MONTRÉAL – Dans le milieu sportif, c’est plutôt cruel de se faire libérer le matin du lancement du camp d’entraînement d'une équipe de la NFL. Mais voilà le sort avec lequel Marc-Antoine Dequoy doit composer en plus d’avoir vu la LCF, son plan B, renoncer à la saison 2020. 

Retranché samedi matin, Dequoy ressent encore de l’amertume face à ce dénouement tout en sachant qu’il doit se concentrer sur le positif de cette expérience qui demeure rarissime pour des athlètes du Québec.

Cela dit, Dequoy aura besoin de temps pour avaler cette déception et retrouver le feu qui l’a aidé à repousser ses limites à l’entraînement pendant huit mois en vue de cette occasion dont il rêvait. Il faut dire que sa candidature a subi un dur coup avec l'annulation des quatre matchs préparatoires et des semaines d'entraînement en équipe (OTA's).  

Tout de même, le verdict a été particulièrement pénible à encaisser puisqu’il était persuadé d’avoir laissé une bonne impression pendant les deux semaines à fouler le terrain d’entraînement. Durant cette période qui servait d’acclimatation au lancement du camp officiel, Dequoy n’a pas effectué de confrontations individuelles, mais il a pu exposer ses qualités athlétiques. 

« Dans ma tête, je croyais que j’avais super bien fait et que je m’étais très bien débrouillé. C’est pour ça que quand j’ai reçu la nouvelle, c’était un peu un choc. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Dans l’auto, quand j’arrivais au stade, je me demandais si j’avais vécu sur un nuage pendant deux semaines. Est-ce que j'ai cru que j’avais ma chance et tout le monde pensait que je ne pouvais pas faire l’équipe? Je me questionnais si j’avais mal vu », a admis Dequoy avec franchise au RDS.ca. 

« Mais, après avoir parlé avec des joueurs et des entraîneurs, c’était clairement une décision qu’on devait couper le nombre à 80 sans avoir évalué les joueurs et c’était juste une décision du directeur général. Ce n’est pas mon talent [qui est en cause] ou ce que j’ai montré », a-t-il ajouté du même souffle alors que la pandémie a imposé une réduction de 90 à 80 athlètes pour les camps cette année.  

Dequoy a d’ailleurs eu l’occasion de s’entretenir avec l’entraîneur-chef Matt LaFleur avant de plier bagage et il admet que ses commentaires représentent un petit baume à ses yeux. 

« Il me disait que mon éthique de travail avait été exemplaire. Je me suis assuré de tout donner. Il n’y a pas un sprint ou un cardio que je n’ai pas terminé le premier avec tous les joueurs. Ma vitesse a été démontrée et elle a été reconnue. Je pensais que ce serait assez pour avoir un camp.

« Ça m’a aidé dans le processus d’acceptation qu’il me dise que ce n’était pas une décision reliée à mon talent. Je lui ai demandé ‘Est-ce que j’aurais pu faire quelque chose de plus?’ Je voulais savoir, je ne voulais pas, dans 10 ans, que ça me trotte dans la tête. Il m’a dit qu’il n’y avait rien », a poursuivi l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal qui aura 26 ans le mois prochain. 

Partait-il avec une prise ? 
 
Ainsi, Dequoy était rassuré de ne pas avoir fabulé. Mais on vient à la déduction inévitable et encore plus plausible en contexte de pandémie : en tant que joueur québécois issu d’un calibre moins connu et moins relevé, partait-il avec une prise contre lui?

« J’ai toujours dit que j’avais la même chance que les autres joueurs autonomes, j’avais peut-être tort. Mais c’est sûr que c’est un fait que ça n’aide pas de ne pas avoir de matchs préparatoires. J’étais convaincu que ça ne m’aurait pas affecté et que j’aurais ma chance, mais je pense que ça n’a pas été le cas… », a-t-il confié en sachant qu’il doit accepter la situation. 

Éventuellement, son moral devrait retrouver son élan car il n’a été déclassé physiquement par la compétition de la NFL. 

« C’est décevant, mais ce n’est pas une déception du sens ‘Je n’ai pas le talent pour jouer là ou bien je ne suis pas assez bon pour faire l’équipe’. Ce sont vraiment les circonstances de la COVID. Ça rend différent l’acceptation parce que je le sais que ma chance n’est pas terminée avec la NFL, il y a encore des possibilités. On ne m’a pas dit ‘Tu n’as pas le talent pour jouer ici’ », a mentionné Dequoy avec une dose d’optimisme. 

Cette deuxième chance pourrait se présenter dans les prochaines semaines avec une autre équipe. Dequoy ne souhaite de malheur à personne, mais les Packers pourraient également le rappeler si la COVID-19 touchait quelques membres de leur unité défensive. Sinon, il entend raffiner ses connaissances du système américain en vue de la campagne 2021. 

« Plus tu passes de temps avec ces joueurs et ces entraîneurs, plus tu apprends. Ils savaient que, sans que ce soit une lacune, que c’était nouveau pour moi et que je devais m’adapter. Je voyais ma première année comme de l’adaptation. C’est ce que je vais continuer de faire durant mes temps libres », a cerné Dequoy qui devra trouver un emploi alors que ses deux options sportives sont tombées à l’eau en l’espace de trois jours. 

Le marchand de vitesse a tout de même vécu des moments très précieux dans l’entourage des Packers. Et on ne parle pas uniquement d’avoir marché dans le tunnel des joueurs et sur le terrain du Lambeau Field.  

« Ce qui m’a fasciné, c’est comment les gars étaient courtois. Je n’ai jamais senti qu’un joueur se sentait meilleur que les autres, qu’il regardait les autres de haut. Tout le monde a été assez gentil pour nous intégrer dans l’équipe. Je suis resté deux semaines et les gars m’ont fait sentir comme ‘Viens avec nous, parle avec le monde’. Tu ne sais jamais comment ça se passera, tu peux penser que des gars ne vont pas te parler, mais il y avait une très belle atmosphère », a souligné Dequoy. 

En terminant, il a eu une pensée pour les nombreux joueurs de la LCF qui ont perdu leur revenu. 

« C’est assez triste, mais on doit se retrousser les manches et avancer. Ce ne sont pas des temps faciles, bien des C.V. vont se promener dans les prochaines semaines », a-t-il conclu.