MONTRÉAL - On dirait bien que les succès obtenus avant Noël sont montés à la tête des joueurs du Canadien. Que les sept gains signés lors des 10 matchs qui ont précédé le congé des Fêtes ont donné l’impression aux joueurs du Tricolore qu’ils étaient meilleurs qu’ils ne le sont en réalité.

 

Qu’ils pouvaient se remettre à rouvrir toutes grandes les vannes, à miser sur l’offensive et à se contreficher de la défensive et qu’ils gagneraient encore.

 

Qu’ils gagneraient quand même.

 

Et pourtant!

 

Après avoir laissé le talent du Lightning effacer un recul de deux buts pour finalement lui infliger un revers de 5-4, à Tampa Bay, samedi, le Canadien s’est livré tout aussi bêtement à un duel talent-contre-talent avec les Panthers de la Floride 24 heures plus tard.

 

Avec les mêmes résultats.

 

Les Panthers ne forment pas un grand club de hockey. Du moins pas encore. À certains égards, ils ne sont pas vraiment meilleurs que le Canadien.

 

Mais le premier trio des Panthers est un vrai de vrai premier trio de la LNH. Un trio capable de profiter des largesses qu’il se fait offrir pour marquer des buts. Beaucoup de buts. Des buts importants. Des buts qui font la différence.

 

Et c’est exactement ce que Jonathan Huberdeau, Aleksander Barkov et Evgenii Dadonov ont fait dimanche soir. Ils ont enfilé quatre buts. Ils ont collectivement récolté neuf points. Ils ont collectivement maintenu un différentiel de plus 13 propulsant les Panthers vers une victoire de 6-5 aux dépens du Canadien qui vient donc de perdre deux matchs de suite et de reculer encore un peu plus loin d’une place en séries.

 

Des séries qui passeront rapidement de difficiles à impossibles à atteindre si le Tricolore continue à jouer du hockey de fantaisie. Le genre de hockey qu’on joue sur une patinoire créée sur un beau petit coin de lac glacé où on se retrouve pour y avoir du plaisir et non pour y déployer le genre de hockey nécessaire pour permettre à un «bon petit club de hockey» de battre de meilleures équipes de hockey. Ou plus simplement des équipes qui ont davantage de talent sur lequel s’appuyer.

 

Le Canadien a essayé de rivaliser but pour but avec les Panthers dimanche. Il a comblé un recul de 0-2 pour s’offrir une avance de 3-2. Ce qui est très bien. Mais au lieu de prendre des moyens pour protéger cette avance, il s’est simplement montré intéressé à agrandir l’écart avec comme résultat qu’il s’est fait poivrer quatre buts sans riposte.

 

Et boum! C’était fini.

 

Les plus positifs souligneront que le Canadien n’a pas lâché. Qu’il s’est démené. Qu’il a même trouvé le moyen de se rapprocher à un but d’envoyer le match en prolongation.

 

Comme samedi, à Tampa.

 

Mais comme samedi, il s’est rivé le nez à la porte du filet ennemi. Il est passé proche égaler les chances. Mais quand tu as le talent collectif du Canadien, tu te contentes souvent de simplement passer proche. Et comme passer proche, c’est juste bon aux fers et à la pétanque, il a encore perdu.

 

Et s’il joue de la même façon mardi, en Caroline, il complétera un voyage qui avait très bien commencé avec trois revers de suite. La troisième place de la division atlantique qu’il occupait pas plus tard que samedi dernier sera soudainement un lointain souvenir.

 

Price trop généreux

 

Après avoir rapidement pris les devants 2-0 au premier tiers samedi, le Canadien a ensuite été affreux défensivement à Tampa Bay.

 

Dimanche, il l’a été dès le début de la rencontre. Et ça ne s’est pas amélioré par la suite.

 

Vraiment pas!

 

Les attaquants et les défenseurs ont été bien trop généreux en temps et en espace offerts aux Panthers en zone défensive. Le long des bandes, dans les coins et même dans l’enclave.

 

Carey Price n’a pas fait le travail pour pallier les lacunes de ses coéquipiers. Il a mal paru sur les deux premiers buts qu’il a accordés. Des déplacements approximatifs, des positionnements déficients l’ont empêché de priver ses adversaires de l’avance de 2-0 dont il est en partie responsable.

 

Sans être mauvais sur les quatre autres buts, Price n’a pas effectué le ou les gros arrêts dont un club déjà vulnérable en défensive comme le Canadien a besoin pour se donner des chances réelles de victoire. Dans un match ou la défensive est complètement mise de côté, Price doit y aller de trois, quatre, cinq très gros arrêts pour se donner des chances de gagner.

 

Il ne l’a pas fait hier.

 

Comme il ne l’avait pas fait samedi. Ou pas assez.

 

L’équipe n’a pas bien joué défensivement devant lui lors des deux derniers matchs. Ça sautait aux yeux de quiconque se donnait la peine de regarder. Mais Price doit aussi être meilleur devant son but.

 

Tenez : Sergei Bobrovsky est loin d’avoir été parfait dimanche. Lui aussi a mal paru sur des buts du Tricolore. Lui aussi a été bien mal positionné par moment et s’est retrouvé en déséquilibre. Mais en fin de rencontre, «Bob the Goalie» a réalisé un très gros arrêt devant Ben Chiarot pour protéger l’avance de son équipe.

 

Le genre d’arrêt dont les Panthers avaient besoin pour gagner. Le genre d’arrêt que son rival n’a pas réalisé à l’autre bout.

 

Carey Price demeure le meilleur joueur de cette équipe. Le joueur le mieux payé. On ne peut lui demander de sauver toutes les gaffes de ses coéquipiers. De colmater toutes les crèches défensives qui minent son équipe. Mais il doit en faire plus qu’il n’en a fait lors des deux derniers matchs.

 

Avec un ou deux gros arrêts de plus, le Canadien aurait peut-être récolté un ou deux points de plus en perdant ces matchs qu’il méritait de perdre en prolongation ou tirs de barrage au lieu de les perdre en temps réglementaire.

 

Peut-être...

 

Carey Price joue beaucoup. C’est vrai. Il n’a pas de marge de manœuvre. C’est vrai aussi. Mais il doit composer avec ces deux réalités et surtout trouver une façon d’être meilleur devant son filet. De réaliser assez d’arrêts et surtout de gros arrêts pour sauver assez de gaffes commises par ses coéquipiers pour que même ses plus ardents détracteurs ne puissent lancer à son endroit les critiques acerbes avec lesquelles ils aiment lapider le gardien mal aimé du Tricolore.

 

Samedi à Tampa et dimanche à Sunrise, Price n’a pas été assez bon pour éviter les critiques lancées à son endroit. Il les a même attisées. À lui maintenant de les faire taire à nouveau comme il l’a fait au début du mois de décembre.

 

Un club amnésique

 

La relance du Canadien et surtout le retour du Tricolore dans la course aux séries passent bien sûr par de meilleures performances défensives de l’équipe.

 

À commencer par de meilleures performances du gardien.

 

C’est clair.

 

C’est qui est plus nébuleux, c’est de comprendre comment les joueurs du Tricolore peuvent bien croire en leurs chances de gagner lorsqu’ils se tournent vers l’attaque en laissant de côté toute notion défensive.

 

Il y a à peine un mois, le Canadien a encaissé huit défaites de suite. Pas quatre! Pas six! Mais bien huit défaites consécutives.

 

Huit défaites au fil desquelles ils ont été très souvent, trop souvent en fait, mauvais en défensive devant un gardien qui n’était lui non plus pas assez bon.

 

Au fil de ces huit revers, le Canadien a marqué 20 buts, mais en a accordé 38. Deux fois seulement, il a accordé trois buts et moins (deux) dans un match.

 

Difficile de gagner en étant aussi généreux. Presque impossible.

 

À force de marteler son message, Claude Julien a obtenu un resserrement de la défensive. Et le Canadien s’est mis à gagner. Dans la séquence de sept gains en dix parties qui a suivi son très long passage à vide, le Canadien a marqué 32 buts. Une nette amélioration. Mais il a surtout limité ses adversaires à 21 buts. Soit 17 buts accordés de moins malgré deux matchs de plus de disputés.

 

Si les joueurs du Canadien attendent encore de perdre huit fois de suite pour comprendre qu’ils n’ont pas le talent offensif – surtout avec les blessures qui les privent de Jonathan Drouin et Joel Armia – pour disputer le genre de matchs qu’ils ont disputés contre le Lightning et les Panthers, ils auront beau connaître ensuite une autre séquence de sept gains en dix matchs, leurs minces chances d’accéder aux séries seront déjà disparues.

 

En bref

  • Misez un huard ou deux sur les chances de Jonathan Huberdeau de récolter les honneurs au sein des étoiles de la dernière semaine et du mois de décembre dans la LNH. Avec ses deux buts et quatre points amassés dimanche, le Québécois a gonflé à cinq buts et 16 points sa récolte au cours de six derniers matchs.
     
  • Avec six buts et 22 points depuis le début du mois, Huberdeau domine tous les marqueurs de la LNH en décembre. Mitch Marner revendique 18 points en 11 rencontres et Artemi Panarin affiche le même nombre de points que Marner avec deux matchs de plus de disputer. Huberdeau, Marner et Panarin ont encore un match à disputer en décembre pour mousser leurs chances de se tailler une place au sein des étoiles mensuelles de la LNH...
     
  • Jonathan Huberdeau est rendu à 16 buts et 37 passes cette saison. Ses 53 points le hissent au sixième rang des marqueurs de la LNH, 10 points derrière Connor McDavid qui a toutefois disputé deux matchs de plus que le Québécois...
     
  • La deuxième défaite encaissée par le Tricolore en 24 heures a porté ombrage à une excellente sortie de Nick Suzuki dimanche face aux Panthers. La recrue a récolté trois passes. Il aurait pu en ajouter au moins une autre si Artturi Lehkonen avait été en mesure de profiter des occasions offertes par son jeune coéquipier. Suzuki a aussi lui-même frappé à la porte. À l’autre bout de la patinoire, Suzuki a été moins vulnérable défensivement qu’il ne l’avait été samedi à Tampa. Une nette progression pour celui qui est appelé à remplacer Joel Armia au sein du deuxième trio et qui a été plus efficace dans ses replis défensifs que son joueur de centre Max Domi...
     
  • Surutilisés en raison des lacunes du deuxième duo composé de Brett Kulak et Jeff Petry et de la jeunesse du troisième duo composé de Victor Mete et Cale Fleury, Shea Weber et Ben Chiarot en ont eu plein les bottines dimanche en Floride. Non seulement ont-ils terminé la rencontre avec des différentiels de moins-3 et moins-4, mais Weber et Chiarot ont directement contribué à des buts des Panthers. Weber a fait dévier le tir de Mike Matheson sur le sixième but des Panthers et Jonathan Huberdeau a utilisé la lame d’un patin de Chiarot pour marquer son premier but – le quatrième de son équipe – en tirant simplement la rondelle du coin de la patinoire...