MONTRÉAL - Tyler Toffoli et Brendan Gallagher ont fait bien plus que propulser le Canadien vers une victoire ô combien nécessaire, samedi, à Toronto.

 

En marquant le but égalisateur et le filet gagnant en début et fin de troisième période, Toffoli et Gallagher ont sauvé leurs coéquipiers, leur entraîneur-chef Claude Julien et leur directeur général Marc Bergevin de la semaine misérable qui les attendait en cas de défaite.

 

« La pression était forte. Il fallait gagner » que Claude Julien a d’ailleurs candidement reconnu après ce gain de 2-1 qui a sauvé son équipe de l’affront d’une troisième défaite de suite et d’une glissade en spirale de quatre revers en cinq matchs.

 

S’il avait perdu, Claude Julien aurait sans l’ombre d’un doute été plus évasif dans ses réponses. Plus expéditif. Plus abrasif devant les questions difficiles, mais nécessaires, qu’il aurait essuyées.

 

Au lieu de dénouer sa cravate comme il a pu le faire une fois assis à bord de l’avion qui a ramené son équipe à Montréal avant minuit, le coach aurait passé l’envolée à bout de souffle tant la pression des défaites aurait été étouffante.

 

Cette pression aurait ensuite miné sa nuit.

 

Elle aurait miné tout autant son dimanche. Un dimanche de congé pour ses joueurs. Mais un dimanche au cours duquel le coach aurait broyé du noir au lieu de profiter lui aussi d’un congé. Un dimanche au cours duquel il aurait passé des heures à chercher des pistes de solutions pour relancer son club dès son retour à l’entraînement lundi.

 

Un dimanche au cours duquel plusieurs amateurs auraient toutefois réclamé que Julien ne soit plus en poste lundi.

 

Claude Julien aurait-il pu perdre son job si son club avait perdu samedi, à Toronto, au lieu d’effectuer une première remontée gagnante cette saison?

 

Je ne crois pas. Malgré les critiques acerbes qui se multipliaient au fil des dernières défaites et qui s’intensifiaient au fil des performances insuffisantes de ses joueurs, je trouve toujours que Claude Julien est non seulement un excellent entraîneur-chef, mais tout indique qu’il a encore le plein contrôle de son équipe.

 

Mais si le Canadien avait perdu, il aurait été normal que cette hypothèse soit lancée. Surtout que le Tricolore amorce une semaine complète de pause alors qu’il disputera son prochain match samedi prochain seulement, encore contre les Maple Leafs, qui seront les visiteurs au Centre Bell.

 

Après cette pause, le Canadien jouera pratiquement un match tous les deux soirs jusqu’à la fin de la saison régulière. Un rythme qui est loin de permettre à un nouveau coach de débarquer dans un vestiaire, de présenter et d’implanter un nouveau système tout en disputant des matchs à un rythme tellement accéléré qu’il est difficile, voire impossible, de multiplier des entraînements de qualité.

 

Derrière un club renforcé qu’il doit mener aux séries, Claude Julien a un devoir de résultats cette année. Et comme la saison s’étend sur 56 matchs seulement, il sait très bien qu’il ne peut se permettre des passages à vide comme les deux séquences de huit matchs consécutifs sans victoires – une de 0-5-3 et une autre de 0-7-1 – qui ont miné la saison 2019-2020.

 

Un revers samedi aurait donc pu ouvrir la porte à un changement. Surtout que c’est justement à l’aube d’un congé semblable que Claude Julien est venu remplacer Michel Therrien il y a quatre ans aujourd’hui.

 

Mais Claude Julien a gagné.

 

Ça ne veut pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes pour son équipe. Que le Canadien multipliera à nouveau les buts et enfilera les victoires comme il le faisait en début de saison.

 

Encore hier, le Canadien a tiré en rafales. Il a d’ailleurs décoché 16 tirs de plus (56-40) que les Leafs. Mais non seulement la très grande majorité de ces tirs venaient de l’extérieur de la zone payante, plusieurs (20) ont été stoppés avant qu’ils ne se rendent à Frederik Andersen et 11 ont simplement raté la cible.

 

Avant qu’ils ne se mettent à jouer du vrai hockey au troisième tiers, avant qu’ils ne se mettent à patiner pour éviter d’être embourbés en zone neutre dans leurs transitions offensives, avant qu’ils ne se mettent à afficher un brin d’intensité dans leur échec avant, les joueurs du Canadien se complaisaient dans la médiocrité des derniers matchs.

 

« On a encore beaucoup de travail à faire et bien des choses à améliorer », a d’ailleurs assuré le coach du Canadien.

 

Mais avec une récolte de 20 points (9-4-1-1) sur les 30 disponibles après 15 rencontres, Claude Julien et son équipe sont toujours au plus fort de la course.

 

À défaut de réduire au silence tous ceux et celles qui lui imputent la responsabilité de tous les insuccès de son équipe, cette fiche devrait au moins atténuer les critiques… du moins en partie!

 

Danault-Gallagher-Toffoli

 

La remontée gagnante n’a pas seulement sauvé le dimanche, la semaine et peut-être le job de Claude Julien.

 

Elle a sauvé Phillip Danault et Brendan Gallagher tout autant.

 

En panne sèche à l’attaque depuis le début de l’année, Danault s’est lui-même cloué au pilori en se faisant voler la rondelle derrière son but par Auston Matthews. Le franc-tireur des Leafs l’a remise à son complice Mitch Marner qui a lancé les Leafs en avant 1-0.

 

Qu’un centre défensif en arrache à l’attaque passe toujours. Mais qu’il perde bêtement une bataille pour une rondelle libre en zone défensive et que cette bévue mène directement à un but de l’adversaire, ça ne passe pas. Et c’est normal.

 

Déjà qu’il joue nerveusement depuis le début de l’année, Danault s’est retrouvé dans une bien vilaine de situation. Surtout qu’il a été le centre le plus utilisé du Canadien parce que c’est son trio qui devait contrer celui de Matthews.

 

Plus le match avançait, plus les choses se compliquaient.

 

Le travail de Gallagher le long de la bande a permis à Danault d’effectuer une belle passe dans l’enclave à Tyler Toffoli qui a réussi à faire ce qu’il fait de mieux : marquer des buts. Toffoli a inscrit son 10e de l’année, son premier avec ses nouveaux compagnons.

 

Toffoli a aussi contribué au but gagnant marqué par Brendan Gallagher qui a stoppé une rondelle tirée de la pointe par Jeff Petry pour ensuite la glisser derrière le gardien des Leafs.

 

Bon! Il faudra que Danault et Gallagher jouent beaucoup plus souvent comme ils l’ont fait en troisième période plutôt que de se contenter de demi-mesures comme ils l’avaient fait lors des deux premières périodes et lors de récentes parties.

 

Je sais : ce n’est pas facile d’être toujours la pédale au fond et de sortir gagnant de la majorité à défaut de la totalité des batailles pour les rondelles en zone offensive, en zone défensive et le long des bandes. Mais c’est le prix à payer quand tu as touché le gros lot comme l’a fait Brendan Gallagher au cours de la saison morte et comme espère le faire Phillip Danault.  

 

Vol du Canadien? Don des Leafs?

 

Tout autant que les buts de Toffoli et de Gallagher au dernier tiers, les arrêts de Carey Price ont sauvé le Canadien de la semaine misérable qui les attendait en cas de défaite.

 

Price a effectué 21 arrêts samedi. Un de moins que son vis-à-vis Frederik Andersen. Mais sans les arrêts de Price en première période – et le poteau à sa droite que les Leafs ont frappé deux fois plutôt qu’une sur des occasions en or – le Canadien n’aurait jamais eu la chance de revenir dans ce match.

 

Parce que les Leafs n’ont tiré que 25 fois sur sa cage, il est toutefois difficile de conclure que Carey Price a volé deux points à Toronto samedi soir.

 

Tout en soulignant le fait que le Canadien avait haussé son intensité en troisième alors que ses joueurs ont été incapables de le faire, l’entraîneur-chef des Leafs Sheldon Keefe semblait d’ailleurs plus enclin de parler d’un don effectué par son équipe que d’un vol perpétré à leurs dépens par le Tricolore et son gardien.

 

« Nous aurions pu prendre les devants par deux ou trois buts en première période. On ne l’a pas fait. Je ne sais pas si ces occasions ratées ont découragé nos joueurs ou les ont incités à croire que le reste de la partie serait facile. Mais de la fin de la première période jusqu’à la fin du match, nous avons joué mollement. À partir de la fin de la première période, nous étions lamentables sur la glace. Tu ne peux pas gagner dans cette ligue en jouant une période », que Keefe a déploré.

 

C’est pourtant ce que le Canadien a fait... mais bon!

 

Venus commenter la défaite l’un après l’autre, Mitch Marner, John Tavares et Auston Matthews semblaient tout sauf abattus par l’issue de la rencontre. On aurait juré qu’ils se disaient qu’avec encore sept matchs à disputer contre Montréal, ils auraient non seulement l’occasion de se reprendre, mais de creuser l’écart devant le Canadien.

 

Il faut dire que les Leafs n’avaient pas de quoi sombrer dans un profond désarroi après la défaite. Ils ont encaissé samedi leur premier revers en temps réglementaire en 10 matchs. En prime, ils croiseront les Sénateurs trois fois consécutives cette semaine à Toronto, avant de visiter le Centre Bell samedi prochain.

 

Les « Sens » ont beau avoir battu les Leafs 5-3 en début de saison, disons que Marner, Tavares, Matthews et compagnie partent largement favoris dans le cadre de cette séquence de trois matchs entre les deux rivaux de l’Ontario.

 

Entre les lignes

 

Meilleur marqueur du Canadien l’an dernier (22 buts, 61 points en 68 rencontres) Tomas Tatar a été laissé de côté samedi. Une décision surprenante, mais qui a permis à Claude Julien de secouer son équipe bien plus que s’il s’était simplement rabattu sur un simple changement au sein du quatrième trio. Avec quatre buts et huit points en 14 rencontres, Tatar n’était pas le seul joueur susceptible d’essuyer les foudres du coach. Mais après avoir perdu sa place avec Danault et Gallagher jeudi et avoir offert une performance décevante en matière d’intensité déployée, il était clair que la prochaine étape était le retrait de la formation...

 

Pour pallier l’absence de Tatar, Artturi Lehkonen s’est retrouvé en compagnie de Jesperi Kotkaniemi et Joel Armia. Ce trio n’a rien cassé à l’attaque. KK s’est toutefois signalé samedi en remportant six des huit mises en jeu qu’il a disputées...

 

Corey Perry a réintégré la formation au sein du quatrième trio. Il n’a toutefois pu se signaler en attaque massive, car pour la première fois cette saison, le Canadien n’a pas obtenu le moindre avantage numérique. Les Leafs en ont obtenu un seul...

 

Victor Mete a remplacé Brett Kulak à la gauche d’Alexander Romanov samedi. Mete n’a pas disputé un vilain match. Il s’est particulièrement signalé sur une séquence offensive alors qu’il s’est rendu en zone ennemie avec la rondelle avant d’offrir une belle passe à Tyler Toffoli qui a décoché un bon tir de l’enclave...

 

Le Canadien et les Leafs ont disputé seulement 35 mises en jeu samedi soir. C’est très peu. En moyenne, les centres du Canadien en disputent 58 par rencontre. La soirée la plus occupée s’est déroulée le 2 février dernier avec 72 mises en jeu opposant des joueurs du Canadien à des joueurs des Canucks...

 

Le Canadien a distribué 46 mises en échec au cours de match de samedi. C’est 30 de plus que le nombre de coups d’épaules assénés par les Leafs. Un tel écart pourrait s’expliquer par une forte intensité de la part des joueurs du Tricolore. Cet écart est toutefois davantage attribuable au fait que les Leafs ont eu le plein contrôle de la rondelle, ou presque, pendant les 40 premières minutes de jeu...

 

Le but de Tyler Toffoli en début de troisième période a mis un terme à une disette offensive de 109 mins 31 s. Le Canadien n’avait pas marqué depuis le but de Tomas Tatar en fin de troisième période, mercredi, dans la défaite de 4-2 du Tricolore aux mains des Maple Leafs...

 

Bon dimanche!