La première fin de semaine éliminatoire est désormais derrière nous dans la NFL, et le moins qu’on puisse dire, c’est que les quatre matchs au programme nous ont offert des rebondissements à profusion.

La performance des Chiefs de Kansas City face aux Texans de Houston dans le premier match a été franchement sans faille. On pouvait voir dès les premiers instants de l’affrontement qu’ils formaient l’équipe la mieux préparée des deux, et aussi la plus intense.

Dès le coup d'envoi, la troupe d’Andy Reid a porté un coup tellement dur à encaisser que les Texans ne s’en sont jamais remis. Je parle bien sûr du retour de botté de 106 verges de Knile Davis qui a permis aux Chiefs d’inscrire sept points au tableau avant même qu’on ait cligné des yeux.

Le mot d’ordre de l’équipe visiteuse n’avait rien de sorcier ; l’objectif visé était de réaliser de gros jeux tôt dans la rencontre de manière à refroidir les ardeurs de la foule et ainsi faciliter le travail dans toutes les phases du jeu. À mon avis, les Chiefs ont accompli encore mieux que cela samedi. Leur départ canon, combiné à l’incapacité de l’attaque des Texans à obtenir des premiers essais, a rendu le NRG Stadium silencieux, avant de le rendre bruyant… à l’encontre de l’équipe locale! À un certain point, les supporteurs de Houston huaient à s’époumoner le spectacle chaotique auquel ils assistaient.

Fidèles à leur habitude, les Chiefs ont présenté une attaque variée derrière la présence rassurante d’Alex Smith. Il s’agit d’une équipe réputée pour bien diversifier ses patrons de jeux, notamment ses types de blocage sur les jeux de course. Cette facette a été bien exploitée face à la troupe de Bill O’Brien, même si bien franchement, l’unité offensive aurait pu prendre un après-midi de congé tellement elle n’a pas été sollicitée, la défense et les unités spéciales ayant pris les choses en main très tôt.

Ceux qui entretenaient des doutes au sujet du quart-arrière Brian Hoyer ont eu des raisons supplémentaires de le dénigrer, celui-ci ayant connu une rencontre désastreuse à la barre de l’attaque texane. Les cinq revirements commis par le quart de 30 ans (quatre interceptions, une échappée perdue) ont placé l’unité défensive dans des situations plus délicates les unes que les autres.

Au moins deux des interceptions dont il a été victime avaient de quoi laisser songeur, pour demeurer poli. Celle réalisée à ses dépens à la porte des buts en toute fin de deuxième quart, alors que les Chiefs étaient en avance 13-0, a eu l’effet d’un coup de massue dans le camp des Texans, dont le moral déjà fragilisé est tombé encore plus bas. Et comme si les déboires de Hoyer n’étaient pas suffisants, la perte de J.J. Watt en raison d’une blessure a donné une raison de plus à ses coéquipiers d’arrêter de croire en leurs chances de réaliser une remontée.

Les Bengals se sont tiré dans le pied

En soirée samedi, on a assisté à un match rempli d’émotions entre des rivaux de vision, les Bengals de Cincinnati et les Steelers de Pittsburgh, qui nous ont offert une confrontation typique des formations de la division Nord de l’Américaine. Du football physique dès le premier sifflet, des revirements de situation improbables, mais aussi des débordements que je qualifierais de déplorables, surtout dans le camp des Bengals.

Quel dommage pour la formation de l’Ohio d’avoir gaspillé une chance d’enfin passer au deuxième tour éliminatoire, eux qui en sont à sept revers de suite en début de calendrier d'après-saison. Incapable de générer du rythme en première mi-temps, l’attaque des Bengals menée par A.J. McCarron a pris vie au quatrième quart, au point de se donner une priorité d’un point avec moins de deux minutes à écouler au quatrième quart. Une interception de Landry Jones plus tard (ce dernier étant venu en relève à Ben Roethlisberger, blessé à l’épaule droite), et les hommes de Marvin Lewis se retrouvaient dans une situation enviable à la ligne de 26 des Steelers.

Sauf que le jeune Jeremy Hill a offert aux Steelers la lueur d’espoir qu’ils cherchaient désespérément en perdant de façon nonchalante le ballon alors que les Bengals tentaient d’écouler des secondes au cadran et forcer le camp adverse à utiliser des temps d’arrêt. C’est une véritable crampe au cerveau qu’a connue Hill, qui tenait le ballon à une seule main sur ce fameux jeu. Le secondeur Ryan Shazier a réalisé un jeu très habile pour le lui soutirer, mais c’est néanmoins une erreur technique inadmissible.

Quel aurait été le résultat d’un placement réussi pour Cincinnati? Une priorité de 19-15, forçant les Steelers à remonter le terrain d’un bout à l’autre afin d’obtenir la victoire, sans compter que ceux-ci auraient été contraints d’utiliser des temps morts afin d’avoir la moindre chance de bénéficier d'une dernière possession offensive.

Et qui a remis le pied sur le terrain pour cette cruciale dernière séquence? Nul autre que Big Ben, de retour tel un guerrier malgré la douleur. C’est d’ailleurs incroyable de voir le courage qu’il déploie sur le terrain. Évidemment, je ne le connais pas personnellement, mais j’ai réellement l’impression que le seuil de tolérance de Roethlisberger à la douleur est anormalement élevé.

C’est à ce moment que les émotions ont commencé à prendre le dessus dans ce match. Coups vicieux, gestes antisportifs, comportements disgracieux, indiscipline ; tout y était. Le plaquage dangereux de Vontaze Burfict à l’endroit d’Antonio Brown (pour lequel il a été suspendu trois matchs), suivi quelques secondes plus tard d’une pénalité de 15 verges imposée à Adam « Pacman » Jones pour s’en être pris physiquement à un instructeur des Steelers au milieu d’une mêlée, ont carrément coulé les Bengals.

On parle ici de deux joueurs aux habiletés indéniables, mais dont la réputation d’individus à problème est bien documentée. Burfict et Jones sont deux gars qui jouent fréquemment à la limite de la légalité. Cette fois-ci, leurs actions disgracieuses ont mené leur équipe tout droit vers une élimination, puisque les Steelers ont gagné 30 verges en pénalités pour passer de la ligne de 47 à la ligne de 17 de Cincinnati. Quelques instants plus tard, Chris Boswell envoyait son club en demi-finale d’association avec un botté d’une trentaine de verges.

Bref, il n’y avait rien de glorieux au dénouement de ce match, mais il ne faut pas perdre de vue qu’à travers tout cela, on a assisté à du beau football. Je pense ici notamment au travail du duo de demi offensifs des Steelers, qui ont amassé 125 verges au sol à eux deux en remplacement de DeAngelo Williams. Dire qu’en saison régulière, ces deux-là avaient totalisé 22 portées!

L’attrapé majestueux de Martavis Bryant pour un touché a également été un moment fort du match. Une telle réception requiert des instincts et des qualités athlétiques que bien peu de receveurs possèdent.

Un duel défensif dans le froid

Avant la rencontre entre les Seahawks de Seattle et les Vikings du Minnesota, l’entraîneur Mike Zimmer avait qualifié de Russell Wilson de véritable « Houdini », le comparant même à un ancien grand quart des Vikes réputé pour sa mobilité et sa capacité à improviser, Fran Tarkenton. Ironiquement, c’est cette facette du jeu de Wilson qui est venu hanter les Vikings lors de la rencontre de dimanche, remportée 10-9 par les Seahawks.

Dans des conditions glaciales, on a eu droit à un match âprement disputé entre deux unités défensives très solides. En bout de ligne, Wilson a fait la différence avec ses jambes. On n’a qu’à penser au fameux jeu sur lequel il n’attendait pas la remise et a dû courir une quinzaine de verges derrière la ligne de mêlée pour reprendre le ballon. La grande majorité des quarts de la NFL auraient été satisfaits de s’étendre de tout leur long sur le ballon et d’éviter un coûteux revirement.

Wilson, lui, a plutôt récupéré le ballon, est demeuré calme et a réévalué ses options malgré la présence de deux joueurs de ligne filant à toute allure dans sa direction. Après avoir évité la pression avec quelques feintes, il a repéré son receveur Tyler Lockett et a lobé une passe dans ses mains pour un long gain menant les visiteurs à la porte des buts. Ça prend un énorme sang-froid, avouons-le!

Ce jeu a non seulement mené au premier touché de Seattle, mais a également installé un doute qui n’a jamais quitté l’esprit des joueurs des Vikings, eux qui étaient pourtant en contrôle jusqu’à ce moment. Lors de la possession suivante du Minnesota, Adrian Peterson échappait le ballon, ouvrant de nouveau la porte aux Seahawks.

Peu après s’est produit un autre jeu que j’estime crucial dans cette partie. Sur troisième essai et long à la ligne de 28 des Vikings, Wilson a été confronté à un blitz agressif. Après avoir esquivé des plaqués à gauche et à droite qui auraient rendu un botté de placement quasi impossible, le jeune général a réussi à se débarrasser du ballon, lancé sur les lignes de côté près de la ligne d’engagement. Ça peut sembler anodin, mais n’eut été de la capacité de Wilson à garder le jeu en vie, Steven Hauschka n’aurait pas eu la chance de s’exécuter sur une distance de 46 verges et d’inscrire ce qui allait s’avérer le botté victorieux.

Comme vous le savez, le sujet le plus discuté de cette première fin de semaine éliminatoire a été le botté raté de Blair Walsh sur une distance de 27 verges avec une vingtaine de secondes à faire. Difficile de ne pas avoir de sympathie pour le jeune homme, qui doit remplir un rôle des plus ingrats. Sauf qu’on aura beau dire que les lacets n’avaient pas été enlignés correctement par le teneur (ils auraient dû faire face aux poteaux), il reste que c’était un botté sur courte distance, et que ceux-ci sont censés être des automatismes dans la meilleure ligue au monde.

C’était arrivé une première fois dans le match que Walsh avait fait contact avec les lacets du ballon, sur une tentative réussie sur 43 verges. Donc c’est à se demander s’il n’y avait pas eu une directive à cet effet, compte tenu des conditions climatiques et de la possibilité que le ballon soit gelé et glissant, donc forcément plus difficile à manipuler. De toute façon, je suis persuadé qu’à l’entraînement, ce genre de botté est pratiqué de manière à être prêt à toute éventualité, dont celle d’une remise imparfaite.

À la reprise, on voit bien que son pied d’appel était trop près du ballon, et que cela a eu pour répercussion de changer l’angle de contact avec celui-ci.

Malheureusement pour Walsh, la saison morte va être longue.

Rodgers et les Packers se sont ajustés

L’inquiétude devait être au rendez-vous pour les partisans des Packers de Green Bay après un premier quart sans conviction face aux Redskins de Washington, ponctué par des gains infimes de 11 verges en quatre possessions offensives. On devait trouver que ça ressemblait drôlement aux contre-performances connues lors des deux matchs précédents.

Sauf qu’au deuxième quart, un déclic s’est produit. On a trouvé un filon, et c’est la décision d’opter pour une attaque sans caucus qui a permis ce changement de rythme. Sans doute à la  demande d’Aaron Rodgers, l’attaque des Packers s’est mise à opérer à vive allure. Soudainement, le général avait l’air d’être en train de jouer un match amical au parc tellement il avait l’air détendu.

À maintes reprises, la vitesse d’exécution a forcé les Redskins à écoper de pénalités, eux qui étrangement s’entêtaient à faire des substitutions défensives malgré le tempo infernal imposé. Le premier touché marqué par Green Bay a d’ailleurs été réussi alors que les Skins avaient 12 joueurs sur le terrain.

La défense de Washington n’a plus jamais été capable de retrouver son aplomb, jouant constamment sur les talons. À preuve, sur cinq séquences d’affilée, les Packers ont ajouté des points au tableau.

La protection offerte à Rodgers a été adéquate, ce qui lui a procuré plus de temps pour effectuer de bonnes passes. Et lorsque les Skins, se sentant vulnérables contre le jeu aérien, ont choisi de jouer avec un demi défensif supplémentaire, les Packers ont commencé à faire fonctionner à plein régime leur attaque au sol avec des courses en puissance d’Eddie Lacy et James Starks. Les formations musclées des visiteurs ont permis de passer le rouleau compresseur en deuxième demie, comme en fait foi la récolte de 124 verges, contre 17 en première mi-temps.

C’est donc dans un état d’esprit bien différent que les Packers prendront la direction de l’Arizona, en dépit du revers de 38-8 qu’ils y ont encaissé face aux Cardinals il y a quelques semaines.

* Propos recueillis par Maxime Desroches