Dans les circonstances, je pense que Marc Bergevin a obtenu le maximum en retour de son capitaine Max Pacioretty, qui avait bien précisé qu'il ne voulait pas négocier une prolongation de contrat pendant la saison. Le Canadien aurait sans doute obtenu moins s'il l'avait échangé pendant la campagne ou à la date limite des échanges.

En retour, le Tricolore met la main sur Tomas Tatar, qui a déjà connu quatre saisons d'au moins 20 buts, l'ancien premier choix Nick Suzuki et un choix de deuxième ronde. L'offre était sur la table et elle était intéressante. Tatar est âgé de 27 ans et il lui reste trois ans à son contrat. Je me dis qu'il ne fait pas l'affaire, l'équipe pourra toujours l'échanger. Le club refuse d'utiliser le mot reconstruction parce que Shea Weber et Carey Price sont toujours avec la formation, mais de toute évidence, ça ressemble à une reconstruction. Suzuki devrait devenir un bon joueur. Ses statistiques dans les rangs juniors prouvent qu'il a du talent. Au Canadien de le développer.

Je pense que dans l'esprit du directeur général, il était primordial de trouver une solution à ce dossier avant le premier entraînement sur la glace, vendredi.  Avec Pacioretty dans le décor, c'est lui qui aurait retenu toute l'attention au détriment des autres joueurs. Cette transaction fait en sorte que certains joueurs auront moins de pression pour faire les séries. Je comprends que toutes les équipes veulent atteindre les éliminatoires, mais quand je regarde la situation à Montréal, force est d'admettre que l'objectif de la saison est la progression des jeunes.

Le point de non-retour avait été atteint dans ce dossier. J'ai côtoyé Max Pacioretty à quelques occasions durant l'été et c'est l'impression que j'ai. Je pense qu'on ne saura jamais réellement le fond des choses, mais je pense que le capitaine avait déjà fait son idée sur la situation tout comme la direction. J'ai l'impression qu'un a raconté une menterie et que l'autre a raconté un mensonge. On ne le saura pas.  Bergevin se devait de prendre tout le temps nécessaire pour maximiser les gains en retour du 67. Il fallait éviter de le perdre pour rien comme l'ont vécu les Islanders de New York avec John Tavares. Dans cette optique, je pense que Bergevin peut dire, mission accomplie.

 

Globalement, je retiens que Pacioretty a été un bon capitaine pour les partisans et pour les médias. Il a donné dix bonnes saisons au Canadien et gardons un bon souvenir de lui pour tourner la page.

On ne se mentira pas. Le Canadien n'est pas meilleur après cette transaction. Si Pacioretty avait encore été dans la formation, on aurait évoqué les séries éliminatoires du bout des lèvres. À la suite de son départ, je pense qu'on vient d'alléger les attentes et la pression sur les épaules de joueurs comme Brendan Gallagher ou Philipp Danault. Je souhaite sincèrement que l'on donne vraiment la chance aux jeunes de s'exprimer.

Si le gardien fait les arrêts et que le club reste en santé, on ne sait jamais ce que l'on peut découvrir. Un marqueur de 25 buts pourrait émerger. Des gars comme Nikita Scherbak ou Artturi Lehkonen doivent saisir leur chance. Il faut permettre aux jeunes joueurs de s'exprimer et il faut leur accorder du temps. Physiquement, le Canadien est moins imposant, mais il devrait être plus rapide. À mes yeux, la relance sera vraiment importante, mais en l'absence de Weber jusqu'en janvier, ça pourrait être plus difficile. Avec un club rapide, il faut que la relance se fasse rapidement pour bien contre attaquer. Si la passe n'arrive pas ou est imprécise, ça va ralentir les joueurs rapides. C'est peut-être le prochain dossier de Bergevin?

Le capitaine est essentiel

Avec le départ de Pacioretty, il est important de nommer un nouveau capitaine chez le Canadien. J'ai toujours cru qu'à Montréal, il était important d'avoir un joueur avec un C pour la relation avec le public, mais aussi avec l'entraîneur. Le capitaine est un peu le lien entre les joueurs et l'entraîneur. Les deux se passent des messages. Je ne crois pas à la formation d'un comité.  Comme entraîneur, j'aime mieux parler à un joueur plutôt qu'à quatre. Vous allez consulter d'anciens joueurs qui vous diront le contraire. Chacun à son opinion.

ContentId(3.1287419):Canadiens : Qui sera le prochain capitaine du Canadien (hockey)
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Quand j'étais entraîneur, je voulais un capitaine. Comme joueur, j'ai eu l'honneur d'être capitaine à trois reprises. Une fois chez les juniors et deux fois en Europe. Mon rôle était de faire le lien avec l'entraîneur, mais aussi de jaser avec certains joueurs quand c'était nécessaire. Ma perception du rôle de capitaine est de faire en sorte qu'il y ait une belle chimie dans le vestiaire et éviter la création de clans.

Le rôle de capitaine est plus important en 2018 qu'à l'époque où j'évoluais. Auparavant, on avait l'impression que certains joueurs étaient aussi importants même s'ils ne portaient pas le C de capitaine. Avant d'avoir un C, Serge Savard était déjà très respecté. Il pouvait se permettre de parler aux joueurs. Même chose pour Guy Lafleur ou Mario Tremblay. De nos jours, ça semble plus difficile si le joueur n'a pas de lettre sur son chandail. Un leader peut parler, mais il doit prêcher par l'exemple sur la patinoire en démontrant ses qualités de guerriers notamment.

Deux noms viennent à l'esprit pour remplacer Pacioretty. Il y a Brendan Gallagher qui représente l'image du Canadien. Il est impliqué et dévoué à chaque match. Il est un vrai guerrier sur la patinoire qui amène une émotion qui peut  transcender ses coéquipiers. D'un autre côté, on se doit de respecter un vétéran comme Weber, qui sera toutefois absent du jeu pendant plusieurs mois. On pourrait donc se retrouver sans capitaine sur la glace jusqu'en janvier.

J'aimerais que Claude Julien désigne le prochain capitaine après consultation avec ses assistants.

L'héritage de Marc Bergevin

Depuis la fin de la saison il y a deux ans, on a vu Alex Galchenyuk, Max Pacioretty, Alexander Radulov et Andrei Markov quitter le Canadien. Si on m'avait évoqué un tel scénario il y a deux ans, j'aurais été bien embêté. Marc Bergevin a tenté des choses depuis le début de son règne, mais les choses n'ont pas toujours tourné comme il le souhaitait. Il faut surtout éviter que ça se poursuive pendant cinq ans. Il faudra que les jeunes progressent, et ce, très rapidement.

Ce n’est pas une vente de feu parce que ça voudrait dire reconstruction, un mot à proscrire dans le vocabulaire du Canadien. On a déjà dit qu'on allait construire autour de Carey Price et de Weber pour gagner la coupe, mais on est encore vraiment très loin de là.

Price est un des leader de ce club et je souhaite qu'il ait une bonne attitude, une attitude de leader. Ça commence par faire le travail quand il est en poste, mais pour remporter la coupe Stanley, il devra accepter d'être patient s'il veut la gagner à Montréal.

Price se doit d'être plus positif en commençant par saluer les partisans à la fin des parties. Il n'est pas nécessairement un leader vocal, mais quand il va prendre la parole, j'ai l'impression qu'il sera écouté. C'est pour cette raison qu'il faut qu'il soit positif.

*propos recueillis par Robert Latendresse