal. On avait donc Fedrekeil en face-à-face avec Justin Hickman ou Eric Norwood, ce qui permettait aux joueurs à l’intérieur de doubler les deux plaqueurs défensifs. Un bloqueur et un garde sur Ted Laurent, le centre et l’autre garde sur Bryan Hall. À l’autre bout, il restait un bloqueur pour s’occuper de l’autre ailier défensif.
Avec cette tactique, Dickenson s’assurait de neutraliser les meilleurs éléments de pression adverse. Il s’est dit qu’il n’avait pas besoin d’avoir six gros receveurs de passes. Il en a pris quatre, mais il leur a donné davantage de temps pour faire des doubles feintes et attaquer les zones profondes. Et ça a fonctionné.
Ça a vraiment été, pour moi, la stratégie qui a fait toute la différence. J’ai trouvé que Dave Dickenson a visé juste dans sa sélection de jeux. Il était toujours un pas en avant de la défensive adverse.
Mais il faut donner aux Tiger-Cats ce qui leur revient. Cette équipe qui semblait se diriger tout droit vers l’abattoir en première demie a su apporter les ajustements nécessaires pour sauver la face. Mitchell a complété 14 de ses 17 passes pour des gains de 220 verges avant la mi-temps, mais les TI-Cats ont profité de la pause plus longue qu’à l’habitude pour appliquer les bons correctifs. Je n’étais pas dans le vestiaire, mais ça a dû ressembler à ça : le coordonnateur de la défensive s’est probablement retourné vers les membres de sa tertiaire et leur a dit « Les boys, ça va nous prendre une couverture serrée, parce qu’on s’en va blitzer! »
Cette agressivité a rapporté puisque les Stampeders n’ont marqué que trois points à partir de ce moment-là. Mitchell a tenté le même nombre de passes en deuxième demie, mais n’en a complété que 11 pour des gains de 114 verges. Des gros jeux, on n’en a plus vu. La stratégie était la bonne... on l’a seulement adoptée un peu trop tard.
Une pénalité méritée... qui fait réfléchir
On dit toujours qu’on peut mettre le doigt sur trois ou quatre jeux qui coulent une attaque dans un match de football. Dans le cas qui nous intéresse, ce n’est pas bien compliqué de trouver ce qui a tué les Tiger-Cats.
-Une tentative de placement de Justin Medlock bloquée.
-Un placement de 12 verges alors qu’on profitait de trois jeux pour entrer dans la zone des buts à partir de la ligne de 5.
-Un touché sur un retour de botté de dégagement annulé par une pénalité.
Trois occasions de rêve converties en 14 points qu’on a bêtement laissés sur le terrain. Dans un match aussi chaudement disputé, c’est beaucoup.
Mais quand on visionne le jeu, on doit admettre que c’était bel et bien un bloc illégal. Toute l’année, les arbitres ont été constants et ont lancé leur mouchoir dans ce genre de situation. C’est arrivé au point d’attaque, Reed était juste à côté de Banks, il a mis ses mains dans le dos du joueur des Stampeders et l’a poussé.
Je suis d’accord avec le fait que Reed n’avait probablement même pas besoin de toucher à Tim St-Pierre. Avec ou sans ce bloc, Banks aurait trouvé la zone des buts, c’est presque certain. Mais il l’a fait et c’était directement où les arbitres avaient les yeux rivés.
C’est dommage, parce que les Tiger-Cats ont été l’une des équipes les moins punies cette année sur les unités spéciales. Ils n’avaient écopé que de 16 pénalités sur les retours de botté en saison régulière. Ironique, n’est-ce pas?
Mais l’erreur de Reed est difficilement pardonnable. Je crois que je jouais à l’école secondaire quand j’ai appris que sur les unités spéciales, on ne bloque pas dans le dos! Si tu vois le numéro du gars, tu ne lui touches pas!n C’est dommage, mais il t’a battu, il est devant toi. Ne va pas réparer une erreur en en commettant une autre. Si tu mets tes mains dans le dos d’un gars au point d’attaque, tu invites un arbitre à lancer son mouchoir. Malheureusement pour les Tiger-Cats, c’est ce qui est arrivé.
Cette conclusion provoque un débat. Ne pourrait-on pas rassembler les officiels, les joueurs et les entraîneurs et travailler de concert pour mieux définir les limites de l’acceptable? Qu’est-ce qui est légal et qu’est-ce qui ne l’est pas?
Personne n’aime voir un match ponctualité de pénalités. Et il y en a eu beaucoup cette année, il y en a eu trop. Ça a cassé le rythme de nombreux matchs et je trouvais ça plate. On le fait déjà, mais je crois qu’il faut améliorer la façon dont on s’y prend pour donner aux joueurs les outils pour qu’ils sachent ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
Ça ne pansera pas les plaies fraîchement ouvertes à Hamilton, mais peut-être que la solution passe par une meilleure éducation.
Du grand Stubler
Un petit mot en terminant sur la défensive des Stampeders. Autant on avait parlé la grosse machine que représentait leur attaque, autant leur défensive a été solide, surtout au quatrième quart.
Le coordonnateur de l’unité, Rich Stubler, est un vrai gourou. Avec lui, ça plie, mais ça ne casse pas et c’est exactement ce qu’on a vu dimanche dernier. Collaros a bien joué, il a été excellent, mais quand il arrivait dans la zone payante, il n’était pas capable de finir le travail. Trois fois les Tiger-Cats ont dû se contenter d’un placement, dont deux à l’intérieur de la ligne de 20 adverse.
C’est du grand Rich Stubler, qui m’a toujours dit : « Les verges accordées, je m’en fous! La statistique qui compte, c’est celle des points accordés. »
Aujourd’hui, qui peut le contredire?
La défensive des Stampeders a joué son meilleur football quand ça comptait, au moment où on sentait que le tapis commençait à glisser sous les pieds de l’équipe. On sentait que Calgary avait hâte que ce match-là finisse, disons, mais la défensive a fait tous les gros jeux quand elle devait le faire.
Hommage à Chip Cox
Pour plusieurs raisons, je ne peux que me réjouir de l’octroi d’un nouveau contrat de trois ans à Chip Cox que les Alouettes ont annoncé mardi.
Premièrement, Cox est le meilleur joueur défensif des Alouettes. C’est carrément autour de sa rapidité et de sa constance qu’est bâti le système défensif de l’équipe. On lui en demande beaucoup, à Chip Cox, et il méritait pleinement un gros contrat. Il méritait d’être récompensé comme l’un des meilleurs joueurs défensifs de la LCF, si ce n’est pas le meilleur. Je félicite les Alouettes de l’avoir reconnu.
Je dis aussi bravo à Chip de vouloir rester ici pour y poursuivre sa carrière. C’est un beau message qu’un joueur clé envoie à tous les autres Alouettes qui sont joueurs autonomes. Malheureusement, on sait que Montréal ne possède pas les meilleures installations, notamment au niveau du vestiaire et du terrain d’entraînement. Ça peut sembler banal, mais c’est souvent assez pour en convaincre certains d’aller voir ailleurs. Ça fait parler c’est sûr, alors c’est intéressant pour l’organisation de voir que leur leader est content ici et qu’il ne veut pas aller ailleurs.
Je retiens un jeu qui, pour moi, illustre parfaitement ce que représente Chip Cox.
Souvenez-vous du match éliminatoire contre les Lions de la Colombie-Britannique, il y a deux semaines. C’est 43-3, il reste environ six minutes à faire au massacre, mais Cox se démène encore sur les unités spéciales. À un certain moment, les Lions réussissent un retour de botté de 74 verges, mais qui se tape un sprint de malade pour venir faire le plaqué et empêcher les Lions de marquer un touché? Chip Cox. Et quelques minutes plus tard, Jerald Brown récupère un ballon échappé et file vers l’autre extrémité du terrain pour marquer un touché défensif.
À lui seul, ce jeu me dit tout ce que j’ai besoin de savoir au sujet de Chip Cox, un grand leader qui donne le parfait exemple par ses actions sur le terrain.
Il faudra maintenant surveiller la suite, parce que la liste des joueurs autonomes est encore longue chez les Alouettes.