Ce premier but en carrière de Cole Caufield ça faisait un moment qu’on le sentait venir.

Il est passé proche dès son premier tir, lors de sa première présence de son tout premier match. Il est passé proche lors de sa deuxième partie aussi. De fait, Caufield est passé proche plusieurs fois en raison de sa capacité à se dégager en zone payante et surtout sa grande habileté à décocher de bons tirs dès que l’occasion se présente.

Mais comme tout le monde le sait, passer proche c’est juste bon aux fers et à la pétanque!

Samedi contre Ottawa, l’odeur de ce premier but était plus persistante. Comme je me plais souvent à le souligner, on sentait ce but venir comme on sent un putois en santé s’approcher.

Caufield aurait pu marquer sur l’un ou l’autre des deux tirs qu’il a cadrés sur la cage des Sens. Ou sur les trois autres qui ont raté la cible ou été bloqués en défensive.

Mais après avoir suivi les huit dernières minutes de la troisième période du banc – à ceux qui critiquaient Dominique Ducharme pour cette décision, les joueurs qu’il envoyait sur la patinoire hachaient tellement finement les « Sens » qu’il aurait été bête de ne pas continuer à miser sur eux – après avoir attendu la deuxième vague de changements en prolongation, Caufield s’est élancé sur la patinoire. Il a profité de l’épuisement de Brady Tkachuk – il a passé toute la prolongation (2 min 25 s) sur la patinoire – de l’inattention de Tim Stützle et du manque de communication avec son défenseur Erik Brannstrom pour se présenter seul à l’embouchure du filet où Jeff Petry lui a offert la passe qui lui a permis de marquer ce but historique.

Et le mot historique n’est pas exagéré. Car c’est la deuxième fois seulement de l’histoire du Canadien qu’une recrue inscrit son premier but en carrière en prolongation. La première depuis le 11 décembre 1941 alors que Gerry Heffernan avait donné la victoire au Canadien aux dépens des Maple Leafs.

Ce but historique n’a pas propulsé Heffernan vers une longue carrière. Mais en trois saisons avec le Tricolore, l’ailier droit dont le gabarit rappelait celui de Caufield a marqué 33 buts et récolté 68 points au fil des 85 matchs qu’il a disputés au sein du trio immortalisé par le surnom « Razel Dazel ». Il a aussi soulevé la coupe Stanley en 1944.

Pas question ici de partir en peur avec Caufield. Encore moins question de commettre la même erreur commise lorsque Ryan Poehling a auréolé son premier match en carrière avec un tour du chapeau et un but décisif en tirs de barrage.

Mais il y a une grosse différence entre Poehling et Caufield. Une très grosse.

Les quatre buts marqués par Poehling lors de son premier match tenaient de l’anecdote. Le premier de Caufield confirme sa vraie nature.

Caufield est un marqueur. Et c’est une très bonne chose qu’il ait dû patienter jusqu’à son quatrième match pour finalement toucher le fond du filet. Car au fil de ces quatre matchs, il a cadré neuf tirs et dégainé 19 fois au total. Pas toujours des tirs de qualité, c’est vrai. Pas toujours de sensationnelles occasions de marquer, c’est vrai aussi.

Mais d’un match à l’autre, d’une présence à une autre, d’un trio à un autre, il a toujours démontré la même attitude sur la patinoire, le même sérieux, le même objectif : faire ce qui doit être fait en zone défensive – il a encore des choses à apprendre sur le marquage des adversaires dans son territoire, mais c’est tout à fait normal – et prendre les moyens pour générer de l’attaque à l’autre bout.

Et ça, Caufield l’a. C’est inné. Ça saute aux yeux.

Combien de buts marquera-t-il? Pas la moindre idée. Mais le but qu’il a inscrit samedi soir est le premier d’une longue série. Et j’ai l’impression que cette petite boule d’énergie trouvera souvent le moyen de marquer des buts importants.

Quand j’étais petit et qu’on jouait au hockey sur la rue Anjou, à Sherbrooke, c’est toujours avec un but en prolongation, marqué lors du septième match de la finale de la coupe Stanley que les matchs se terminaient.

Caufield marquera peut-être un jour un tel but. Qui sait, c’est peut-être même ce but qui donnera au Canadien sa 25e coupe Stanley.

D’ici là, Caufield pourra se « contenter » avec le fait que son premier but confirme pratiquement la place du Canadien en séries.

Quelle place? Ça reste à déterminer.

Seule équipe de la LNH en congé samedi, les Jets seront à Ottawa lundi. Le Canadien recevra alors les Maple Leafs. Une victoire du Tricolore combinée à un revers des Jets et les deux clubs se retrouveront nez à nez. De quoi rendre la fin du calendrier plus intéressante et surtout offrir aux joueurs du Canadien un objectif susceptible de les motiver à prolonger leur récente série de succès.

Et les Flames? Leur défaite de 4-1 aux mains des Oilers samedi soir ferme pratiquement les livres quant à leurs chances de se hisser au quatrième rang. Je sais! Mathématiquement c’est possible. Mais rien qu’à voir les mines des joueurs des Flames à leur sortie de la patinoire après la défaite, il était clair que les chances mathématiques ne faisaient pas le poids avec les chances réelles…

Enfin une série de deux...

Au-delà le premier but en carrière de Caufield, le Canadien a finalement réussi à coller deux victoires de suite samedi. C’était la première fois en 17 matchs. La première fois depuis des gains de 4-0 aux dépens des Oilers et de 4-1 contre Ottawa les 30 mars et 1er avril dernier.

Le Canadien ne s’est pas facilité la tâche pour coller cette deuxième victoire. Il l’a même compliquée pas mal en laissant les «Sens» prendre les devants 2-0.

Misérable depuis le début de la saison lorsqu’il accorde le premier but (4-13-2-3), plus encore lorsqu’il se retrouve avec un recul de 0-2 (3-9-1-3) ou simplement avec un recul de deux buts sur les bras (3-18-2-1), le Canadien a comblé un recul de deux buts pour la troisième fois en deux matchs samedi. Il a aussi réalisé sa deuxième remontée victorieuse consécutive de plus d’un but.

Ce n’est pas rien.

Surtout qu’il l’a fait avec Cayden Primeau devant le filet et sans les services de Shea Weber, Brendan Gallagher, Tomas Tatar, Jonathan Drouin et Paul Byron.

Petry, Suzuki, Toffoli

En l’absence de Weber, Jeff Petry a disputé un autre match solide. Et cela dépasse le fait qu’il a finalement mis un terme à sa disette de 23 matchs sans but.

Petry a pris la brigade défensive en mains. Oui il est encore capable de grosse bourde de temps en temps. Mais dans l’ensemble, il joue du gros hockey. Ses six points à ses sept derniers matchs en témoignent.

À l’attaque, l’association Nick Suzuki - Tyler Toffoli porte fruit. Après un long passage à vide – le reste de l’équipe était aussi au neutre – Suzuki affiche quatre buts et sept points à ses cinq derniers matchs. Plus que cette production offensive, il se comporte comme le centre de premier trio qu’on a vu l’été dernier lors de la reprise des activités dans la LNH. Le centre qu’on voyait en janvier dernier et qui s’est éclipsé par moment en février et mars.

C’est ici qu’on doit rappeler à tous et toutes qu’il écoule sa deuxième année dans la LNH.

Je ne sais pas si c’est Suzuki qui fait du bien à Toffoli, si c’est l’inverse, ou si c’est une combinaison des deux, mais Toffoli a marqué dans six de ses sept derniers matchs et affiche une récolte de huit buts et 10 points à ses 10 dernières parties.

Une production qui fait contrepoids à celle de Josh Anderson (2 buts, 2 points à ses 10 derniers matchs) qui ne ménage aucun effort sur la patinoire, mais qui ne voit pas ces efforts être récompensés pour le moment...

Entre les lignes

Les Sénateurs ont eu gain de cause après avoir contesté un but marqué par Suzuki en troisième. Suzuki a décoché un puissant et précis tir des poignets de l’enclave, mais les responsables de Toronto ont jugé que Corey Perry avait empêché Filip Gustavsson d’au moins tenter d’effectuer l’arrêt. Vrai qu’il y ait eu contact entre Perry et le gardien des « Sens ». Mais sur la décision initiale, l’arbitre indique clairement que ce contact a eu lieu hors de la zone protégée. En plus, le défenseur Artem Zub poussait le gros attaquant du Canadien vers son gardien. Tout ça pour dire que je me suis fait avoir, car j’étais convaincu que le but serait accordé...

Suzuki s’est bien repris en servant une passe parfaite dans l’enclave à Toffoli qui a su en profiter pour marquer son 27e but de la saison. C’était la huitième fois que Toffoli créait l’égalité depuis le début de la saison. Il revendique aussi sept buts qui ont donné les devants au Canadien par un but et six autres qui ont permis de prendre une avance de deux buts...

Toffoli domine aussi le Canadien avec 10 matchs de deux points et plus cette saison...

Bien qu’il ait accordé deux buts sur 23 tirs, Primeau a connu une bonne sortie dans le cadre de sa deuxième victoire en carrière. Il a d’ailleurs joué un peu de chance en début de rencontre alors que des tirs de Josh Brown et Connor Brown ont frappé la barre transversale...

C’est aux dépens des « Sens », le 11 décembre 2019, que Primeau avait signé son premier gain en carrière. Une victoire de 3-2... arrachée en prolongation!

Le Canadien a décoché 74 tirs samedi soir contre les Sénateurs. C’était la huitième fois cette saison qu’il décochait plus de 70 tirs – son plus haut total est 79 dans un gain de 5-1 à Vancouver le 24 mars – au cours d’un même match. Le Tricolore a gagné quatre de ces huit parties (4-2-2-0)...

Le Canadien a écopé, samedi, une cinquième pénalité cette saison pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire...

C’est congé dimanche...