Je ne sais pas ce qui est le plus désolant :

 

La quatrième défaite consécutive? Une première depuis la saison 1995-1996 alors que le Tricolore avait perdu ses cinq premiers matchs de la saison, séquence au cours de laquelle Jacques Demers et son patron Serge Savard avaient été congédiés – après le quatrième revers – pour être ensuite remplacés par Mario Tremblay et Réjean Houle…

 

Le fait qu’après s’être contenté d’un petit but lors de ses trois premiers revers, le Canadien s’est fait blanchir par Adin Hill et les Sharks venus de San Jose?

 

La passivité de l’attaque massive qui a été blanchie deux fois par les Sharks, mardi, et 13 fois de suite depuis le début de la saison?

 

La générosité des spécialistes du désavantage numérique qui ont été victimes de deux buts des Sharks en quatre tentatives? Deux buts qui gonflent à sept le nombre de buts marqués aux dépens des gardiens du Tricolore en 17 infériorités numériques ce qui donne un taux d’efficacité de 58,8 %...

 

Le fait que le Canadien soit maintenant la seule des 32 formations de la LNH à ne pas revendiquer le moindre point jusqu’ici cette saison? Les Flames (deux matchs disputés), les Jets et les Coyotes (trois matchs disputés) et les Blackhawks (quatre matchs disputés) affichent tous au moins un point au classement.

 

Vraiment : ça va de mal en pis sur la patinoire.

 

Plus de 5000 billets non vendus

 

De fait, ça va de mal en pis dans les gradins également.

 

Vous avez remarqué la foule mardi soir au Centre Bell? L’absence de foule en fait. Ou l’abondance de sièges vides. C’est selon.

 

Et contrairement à son habitude alors que le Canadien claironne depuis toujours avoir joué devant une salle comble bien que des sièges inoccupés sautaient aux yeux – parce que ces sièges inoccupés avaient été vendus – l’équipe a annoncé une foule de 16 095 alors que la nouvelle capacité après les rénovations effectuées au Centre Bell pendant la pause Covid est de 21 105 places.

 

Ça veut donc dire que pour la première fois depuis les années noires du début des années 2000, 5010 billets n’ont pas été vendus pour un match de saison régulière. C’est énorme! À ces 5010 sièges non vendus, on peut facilement ajouter autour de 1500 autres bancs que des détenteurs de billets ont décidé de ne pas venir occuper.

 

À la lumière du résultat de la rencontre et surtout de la façon dont le Canadien s’y est pris pour perdre, on ne peut pas dire que les absents ont eu tort de rester loin du Centre hier soir.

 

On ne peut pas dire non plus que ceux qui ont enduré l’horreur de match disputé par le Tricolore ont eu tort de huer copieusement leurs favoris chaque fois qu’ils touchaient à la rondelle en deuxième moitié de troisième période.

 

Le Canadien dira, et c’est vrai, que le feu vert pour la réouverture complète du Centre Bell vient d’être obtenu, ce qui a laissé bien peu de temps pour effectuer une vente agressive des billets.

 

Je veux bien.

 

Mais c’est du Canadien de Montréal dont on parle ici. D’une organisation qui se targue d’être LA référence dans la LNH. Que son amphithéâtre est la Mecque du Hockey. Que les partisans font la file pour assister à ses matchs.

 

Sans oublier que cette équipe vient de se rendre en grande finale de la coupe Stanley. Un exploit qui aurait dû justement mousser l’appétit des amateurs en quête d’une place au Centre Bell alors qu’ils se sont contentés de l’entourer par milliers lors des dernières séries éliminatoires.

 

Plus de 5000 billets non vendus – et ce même si des billets dans les rouges s’écoulaient à une soixantaine de dollars avant le match – près de 7000 bancs inoccupés aux quatre coins du Centre, c’est peut-être le point qui est le plus désolant de tous ceux qui se sont multipliés mardi soir.

 

Et il y en a eu beaucoup!

 

Un club déconnecté

 

Personne ne reprochera au Canadien ses revers aux mains des Maple Leafs et des Rangers. Ces deux matchs, le Tricolore les a perdus contre de bons clubs de hockey qui ont un brin mieux joué que lui. Mais dans ces deux matchs, le Canadien s’est battu.

 

Contre les Sharks mardi, au Centre Bell, contre les Sabres, mercredi dernier, à Buffalo, le Canadien ne s’est pas battu. Que non! Il s’est écrasé. Il a été incapable d’égaler la passion et l’aplomb affichés par ses adversaires.

 

Et il s’est fait planter!

 

« La "game" est généralement honnête. De la façon dont on a joué, on ne méritait pas de gagner », que l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a convenu après la défaite aux mains des Sharks.

 

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Le coach a aussi admis que son équipe était déconnectée en ce moment. Que les joueurs connaissent et comprennent le système de jeu. Son système de jeu. Qu’ils savent ce qu’ils doivent faire. Où aller sur la patinoire. Quoi faire selon les circonstances qui se présentent à eux.

 

Mais en dépit de tout ça, ils n’arrivent simplement pas à respecter le système. À l’appliquer. Que ce soit avec ou sans la rondelle; à cinq contre cinq; en avantage numérique et bien sûr à court d’un homme comme en témoignent les résultats lamentables du Canadien lorsque les unités spéciales posent les patins sur la glace.

 

Le plan de match c’est le coach qui l’élabore. Qui l’enseigne. Ce sont les joueurs qui doivent ensuite l’exécuter. Ou au moins de faire l’effort nécessaire pour y arriver.

 

Mais quand des joueurs ont l’air aussi mélangés que des milliers de Smarties dans un baril de 45 gallons dès qu’ils sont sur la glace, et c’est le cas des joueurs du Canadien depuis le début de la saison, c’est au coach de trouver une nouvelle façon de brancher les fils.

 

Ou de faire passer son message si vous préférez.

 

Mercredi dernier, à Buffalo, après le match lamentable que ses joueurs venaient de disputer face aux Sabres, Dominique Ducharme a décidé de les fouetter en lançant que ça faisait «trois mois qu’ils se faisaient dire qu’ils étaient bons, beaux et fins avec, comme conséquence, qu’ils avaient perdu de vue ce qui leur avait permis de se rendre en finale de la coupe Stanley l’été dernier.

 

Cette sortie était justifiée.

 

Mais une telle sortie, si tôt en saison, est difficile à répéter deux matchs plus tard. Elle place le coach dans une situation délicate, car il ne peut se permettre d’y aller en crescendo sans risque de voir un joueur ici et un autre là décider de lui tourner le dos.

 

ContentId(3.1396008):Dominique Ducharme : « En 1re on s'est battus nous-mêmes » (Canadiens)
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Avec l’effet pervers que cela peut entraîner.

 

Quand j’ai demandé à Dominique Ducharme s’il était difficile d’élever la voix, de sortir le fouet ou de serrer la vis deux matchs seulement après l’avoir fait une première fois, le coach s’en est remis au leadership de ses joueurs.

 

«On a un bon groupe dans le vestiaire. On a des choses à faire et on va les faire», que le coach a lancé avec assurance.

 

On verra si les effets bénéfiques aideront la cause de son équipe dès jeudi. Car contre des Hurricanes de la Caroline qui ont gagné leurs deux premiers matchs de la saison, le Canadien croisera une formation bien meilleure que celles des Sharks et des Sabres.

 

Si les «Canes» feront sans doute la vie dure au Canadien sur la glace, le retour de Jesperi Kotkaniemi aidera certainement à vendre quelques billets de plus.

 

On se console comme on peut!

 

Entre les lignes

 

  • À son premier match dans l’uniforme du Canadien, Mike Hoffman n’a pas trouvé le fond du filet. Il n’a pas fait débloque l’attaque massive. Mais attention, il a réalisé un des rares beaux jeux du Canadien en complétant un magnifique repli défensif à la droite du gardien Jake Allen. Le monde à l’envers vous dites?

 

  • Réclamé après que les Leafs l’eurent soumis au ballottage, Adam Brooks n’a rien cassé à son premier match avec le Tricolore. Son trio – il remplaçait Jake Evans au sein du troisième – a été, comme les autres, plutôt invisible et il n’a gagné que deux des dix mises en jeu qu’il a disputées…

 

  • Après avoir amorcé le match à la droite d’Adam Brooks et Mike Hoffman, Brendan Gallagher a remplacé Cole Caufield à la droite de Nick Suzuki et Tyler Toffoli. On attend toujours les résultats…

 

  • Limité à trois tirs en première période, le Canadien n’a pas même créé une seule occasion de marquer au cours du premier tiers. En deuxième, Christian Dvorak a frappé un poteau et Josh Anderson a été stoppé plus tard en échappée. Si on ajoute à ces deux jeux la barre transversale frappée par Cole Caufield en troisième, je crois qu’on obtient là les trois faits saillants offensifs du Canadien dans le match…

 

  • Embauché par le Canadien pour son potentiel offensif, Chris Wideman a décoché huit tirs mardi soir. Un seul a touché la cage défendue par le gardien Adin Hill…

 

  • Le nom d’Adin Hill ne vous dit pas grandchose? C’est normal. Choix de troisième ronde des Coyotes de l’Arizona en 2015, il disputait son 51e match en carrière dans la LNH (43e départ), son deuxième dans l’uniforme des Sharks. Il est toujours invaincu avec San Jose et revendique une fiche de 2121-4 avec quatre jeux blancs; les trois premiers obtenus avec les Coyotes…

 

  • Timo Meier qui a marqué un but et ajouté deux passes contre le Canadien mardi a cadré sept des 12 tirs qu’il a dirigés vers Jake Allen. «Timo donnait l’impression d’être un adulte jouant avec des enfants tant il était dominant ce soir», a commenté Bob Boughner, l’entraîneurchef des Sharks…

 

  • Victime de cinq buts sur les 25 tirs décochés par les Sharks, Jake Allen a connu une soirée difficile sur le plan statistique. Mais il ne peut être blâmé dans la défaite. Je n’ai pas aimé le but accordé à Meier (le 4e) sur un tir du côté court. Sur les autres, il avait soit la vue voilée où n’a jamais eu le temps de réagir comme ce fut le cas sur le cinquième marqué par Kevin Labanc qui a décoché un boulet lors d’une attaque massive en s’approchant du filet alors qu’Alexander Romanov n’a rien fait pour lui compliquer le travail…
ContentId(3.1396009):Canadiens : Sharks 5 - Canadiens 0 (LNH)
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