Ne ratez pas la deuxième finale d'association opposant les Patriots de la Nouvelle-Angleterre aux Colts d'Indianapolis, présentée dès 18 h 30, dimanche, sur RDS.
 

Bien malin est celui qui peut tirer du positif des trois affrontements des Colts d’Indianapolis contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre depuis que Chuck Pagano et Andrew Luck sont en poste. L’historique récent entre les deux formations n’a rien de réjouissant pour le tandem d’Indy.

Les pointages de ces trois rencontres? Des gains sans appel des Pats, 59-24, 43-22 (ces deux matchs étaient en contexte éliminatoire) et tout récemment, 42-20 lors de la 11e semaine d’activités. Qu’ont en commun ces trois résultats? D’une part, les troupiers de Bill Belichick ont aisément remporté la bataille des revirements à chaque fois, avec un ratio cumulatif de +7. Simplement dit, les Colts ont mal protégé le ballon lors des trois duels. Par ailleurs, les Patriots ont exercé une domination complète à la ligne de mêlée, amassant en moyenne 200 verges au sol, en plus d’inscrire 12 majeurs par la course.

Avant de clamer que les Colts n’avaient pas été dans le coup lors du plus récent match, précisons qu’à la demie, rien n’était perdu, alors qu’ils tiraient de l’arrière 14-10. C’est en deuxième demie que la « chaîne a débarqué » pour Indianapolis comme on dit en bon français.

Je ne peux évidemment pas prétendre que le même scénario ne peut se reproduire, mais on peut toutefois avancer que les Colts jouent désormais du meilleur football et qu’ils sont plus confiants en leurs moyens. La logique indique qu’on est en droit de s’attendre à un duel plus chaudement disputé.

En motivateur hors pair qu’il est, Bill Belichick s’assurera sans doute de rappeler à ses troupes le piège qui leur pend au bout du nez, celui de prêcher par excès de confiance. J’ai le vif souvenir d’une défaite que personne n’attendait en 2010, alors que les Jets de New York avaient causé une énorme surprise au Gillette Stadium. Les hommes de Rex Ryan, avec Mark Sanchez aux commandes de l’attaque, avaient semé la consternation dans le camp des Patriots, les renversant par la marque de 28-21 après qu’en saison régulière, ces mêmes Pats les aient humiliés au compte de 45-3. C’est une histoire assez frappante qu’il aurait avantage à remémorer à ses hommes pour les garder sur le qui-vive.

Impossibles à prédire

J’ai bien hâte de voir quelle méthode sera privilégiée par Belichick, Tom Brady et Josh McDaniels afin de déstabiliser la défensive des Colts. On a vu ce trio fonctionner assez longtemps pour savoir qu’ils agissent tels des caméléons d’une semaine à l’autre. En demi-finale d’association, ils ont vaincu les Ravens de Baltimore en permettant à Brady de lancer 50 fois le ballon. En revanche, il n’y a eu que 13 jeux au sol. Pis encore, du lot, seulement sept sont allées aux demis offensifs, les six autres étant l’œuvre de Brady, soit sur des jeux improvisés (trois), soit lorsqu’il a déposé le genou au sol pour confirmer la victoire des siens (trois autres).

La réalité a été toute autre lors des deux derniers chocs entre les Pats et les Colts, comme en témoigne la moyenne de 45 portées remises aux demis offensifs. Non seulement les verges accumulées au sol avaient-elles été au rendez-vous (240  en moyenne), mais les majeurs aussi (six en janvier 2014, quatre cette saison). Le tout avec un personnel varié, puisque Stevan Ridley, Shane Vereen et Jonas Gray ont tour à tour connu une journée faste. Les variations entre des courses en puissance, des jeux à contre-courant, des formations à six bloqueurs – auxquelles s’ajoute Rob Gronkowski, un ailier rapproché aussi physique qu’un bloqueur régulier – en ont fait voir de toutes les couleurs au front défensif des Colts.

Tôt dans la rencontre dimanche dernier, les Broncos de Denver avaient laissé présager qu’ils allaient préconiser cette tactique pour fatiguer les Colts, mais pour une raison que j’ignore toujours, on s’en est éloigné pour se concentrer sur des jeux de passe sans grande créativité dans les zones profondes, souvent sur des tracés en ligne droite.

Mince source de consolation pour les Colts : ils n’auront vraisemblablement pas à affronter le centre Bryan Stork, dont la contribution est importante pour le jeu au sol des Pats. De l’autre côté de la ligne, l’ailier défensif Arthur Jones sera présent dans l’alignement, lui qui était à l’écart lors du plus récent affrontement. Bref, les éléments en place auront changé dans la guerre des tranchées.

On a mentionné l’aspect robustesse qu’apporte Gronkowski, mais les maux de tête ne s’arrêtent pas là pour les Colts, qui historiquement ont eu bien du mal à le ralentir. À ses deux derniers matchs contre eux, Gronk a fourni 11 attrapés et 208 verges, en plus de trouver la zone payante trois fois. Les Colts n’avaient simplement pas de réponse à son style agressif.

Une bête différente

Autant je n’arrive pas à m’expliquer les choix de jeux offensifs des Broncos pour de larges portions du match de dimanche dernier, je ne peux faire autrement que de penser que les Pats ne feront pas les mêmes erreurs. Progressivement, Denver avait délaissé la course et obstinément tenté des jeux à moindre pourcentage de réussite, sans de changement de direction ou d’élément de surprise quelconque.  Je peux vous assurer que face aux Pats, les Colts seront confrontés à des jeux empreints d’une plus grande créativité, que ce soit des formations en tandem ou en triangle, des jeux en croisé et en diagonale. Et ce ne sont là que quelques exemples.

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Le match face aux Ravens nous a appris une fois de plus que les Patriots sont à l’aise avec les courts jeux aériens. Pas moins de 12 fois, ils ont pris place en formation de cinq receveurs et sans porteur de ballon. Combien des passes décochées par Brady ont trouvé preneur sur ces jeux? Chacune d’entre elles! Le small ball convient parfaitement aux habiletés des joueurs des Pats. Ils ne voient aucun inconvénient à remonter patiemment le terrain, et cela a l'avantage d'égrainer plus de secondes au tableau.

Comme c’est souvent le cas avec les formations négligées, on a de la difficulté à leur accorder tout le mérite qui leur revient pour leur parcours gagnant. Dans le cas de Luck et des Colts, on leur reproche d’avoir eu un chemin facilité par l’absence de deux receveurs d’impact des Bengals de Cincinnati au premier tour éliminatoire, et par la blessure dont souffrait Peyton Manning au deuxième.

On peut réellement affirmer qu’ils abordent cet affrontement avec un minimum de pression sur les épaules. Une infime proportion des observateurs les voit remporter ce duel, ce qui leur sert de motivation additionnelle. La carte du négligé est toujours intéressante dans ce genre d’affrontement.

Ligne à l'attaque revampée

Ce qui est intéressant pour l’attaque des Colts, c’est qu’on perçoit des transformations pour le mieux depuis quelques semaines. Évidemment, elle ne changera pas sa nature première ; le jeu aérien sera toujours la composante principale de sa stratégie. L’offensive des Colts carbure en grande partie grâce à des jeux explosifs à leurs rapides et dynamiques receveurs. Mais la donne a été modifiée par la nouvelle efficacité d’une ligne à l’attaque rapiécée, qui a donné une seconde vie au jeu au sol.

Cette nouvelle combinaison sera utilisée pour un troisième match de suite dimanche à Foxborough. À ses deux premières sorties, l’unité a été magistrale. Alors que Luck tentait 88 passes, combien de sacs a-t-elle concédé? Un seul! La semaine passée, Von Miller et DeMarcus Ware, d’ordinaire si proactifs, ont été des hommes invisibles pour Denver. Ça se ressent également sur les chiffres obtenus par les porteurs de ballon. Face aux Bengals, 25 courses ont pavé la voie vers 114 verges au sol, et contre les Broncos, 28 portées ont mené à des avancées de 99 verges. Cet équilibre était devenu urgent pour Indianapolis depuis la blessure fatale subie par Ahmad Bradshaw, et il a été atteint au bon moment.

De plus, c’est au moment où ça comptait le plus que tout ce beau monde a disputé son meilleur football dimanche dernier. Alors qu’il restait huit minutes au quatrième quart et que l’objectif était d’écouler des secondes au cadran, ils ont obtenu trois premiers jeux consécutifs grâce à la course, même si c’était écrit dans le ciel qu’on privilégierait des jeux conservateurs.

Ajoutons à tout ça la patience de Luck, qui mène à moins de revirements coûteux par les temps qui courent. Vous direz qu’il a été intercepté deux fois à Denver,  mais c’est à se demander s’il ne l’a pas fait consciemment, sachant que ses longues passes étaient l’équivalent d’un botté de dégagement.

Il possède une valve de sécurité intéressante en Dan Herron, qui a capté 18 ballons pour des gains de 117 verges en deux matchs. Gageons qu’il n’hésitera pas à se tourner vers son dépanneur à quelques reprises face aux Patriots.

De la pression à tout prix

On peut se pencher tant qu’on le voudra sur les couvertures possibles chez les Pats (Darrelle Revis pour Reggie Wayne, Kyle Arrington et un maraudeur sur T.Y. Hilton et Brandon Browner avec Coby Fleener), mais la réelle intrigue se trouve à mon avis dans la capacité de la Nouvelle-Angleterre à appliquer de la pression sur le quart.

Si la ligne défensive est aussi inactive qu’elle l’a été face aux Ravens et Joe Flacco, les membres de la tertiaire sont mieux de s’atteler à la tâche et de disputer un match du tonnerre. Pas une seule fois les Pats ont réussi à se rendre à Flacco samedi dernier, même si celui-ci a tenté 46 jeux aériens. Chandler Jones s’est fait complètement neutraliser par un bloqueur recrue. Il m’apparaît évident que si on retrouve un autre « zéro » dans cette colonne ce dimanche, les risques de mauvaise surprise sont élevés pour la troupe de Belichick.

On aura beau dire que les demis défensifs ont le pedigree pour dominer chacune des confrontations individuelles, il n’en demeure pas moins que la tertiaire des Pats a accordé 62 jeux de 20 verges et plus en saison régulière, un total qui lui confère le 30e rang du circuit Goodell. Le front défensif saura-t-il apporter les ajustements qui s’imposent durant la semaine d’entraînement? La réponse dès 18 h 30 dimanche!

*Propos recueillis par Maxime Desroches