Ce qui s’est passé dimanche dernier était hors de l’ordinaire. Vivre une telle remontée avec un retard de 24 points pour finalement l’emporter 51-31 devant les Texans de Houston était tout un fait saillant depuis le début de ma carrière.

Toutefois, ne vous détrompez pas, les Chiefs ont encore bien en vue l’objectif qui est de remporter encore deux matchs pour être sacrés champions du Super Bowl. Le tout se poursuit avec la finale d’Association qui nous oppose aux Titans du Tennessee et c’est pourquoi nous avons tourné la page sur notre dernier affrontement.

Lorsque nous avons entamé les éliminatoires, nous étions d’accord qu’il nous fallait remporter trois matchs pour le couronnement, on vient de remplir le tiers du mandat. Je ne cacherai pas que je viens sans doute de vivre le plus beau moment de ma carrière dans la NFL. Pour ajouter au portrait, la situation rendait le dénouement encore plus incroyable comme ça s’est produit en éliminatoires.

On ne se rendait pas compte sur le moment de ce que nous avions accompli, mais lorsque les journalistes nous ont interrogés par la suite, là nous avons pris conscience de ce qui venait se produire. C’est dans le vestiaire que j’ai réalisé que nous avions inscrit des touchés lors de sept séquences consécutives. C’est tout simplement fou!

Dans une profession aussi stressante, de se retrouver à vivre des matchs de la sorte, c’est valorisant et ça explique pourquoi nous aimons tant ce sport.

Évidemment, ce qui fait que ce moment est si grandiose et que nous avons été en mesure de le savourer autant, c’est parce qu’il y avait eu tout un obstacle en début de match. Si on vous annonce que vous allez tirer de l’arrière par 24 points après un peu plus de 15 minutes de jeu, vous allez croire que vos chances de triompher sont plus que minces.

Pourtant, cet écart de points ne nous inquiétait pas plus qu’il le fallait en raison de la manière dont ils avaient été inscrits. J’ai déjà vécu des matchs au cours desquels nous tirions de l’arrière par une plus petite marge, disons 14 points, et c’est parfois plus démoralisant. Lorsqu’on sent que l’unité offensive adverse traverse le terrain sans relâche et qu’elle ne peut être arrêtée, là c’est décourageant mentalement.

Bien que la situation était somme toute inquiétante contre les Texans de notre point de vue en début de rencontre, la manière dont les points étaient marqués faisait en sorte que nous étions loin de baisser les bras.

Le premier touché de Houston a été inscrit à la suite d’une erreur de couverture en défense qui a laissé le receveur filer jusque dans la zone des buts. C’est une situation qui se corrige sans trop de problèmes. Par la suite, un botté a été bloqué pour un touché et une autre erreur sur les unités spéciales a ensuite mené à un majeur.

Donc lorsqu’on s’est retrouvés sur le terrain en attaque, nous ne ressentions pas la panique que ce match était hors de notre portée. Évidemment, c’était alarmant en raison du pointage et il fallait redresser la barre, mais nous ne doutions pas de nos habiletés offensives pour y parvenir. Avec Patrick Mahomes derrière nous, on sait que nous avons toujours une chance, et ce jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de temps au cadran.

C’est important dans pareille situation de se convaincre qu’on peut uniquement contrôler ce qui est en notre pouvoir et se concentrer sur cet élément. Notre objectif était de marquer des points lorsque nous avions possession du ballon.

Nous avons eu nos propres bougies d’allumage qui ont facilité notre travail en nous offrant un bon positionnement sur le terrain. Le retour de botté de Mecole Hardman a mis la table à notre premier majeur du match. Par la suite, le plaqué de Daniel Sorensen sur un quatrième essai alors que les Texans tentaient un jeu truqué nous a redonné le ballon en très bonne position. Encore une fois, nous avons su capitaliser, et soudainement, l’écart n’était plus que de 10 points.

C’est spécial, mais de sentir que nous allions gagner un match, même si nous étions en retard au tableau indicateur, c’est unique comme sentiment. C’est ce que j’avais l’impression et ce que mes coéquipiers et moi éprouvions sur les lignes de côté. Avec un retard de 24-14, je voyais tout le monde qui était bien concentré dans le match, motivé et les partisans dansaient dans les gradins. Le vent avait véritablement tourné à Kansas City et il nous poussait vers la finale d’Association.

Aucune surprise

Ce n’est pas un hasard non plus si notre attaque a été aussi productive et que nous avons été capables d’inscrire sept touchés consécutifs. Notre plan de match était bien établi et ce que nous avions anticipé lors de notre préparation s’est répété sur le terrain. Il n’y avait aucune surprise dans ce cas la défense des Texans nous a montrés. Les différents types de pression et les stratagèmes qu’une unité tente de camoufler à la ligne à l’attaque ne l’ont pas été. Nous savions ce qu’ils tentaient et c’est alors toujours plus facile de parer le tout.

Je suis fier de ce que la ligne à l’attaque a su accomplir durant ce match. Nous avons ainsi su offrir une belle protection à notre quart et lorsqu’on laisse du temps à Mahomes, on sait qu’il peut faire des dégâts. Il pouvait ainsi repérer ses receveurs et ne pas être dérangé lorsqu’il décochait sa passe.

Mahomes a aussi gagné des premiers essais avec ses jambes ce qui pouvait causer des maux de tête supplémentaires chez les demi défensifs adverses. Ceux-ci ne devaient plus uniquement s’assurer de couvrir les receveurs que je considère parmi les plus explosifs de la NFL, mais ils devaient garder un œil sur notre quart qui pouvait quitter soudainement sa pochette pour aller chercher une bonne part de terrain au sol.

Nous avons aussi évité les troisièmes essais avec plusieurs verges à franchir, donc nos porteurs de ballon étaient sans cesse une menace dans le camp-arrière. Si la course est toujours dans l’équation sur un jeu, les joueurs de ligne défensive doivent s’y préparer et de notre côté, pour la ligne à l’attaque, c’est alors plus facile d’engager nos blocs vers l’avant et d’ainsi offrir une bonne pochette de protection à notre quart-arrière. On sait que c’est l’une des clés pour connaître du succès et spécialement en éliminatoires.

Notre travail en attaque n’aurait pas été possible sans celui des unités spéciales qui nous a offert un excellent positionnement sur le terrain et aussi celui de notre défense. Cette dernière a freiné les Texans à partir du deuxième quart afin que l’on puisse inscrire 41 points sans réplique et ultimement décrocher notre billet pour la finale d’Association.

Retour en finale d'Association

C’est d’ailleurs un retour pour les Chiefs en pareille situation pour une deuxième année consécutive. Par contre, le scénario est complètement différent de mon côté sur le plan personnel. L’an dernier j’étais dans l’incertitude à savoir si j’allais pouvoir jouer ou non contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Au final, je n’ai pas été en uniforme.

Cette fois cependant, je suis plus que prêt à affronter les Titans. Depuis mon retour au jeu au Mexique, j’ai été en mesure de travailler sur différents aspects de mon jeu et ma technique, et c’est plaisant. Je n’ai jamais été aussi prêt mentalement et physiquement à cette période de l’année depuis que je suis à Kansas City. De se sentir aussi bien, c’est certain que j’ai du plaisir à jouer, donc je montre ma personnalité sur le terrain et souvent les résultats vont en conséquence.

Il faudra une fois de plus que je répète le tout dimanche devant une excellente formation qui a su vaincre les Ravens de Baltimore. Je crois que les Titans ont joué leur meilleur match de football devant les Ravens et il faut maintenant que l’on s’ajuste en conséquence.

Le sort fait en sorte que nos deux adversaires en éliminatoires nous ont vaincu lors de la saison régulière. On connaît toutefois nos lacunes lors de ces sorties et nous savons ce qu’il faut ajuster.

Si je reviens sur notre dernière confrontation devant les Titans, c’était le retour au jeu de Mahomes après sa blessure et nous avions connu des ennuis sur le plan de la protection. Il y avait eu beaucoup de pénalités également, donc nous savons que ce sont des points que nous pouvons corriger.

Ce qu’une victoire des Titans signifiait pour nous également, c’était un autre match à la maison, devant nos partisans. C’est un avantage certes en vue de ce duel, car le stade sera en notre faveur. Il n’y aura donc pas d’ennuis pour ce qui est de la communication ou un besoin d’utiliser une cadence silencieuse, ce qui aurait été le cas à Baltimore.

En jouant au Arrowhead Stadium, on évite aussi tout voyagement cette semaine et tous les détails peuvent avoir une influence. C’est maintenant à nous de profiter de cet appui de la foule contre les Titans dans le dernier match qui nous sépare de celui du Super Bowl.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant