BROSSARD - C'est devenu encore plus évident, lundi, à l'occasion du premier jour du camp des recrues du Canadien: Lars Eller et P.K. Subban sont les recrues les plus susceptibles de se greffer au noyau de vétérans que Pierre Gauthier a si jalousement cherché à protéger au cours de la saison morte.

Quand le directeur général du Canadien a lancé, lundi matin, que "nous avons à l'attaque beaucoup de bons jeunes qui cognent à la porte", il a mentionné Lars Eller. Et ajouté: "peut-être d'autres aussi", sans avancer de noms.

Il est clair qu'Eller, obtenu dans l'échange qui a envoyé Jaroslav Halak chez les Blues de St. Louis, sera observé de près au cours des prochaines semaines. On espère qu'il pourra renflouer le noyau d'une équipe qui, selon Gauthier, est améliorée parce qu'elle mise maintenant sur une identité claire.

Cependant, Eller est déjà blessé et il n'a pas patiné avec les autres recrues du Canadien.

Il souffre d'une blessure aux muscles abdominaux. Il s'est blessé il y a une dizaine de jours lors d'un entraînement hors glace.

Subban est évidemment dans le même bateau que son nouveau coéquipier. Celui-ci s'est fort bien débrouillé, le printemps dernier, alors qu'il a fait ses classes dans la LNH en pleines séries éliminatoires.

Il est quasi assuré que Subban obtiendra un poste avec la grande équipe cet automne, surtout qu'Andrei Markov sera absent pendant encore quelque temps. Le Torontois de 21 ans ne tient rien pour acquis, toutefois.

"Ce n'est pas quelque chose que je contrôle, s'est empressé de dire Subban, lundi midi, avant l'ouverture du camp des recrues. Évidemment, il faut se donner des objectifs élevés et c'est assurément l'un des miens. Tout ce que je peux contrôler, c'est ce que je fais sur la patinoire et en gymnase, et la façon dont je me comporte en dehors de la patinoire.

"En espérant que ce sera assez (pour qu'on me retienne)."

Eller s'est dit d'accord avec cette approche. Une recrue qui se trouve tout près d'un poste permanent dans la LNH ne doit pas chercher à en faire trop, sinon il risque plutôt de tout bousiller.

"Il faut simplement chercher à faire ce qu'on fait de mieux, et avoir la confiance nécessaire pour aller sur la glace et se contenter de faire juste cela", a noté le Danois de 21 ans, qui se dit prêt à accepter un rôle défensif si cela lui permet d'être retenu.

Eller a toutefois reconnu qu'il serait déçu de commencer la saison dans la Ligue américaine. Peu importe que Gauthier ait des attentes élevées à son endroit ou non.

"C'était le but que je m'étais donné en m'amenant ici. Si je le dois, je vais aller à Hamilton et essayer d'être le meilleur joueur là-bas. Mais pour le moment, je ne pense même pas à ça."

Eller n'est plus qu'à quelques exploits près de mériter un poste permanent, mais il ne ressent pas une pression additionnelle à cause de cela. Ni Subban, d'ailleurs.

"Je ne sais plus c'est quoi la pression, a lancé le populaire défenseur. Je cherche juste à disputer mon match."

Il faudra également surveiller le cheminement d'Alexander Avtsin. Le Russe de 19 ans a accepté de quitter la KHL et de faire le saut en Amérique cette année.

"Je vise de rester dans l'organisation du Canadien, dans la LNH ou dans la Ligue américaine, a-t-il dit avec l'aide d'un interprète. Comme j'ai joué dans la KHL la saison dernière, une ligue de bon calibre, je ne m'attends pas à jouer dans les rangs juniors."

L'espoir Leblanc

Louis Leblanc, lui, est conscient que ce n'est pas demain la veille qu'il va se retrouver au sein de la première unité à l'attaque du Canadien. Même s'il vise en théorie une place au sein du grand club dès cet automne, il sait qu'en pratique, il doit y aller une étape à la fois.

"C'est sûr que tous les joueurs rêvent d'être retenus. Je veux faire bonne impression. Je vais me défoncer à tous les entraînements et à tous les matchs. Je vais tout faire pour montrer à l'organisation que je mérite de rester ici, et que si ce n'est pas cette année, ce sera l'année prochaine ou l'année d'après.

"En ce moment, j'ai une chance de montrer ce que je suis capable de faire, de me comparer aux autres, de voir où j'en suis dans ma carrière."

Leblanc dit ne pas s'en faire avec la pression additionnelle qu'on semble prendre un malin plaisir à imposer aux espoirs francophones du Canadien.

"Les partisans ont peut-être plus d'attentes mais moi, je ne m'en fais pas avec ça, je m'amuse, a-t-il dit. C'est sûr que je n'ai pas joué de match encore (avec le Canadien), mais je ne ressens pas vraiment de pression. De la pression, il y en a partout. Il faut se donner à tous les matchs de toute manière."

L'arrivée d'un Eller ne signifie pas nécessairement que des joueurs comme Max Pacioretty et Ben Maxwell se retrouveront sur la voie d'évitement.

"La profondeur est un élément tellement important dans une ligue où la compétition est toujours féroce, a souligné Gauthier, lundi. Les dirigeants d'équipe pensent en fonction d'une formation de 28 joueurs - le troisième gardien, les huitième et neuvième défenseurs entrent donc en ligne de compte.

"Nous aimons la profondeur que nous avons."