MONTRÉAL – Le moment de vérité de Laurent Duvernay-Tardif approche à grands pas. Aucun doute possible, le joueur de ligne offensive est fébrile, lui qui quittera le Québec aujourd'hui pour se rendre au camp d'entraînement des Chiefs de Kansas City.

« Il n'y a pas une journée où je ne pense pas au camp en ce moment. Je viens m'entraîner ici (centre sportif de l'Université McGill) chaque jour. Chaque répétition de plus que je fais, je me dis que c'est pour le camp », avance la recrue qui est gonflée à bloc.

Le produit des Redmen fera partie du groupe de 16 joueurs de ligne offensive des Chiefs qui prendront part au camp de l’équipe qui se tiendra sur le campus de l’Université Missouri Western State.

Les formations de la NFL retiennent entre 8 et 10 joueurs de ligne à l’attaque dans leur alignement. Mais Duvernay-Tardif croit que l’équipe optera pour en garder plus que moins en raison du fait que l’entraîneur-chef, Andy Reid, a évolué à cette position lorsqu’il était joueur.

« Je suis conscient que l'étau va se resserrer. C'est certain qu'il va y avoir plus de compétition (qu’aux activités pendant la saison morte). Mais en même temps, ça fait partie de la game », admet-il en ajoutant qu’il ne devra pas se laisser abattre lorsqu’il connaîtra une moins bonne journée.

Le camp des recrues et les activités d’équipe organisées (OTA) ont permis au jeune homme de 23 ans de se familiariser avec l’environnement des Chiefs. Il retourne donc au Missouri la tête tranquille en se concentrant uniquement sur le football.

« Je pense que j'étais plus stressé la première journée après le repêchage quand je suis parti en avion que maintenant. Je sais à quoi m'attendre. J'ai étudié le livre de jeux. Je connais mon niveau de jeu par rapport aux autres joueurs », explique Duvernay-Tardif, qui se fixe comme but de s’améliorer chaque jour pour gagner la confiance des entraîneurs.

En un mois avec les Chiefs, celui qui a été utilisé comme garde et bloqueur a grandement peaufiné sa technique et ses connaissances de football. Ayant conjugué études en médecine et football pendant son séjour universitaire, Duvernay-Tardif pourra maintenant se consacrer uniquement au football pour la première fois.

« J'ai fait plus d'entraînements de football là-bas que j'en ai probablement fait dans les trois dernières années, expose-t-il en riant de la situation. La progression s'est faite tranquillement. Ça m’a donné le temps de m'améliorer graduellement et de retourner aux bases. »

« Je vais pouvoir me consacrer enfin à temps plein au football sans avoir la médecine et tous les divertissements que je pouvais avoir à Montréal. Ça va être football et que football. Je suis vraiment déterminé et c’est quelque chose qui m’allume. C'est une opportunité en or, non seulement d'être dirigé et d'avoir toutes les installations pour réussir, mais aussi d’avoir la chance de le faire dans la meilleure ligue », raconte le sympathique gaillard rencontré dans les gradins du Stade Percival-Molson.

Des attentes réalistes

Laurent Duvernay-Tardif est en grande forme. Depuis son retour dans la métropole à la fin juin, l’Hilairemontais a mis les bouchées doubles à l’entraînement.

L'adaptation de Duvernay-Tardif

Il arrivera au camp des Chiefs dans la meilleure forme de sa vie. Bien qu’il demeure convaincu que ses chances de percer l’alignement sont bonnes, il sait qu’il a encore beaucoup de croûtes à manger.

Les experts du monde de la NFL qui ont regardé Duvernay-Tardif à l’œuvre ont tous convenu que le joueur de ligne offensive a les aptitudes pour connaître du succès. Néanmoins, ils décrivent le Québécois comme un projet, une situation avec laquelle il vit bien.

« Je m'en vais là-bas en me disant que je vais faire l'équipe, mais que je suis quand même un projet. Je possède les capacités athlétiques et je suis assez intelligent pour faire l'équipe dès cette année. Mais je pense que j'ai aussi beaucoup à apprendre », concède-t-il.

« Je maîtrise ce que je vois et je ne commets pas la même erreur deux fois. Mais, il y a encore plein de choses qui se produisent que je n'ai jamais vues et je ne sais pas toujours comment réagir. Quand je vais sentir que je vais avoir fait le tour de tout ce qui peut arriver, je pense que c'est à ce moment que je vais être plus confiant et que je vais pouvoir dire que je ne suis plus un projet de développement », dit-il au bout de sa réflexion.

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La pression – et surtout celle qu’il se met lui-même – sera au rendez-vous pendant ce camp qui décidera de l’avenir du choix de sixième tour au dernier repêchage de la NFL.

Duvernay-Tardif a toutefois eu le temps de recharger ses batteries pour être fin prêt pour cette étape importante de sa jeune carrière professionnelle.

Lors des étés précédents, le futur médecin partageait son temps entre stage, voyage et école de voile en Gaspésie où il a longtemps été enseignant.

Il a donc vécu un mois de juillet plutôt tranquille pour ses standards. Il avait d’abord prévu faire un stage en chirurgie, mais a finalement renoncé, une décision qu’il est bien content d’avoir prise.

Duvernay-Tardif a été un homme demandé pour des entrevues tant à la radio qu’à la télévision pendant les quelques semaines estivales qu’il a passées au Québec. Il a bien aimé l’expérience.

« Chaque matin, je commençais avec une entrevue et quand je m’entraînais, tu te dis à toi-même qu'il ne faut pas décevoir ces gens-là. Ce n'est pas une pression additionnelle, mais ça m'aide à rester concentrer sur mon but. Pour certains, ça peut être une distraction, pour moi c'est le contraire », relate-t-il.

Le joueur des Chiefs a pris les derniers jours avant son départ pour reposer ses jambes, s’hydrater énormément puisqu’il fera très chaud dans l’État du Missouri et voir des amis et membres de sa famille.

Il met maintenant le cap sur son rêve et il mettra tout de côté pour y consacrer toutes ses énergies.

« On n’a plus de regret et on fonce à 100 % », assure-t-il sur un ton qui respire la détermination.

*Voyez le reportage de Didier Orméjuste sur Laurent Duvernay-Tardif.