MONTRÉAL – Personnage controversé s’il en est un, Terrell Owens a dû payer les extravagances de son illustre carrière dans la NFL par une exclusion du groupe d’intronisés à sa première année d’admissibilité au Temple de la renommée du football.

Puisqu’il se classe au deuxième rang de l’histoire de la NFL pour les verges et au troisième échelon pour les touchés, T.O. sera admis à Canton plus tôt que tard, mais il a avalé de travers cette décision.

« J’ai dit que je sentais que c’était plus un manque de respect qu’une déception. J’ai aussi essayé de m’amuser avec ça et j’aurais quand même été surpris d’y accéder dès ma première chance », a exprimé Owens dans une entrevue ce week-end.

« Si le processus était seulement basé sur les statistiques, j’aurais fait mon entrée dès le premier coup et les gens le savent. C’est plus rendu un concours de popularité. Tout de même, je me considère choyé d’avoir pu accomplir tout ça dans la NFL alors que je ne croyais même pas pouvoir jouer après le niveau universitaire », a enchaîné l’athlète qui n’a jamais laissé personne indifférent.

Un peu comme un élève turbulent expulsé de son école, Owens a été chassé de plus d’une organisation malgré ses atouts sur le terrain. Au final, les amateurs ont surtout retenu ses célébrations controversées et ses écarts de conduite auprès de ses coéquipiers.

Près de quatre ans à la suite de sa dernière présence dans la NFL, Owens préfère ne pas utiliser le mot « regret » pour décrire ses états d’âme.

« Non, on me demande souvent ça. Les gens qui me connaissent bien savent que je suis une personne fière et que j’ai dû traverser plusieurs enjeux de confiance personnelle pour me rendre à ce point. Ma grand-mère m’a élevé et elle serait fière si elle était encore en vie », a répondu celui qui ne se sent pas prêt pour la retraite.

« J’ai gagné en maturité au fil de ma carrière et probablement encore plus depuis que je ne joue plus », a tout de même reconnu Owens du même souffle.

Quand ce sujet est abordé avec lui, T.O. précise que ses agissements comme athlète étaient ceux de son « personnage » d’athlète et non le véritable reflet de son identité.

« J’avais compris ce qu’était la NFL, je voulais m’amuser avec cette carrière et donner un spectacle aux gens. Je comprenais que c’était une entreprise qui veut faire de l’argent, je voulais produire et divertir.
Est-ce que j’aurais pu des choses d’une manière différente ? Bien sûr, mais personne n’est parfait et il faut tous le reconnaître comme adulte », a exposé Owens qui était content de découvrir la ville de Montréal pour une première fois.

L’ancien numéro 81 aurait pu décider d’utiliser cet apprentissage ainsi que ses connaissances pour encadrer la relève, mais le métier d’entraîneur ne l’attire pas du tout.

« Oh non, je les respecte pour leur énorme travail et ce qu’ils endurent dont des athlètes comme moi ! », a réagi Owens, avec un sourire en coin, quand on a sondé son intérêt pour cette avenue.

« Ils accumulent tellement d’heures loin de leur famille. Dans mon cas, j’aime bien dormir alors qu’eux se lèvent tôt et se couchent tard. Je ne les envie pas, ce n’est pas dans un avenir proche pour moi. J’essaie plus de partager ce que j’ai accompli d’une autre manière comme dans des événements », a précisé l’homme de 42 ans qui se consacre aussi à sa collection de vêtements, Prototype 81.

Déçu par Bradford et solidaire avec Newton

Owens est habitué de faire des vagues avec ses commentaires et il admet qu’il a un peu trop poussé la note quand il a critiqué Sam Bradford, le quart-arrière des Eagles de Philadelphie, qui a réclamé une transaction quand le club a démontré son intention de repêcher un quart-arrière.

« Le mot ‘lâche’ était peut-être un peu trop de ma part. En tant que meneur, on aurait espéré plus de sa part. C’est son poste à perdre selon moi et il ne doit pas le prendre personnel surtout avec les blessures qui ont affecté sa carrière. Cette décision aurait dû le motiver à être le meilleur quart qu’il peut être pour cette équipe peu importe les autres qui aspirent à son poste », a confié le choix de troisième ronde en 1996.

Owens a utilisé son parcours comme exemple citant le fait qu’il a réussi à se démarquer même quand il était entouré d’excellents receveurs comme Jerry Rice (avec les 49ers), Chad Johnson (avec les Bengals) et Lee Evans (avec les Bills).

Invité à se prononcer sur le sort des Cowboys, une autre de ses anciennes équipes, Owens voit d’un bon œil les sélections effectuées par la formation texane au repêchage.

« (Tony) Romo se retrouve dans une situation similaire à celle de Bradford. Ils ont choisi un quart (Dak Prescott en 4e ronde), mais Romo est un compétiteur et il comprend quand ça fonctionne. Avec leur premier choix, ils ont opté pour un porteur de ballon (Ezekiel Elliott au 4e rang). C’est fidèle à leur vision et ils veulent avoir un bon jeu de course. Ça les aiderait d’avoir autant de ressources par la passe que la course », interprété Owens en faisant aux coûteuses blessures de Romo.

On peut facilement sentir qu’il n’a pas fait la paix avec sa sortie précipitée de cette équipe.

« J’ai été là pendant trois ans et plusieurs personnes ont dit que j’étais le problème, mais on n’a pas vu une grande différence depuis que je suis parti », a visé Owens.

Nul doute, ça demeure avec les 49ers qu’Owens a bâti sa réputation. Se disant plus fervent des réseaux sociaux que connaisseur averti de la NFL, T.O. s’est contenté de ce jugement sur l’organisation qui a été la sienne de 1996 à 2003.

« Je peux dire que les Niners n’ont pas tant accompli depuis que je suis parti. Ils pensaient aussi que j’étais un problème alors que je me voyais comme une partie de la solution. Ils sont dans un processus de reconstruction presque complet et ça doit commencer par les dirigeants. L’équipe doit composer avec un carrousel d’entraîneurs depuis plusieurs années. L’identité doit provenir du sommet et se rendre jusqu’à la base », a opiné le participant à six éditions du Pro Bowl.

La vision d’Owens sur Cam Newton, un autre athlète exubérant, était également intéressante à obtenir.
« D’abord, tout le monde doit être à l’aise dans sa peau, c’est le plus important. Je l’apprécie beaucoup, il n’est pas gêné de s’exprimer et il ne devrait pas l’être. On parle sans cesse de sa réaction après la défaite au Super Bowl, mais comment aurait-il dû réagir après avoir perdu la plus grosse partie ? Son comportement aurait pu être un peu courtois, mais je ne vais pas le critiquer. Il assume ce qu’il a fait et ses coéquipiers et entraîneurs le supportent. Il y aura toujours une partie des gens qui vont t’aimer et une autre te détester », a-t-il noté.

S’il se range dans le camp de Newton, il peine à identifier son receveur préféré.

« On peut penser à Calvin Johnson ou Dez Bryant. Il y a Antonio Brown qui est si complet, il fait tout et un vétéran comme Larry Fitzgerald qui est encore productif. Bien sûr, ça prend des quarts pour faire notre travail, je n’aurais pas pu en faire autant sans eux. Je considère aussi que j’ai pu aider certains d’entre eux à devenir meilleurs. Quant à Odell Beckham, les gens le considèrent dans le top-5 pour un attrapé spectaculaire, mais il doit devenir plus constant. Son talent est incroyable, il n’y a aucune limite pour lui », a conclu Owens qui n’a pas peur de ses opinions.