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MONTRÉAL - Quand les Maple Leafs ont étourdi Jake Allen et plus encore Ben Chiarot, Shea Weber, Phillip Danault et Joel Armia en s’échangeant la rondelle avec rapidité et efficacité pour prendre les devants 1-0 pendant que Tyler Toffoli était au cachot, le Canadien a mis un genou au sol.

 

Quand Auston Matthews a frappé au vol une rondelle que Nick Suzuki venait de partiellement intercepter pour ensuite aller la récupérer derrière le jeune joueur de centre et déjouer Jake Allen d’un tir parfait qui a frappé le poteau à sa gauche avant de dévier dans le fond du but, le Canadien a remis un genou au sol et a regardé dans le coin histoire de faire comprendre à son coach que l’adversaire venait de le sonner.

 

Dominique Ducharme n’a pas lancé la serviette. Mais il aurait pu.

 

Car dès ce deuxième but des Leafs, deux buts enfilés en 8 min 44 s, deux buts qui ont couronné les deux premières occasions de marquer, le match était terminé.

 

« Nos gars n’ont pas abandonné », a plaidé l’entraîneur-chef du Canadien après le match.

 

À certains égards, c’est vrai. Car au final, le Canadien a obtenu quatre tirs de plus que ses adversaires (11-7) en première. Il a non seulement obtenu quatre tirs de plus que les Leafs au fil du match (33-29), mais il en a aussi décoché 14 de plus (60-46) en plus de faire bonne figure dans les échanges de coups d’épaule et d’avoir même eu largement le dessus (66 %) aux cercles des mises en jeu.

 

Pourquoi alors prétendre qu’après les deux premiers buts des Leafs le match était déjà fini?

 

Parce que ces statistiques positives il est vrai ne sont qu’un mirage. Une fois en arrière 0-2, les joueurs du Canadien n’ont jamais affiché le niveau conviction nécessaire pour prouver qu’ils croyaient en leurs chances de revenir dans ce match.

 

À les voir jouer, à les voir multiplier les dégagements refusés, multiplier les passes ratées, les sorties de zone boiteuses sans compter qu’ils ont complètement bousillé la majorité des rares occasions de marquer de qualité qu’ils ont générées – Nick Suzuki a marqué un très beau but dans une cause perdue – il était même permis de se demander s’ils voulaient vraiment revenir dans ce match.

 

Après tout, il n’y avait pas vraiment d’enjeu.

 

Malgré le fait qu’il ait encaissé sa 27e défaite de la saison (21-18-9), sa 13e en 23 matchs au Centre Bell (10-11-2), sa 10e défaite en temps réglementaire à ses 15 dernières rencontres, le Canadien est pratiquement assuré de sa place en séries.

 

Les joueurs le savent.

 

Comme ils savent aussi qu’à moins d’un revirement de situation c’est contre Auston Matthews et les Maple Leafs qu’ils disputeront la première ronde.

 

Pourquoi alors ne pas justement trimer plus dur pour leur montrer que les deux victoires signées plus tôt cette saison à leurs dépens ne sont pas seulement des erreurs de parcours? Pour prouver qu’ils pourraient leur faire la vie dure et pourquoi pas causer une grande surprise une fois en séries?

 

Parce qu’ils savaient très bien que les deux clubs se croiseraient encore trois fois lors des six prochains matchs. Et aussi parce qu’ils savaient très bien que la remontée déjà difficile qu’ils avaient devant eux devenait pratiquement impossible à compléter avec les blessures qui les privaient de Price, Tatar, Gallagher, Byron et aussi de Jonathan Drouin qui, en dépit tous ses ennuis et sa production timide de cette année, demeure un joueur de la LNH.

 

Des joueurs qui devraient tous, ou à peu près, être de retour pour les séries pour faire du Canadien une meilleure équipe.

 

« On ne veut pas juste accéder aux séries, on veut aussi prouver que nous méritons d’être en séries », a plaidé Josh Anderson après la défaite. Une défaite qu’il s’expliquait mal d’autant qu’il a trouvé que les Leafs semblaient à plat et que lui et ses coéquipiers auraient pu mieux en profiter.

 

Disons que ce n’est pas ce que j’ai vu du haut de la galerie de presse, mais je vais accorder à Anderson le bénéfice du doute.

 

Mais pendant que les journalistes et les partisans s’inquiètent de la baisse de régime du Canadien, un dirigeant de la LNH joint hier m’indiquait qu’il ne fallait pas sauter trop vite aux conclusions en raison des circonstances vraiment inhabituelles de la saison COVID qui s’achève.

 

« C’est très difficile d’obtenir le maximum des gars tous les soirs dans une saison normale. Ce l’est beaucoup plus cette année. Les calendriers sont plus éreintants, les contraintes sanitaires commencent à avoir des conséquences sur le moral des gars. À moins d’être dans une course très serrée pour atteindre les séries, pour protéger sa place en séries ou améliorer sa position au classement, les gars tempèrent leurs énergies quand ils se rendent compte qu’ils ne sont pas dans le coup un soir donné. »

 

Est-ce qu’une fois ragaillardi par le retour de Gallagher et de sa fougue, par la confiance que génère Carey Price lorsqu’il se dresse devant son but comme il est capable de le faire, par la contribution offensive de Tatar et la contribution tout court de Paul Byron, le Canadien pourrait vraiment surprendre les Leafs en première ronde des séries?

 

La réponse est oui.

 

Comme les Blue Jackets ont surpris le Lightning il y a deux ans ; comme le Canadien a surpris coup sur coup – et s’est surpris lui-même – les Capitals de Washington d’abord et les Penguins de Pittsburgh ensuite dans le cadre du printemps Halak.

 

Malgré tous ses déboires, et ils ont été nombreux, malgré les défaites qui s’accumulent et le fait que le Canadien n’a pas « collé » deux victoires lors des 16 matchs disputés depuis le début du mois d’avril, le Canadien est aussi près des Jets de Winnipeg et du troisième rang dans la division canadienne – avec un match en mains en prime – que les Flames sont près de lui et du quatrième rang.

 

Loin de moi l’intention de prétendre que les choses vont bien chez le Canadien en ce moment. Mais elles ne sont peut-être pas aussi noires que plusieurs le croient.

 

Peut-être...

 

Il faudra cesser de s’effondrer

 

S’il veut mousser ses chances de terminer la saison régulière sur une note positive et surtout de causer une surprise une fois en séries, le Canadien devra cesser de s’effondrer dès qu’il encaisse le premier but d’un match.

 

Pour toutes sortes de raisons aussi mauvaises les unes que les autres, le Canadien n’a gagné que deux fois cette saison (2-13-5) lorsqu’il a été victime du premier but.

 

C’est mauvais?

 

C’est très mauvais!

 

C’est le pire résultat de la LNH au grand complet alors que même les Blue Jackets (3-15-3) et les Devils (3-17-5) ont plus de victoires que le Canadien. Vous direz qu’ils ont eu plus d’occasions de revenir de l’arrière que le Canadien, et c’est vrai. Mais quand même...

 

Des 16 clubs qui occupent actuellement les quatre premières places de chaque division, sept ont des fiches perdantes quand ils sont victimes du premier but.

 

Mais les Jets ont gagné 10 fois (10-13-1). Les Oilers, les Islanders, le Wild et même les Coyotes ont gagné neuf fois après avoir accordé le premier but. Les Bruins affichent huit gains (8-9-3).

 

L’Avalanche du Colorado affiche le dossier qui se rapproche le plus de celui du Canadien alors que Nathan MacKinnon et sa bande n’ont gagné que cinq fois après avoir accordé le premier but. Mais attention, ils ne l’ont accordé que 15 fois et ont quand même soutiré 12 points sur les 30 à l’enjeu alors que le Canadien s’est contenté de neuf points sur une possibilité de 40.

 

Source de satisfaction pour le Tricolore, l’une de ses deux remontées victorieuses après qu’il eut été victime du premier but du match a été réalisée aux dépens des Maple Leafs, le 13 février, à Toronto. Tirant de l’arrière 1-0 après deux périodes, le Canadien avait profité de buts sans riposte de Tyler Toffoli et de Brendan Gallagher pour arracher une victoire de 2-1.

 

Si le Colorado flirte avec Montréal en matière de difficulté à se remettre des premiers buts accordés dans un match, l’Avalanche domine toutefois la LNH avec 26 victoires (26-4-2) obtenues dans le cadre de matchs au cours desquels ils ont marqué le premier but. Le Canadien vient en milieu de peloton avec ses 19 victoires en 28 occasions (19-5-4).

 

Entre les lignes

 

-      Cole Caufield a été moins menaçant mercredi, qu’il ne l’avait été lundi à Calgary lors de son premier match en carrière. Jumelé à Nick Suzuki et Tyler Toffoli, face aux Leafs, Caufield a obtenu deux tirs, mais la rondelle a glissé de la lame de son bâton alors qu’il s’apprêtait à tirer de l’enclave en troisième sur ce qui a été sa meilleure occasion...

 

-      Jake Evans a une fois encore mercredi été l’un des joueurs les plus actifs du Canadien. Au sein d’un quatrième trio complété par Eric Staal et Michael Frolik – il a été rappelé d’urgence pour pallier l’absence de Tomas Tatar – Evans a été au centre de l’action et il a poussé les Leafs (Joe Thornton) à écoper une pénalité à ses dépens.

 

-      La combativité d’Evans a donné au Canadien la première de ses deux attaques massives. Il a été blanchi lors des deux occasions obtenant un total de quatre tirs. À noter qu’Alexander Romanov et Cole Caufield se sont retrouvés au sein d’une même unité d’attaque à cinq en compagnie de Nick Suzuki, Tyler Toffoli et Corey Perry...

 

-      Cédé au club de réserve lundi afin de créer de l’espace sous le plafond salarial pour insérer le contrat de Cole Caufield, Alexander Romanov a été rappelé pour le match de mercredi. Le Canadien a donc utilisé le quatrième et dernier rappel régulier à sa disposition jusqu’à la fin du calendrier régulier...

 

-      Conséquence de l’utilisation de ce dernier rappel régulier, Cole Caufield, Jake Evans, Michael Frolik et Cayden Primeau sont susceptibles de terminer la saison au sein de l’équipe de réserve où ils seront retournés au fur et à mesure que les blessés reviendront. Le Canadien pourra choisir qui de Caufield, Frolik ou Evans, il enverra. Compte tenu du fait que Jonathan Drouin a été placé sur la liste des blessés à long terme – il ne pourra revenir avant les séries – un de ces trois joueurs de réserve restera avec le grand club jusqu’à la fin de la saison...

 

-      La présence de Jonathan Drouin sur la liste des blessés à long terme donne au Canadien une marge de 5 820 001 $ – donnée provenant de CapFriendly.com – qui lui permettra de jongler à sa guise avec sa formation s’il doit effectuer d’autres rappels d’urgence d’ici à la fin de la saison régulière...

 

-      Rappelons qu’une fois en série, le Canadien et les 15 autres équipes qualifiées n’ont plus de limites de joueurs ou de plafond salarial à respecter...

 

-      Complice du troisième but des Leafs, un but marqué alors que Jon Merrill a fait dévier, derrière Jake Allen, un tir anodin décoché de la ligne bleue par Jake Muzzin, Joe Thornton a récolté sa 1100e passe en carrière. Jumbo Joe domine tous les joueurs actifs et occupe le7e rang dans l’histoire de la LNH. Il accuse un recul de 35 passes derrière Paul Coffey au 6e rang et de 55 derrière Jaromir Jagr au 5e rang. Wayne Gretzky (1963) occupe la première place...

 

-      C’est la photo d’équipe au Centre Bell jeudi. Le Canadien s’entraînera ensuite afin de préparer son dernier duel de la saison face aux Jets qui seront à Montréal vendredi. Lors des huit premiers matchs entre les deux clubs, le Canadien a maintenu un dossier de deux victoires, trois défaites et trois autres revers encaissés en prolongation...​