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À voir les chandails du Canadien noyer de rouge les gradins du Rogers Arena et à entendre les « Go Habs Go! », « Carey! Carey! Carey! » et les « Olé! Olé! Olé! » chantés du début à la fin de la rencontre, on aurait cru que le Tricolore jouait au Centre Bell mardi soir.

Mais de la façon dont il jouait, il était clair qu’il jouait sur la route.

Car au grand plaisir des milliers partisans qui tenaient à ce que leurs favoris qu’ils croisent une seule fois par année se sentent les bienvenus à Vancouver, mais au grand désespoir des amateurs de Montréal qui n’ont pas eu droit bien souvent à ce genre de performance, le Canadien a encore disputé un de ses meilleurs matchs de la saison loin du Centre Bell.

Il en a même disputé un très bon.

Pourquoi le Canadien est-il meilleur sur la route qu’à la maison?

Difficile de répondre à cette question. Impossible même. Mais les résultats sont sans équivoque.

Fort de sa victoire de 3-1 aux dépens des Canucks, le Canadien affiche maintenant huit gains sur la route cette saison. Bon! Vous direz qu’il en revendique huit également au Centre Bell.

Contrairement aux 11 défaites qu’il a fait endurer à ses partisans montréalais, dont huit en temps réglementaire, le Canadien n’a perdu que sept fois sur la route jusqu’ici cette année. Et il a récolté des points dans 11 des 15 matchs disputés en territoire ennemi.

Le Canadien a battu les champions de la coupe Stanley à St. Louis. Vrai qu’il les avait aussi battus à la maison, mais quand même : de le faire une deuxième fois de suite et sur la route, ce n’est pas rien. Il s’est aussi payé les Capitals, à Washington, les Penguins, à Pittsburgh, les Coyotes et les Golden Knights en Arizona et au Nevada et les Maple Leafs à Toronto.

Pourquoi?

Avec deux buts en deux occasions, l’attaque massive a encore été meilleure sur la route qu’à la maison.

Même chose pour les spécialistes envoyés en désavantage numérique qui n’ont cédé qu’une fois en quatre occasions contre des Canucks.

Pourquoi?

Pour Vancouver, le retour à la « maison » ou près de la maison des Carey Price, Brendan Gallagher et Shea Weber doit sans doute jouer un rôle important. Surtout qu’ils sont entourés de parents et amis qui gonflent les hordes de partisans du Tricolore dans les gradins.

À Calgary jeudi, à Edmonton, samedi, à Winnipeg lundi, quelles seront les raisons expliquant que le Canadien est beaucoup meilleur sur la route qu’à la maison?

Bon! On va attendre de voir si le Canadien saura maintenir sa cadence actuelle sur la route et celle des dernières années lors de ses virées dans l’Ouest canadien. Mais admettez qu’il y a de quoi être surpris. Qu’il y a de quoi se poser des questions!

Price encore très solide

De retour dans son coin de pays, Price a été excellent. Non seulement a-t-il repoussé 38 des 39 tirs des Canucks, mais il a réalisé deux ou trois très gros arrêts qui ont changé le cours du match. Son arrêt devant J.T. Miller sur une échappée, un autre devant Brock Boeser sur un tir à bout pourtant, ont empêché les Canucks de prendre le contrôle de la partie.

Price a aussi été très solide en fin de rencontre – en désavantage numérique d’abord et avec son vis-à-vis Jacob Markstrom rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant ensuite – pour éviter toute tentative de remontée d’un club jeune, mais talentueux, qui semblait alors en voie de compliquer la tâche au Canadien.

Il a joué de chance en fin de rencontre avec une rondelle déviée qu’il a complètement perdue de vue et qui avait bien plus de chance de se retrouver au fond du but que sur la barre horizontale qui l’a freinée, mais quand un gars est bon, il met les chances de son côté.

Et depuis le début du mois de décembre, Price n’est pas seulement bon, il est très bon. Il fait oublier un mois de novembre difficile, voire très difficile.

Weber dans la fleur de l’âge

Et que dire de Weber?

Le vétéran défenseur a mal paru sur le premier but du match. Alors que le Canadien se défendait à court d’un homme, le capitaine aurait pu et dû se placer davantage dans le corridor de tir offert à Adam Gaudette qui a pu prendre bien son temps pour surprendre Price avec un tir parfait sur le côté court.

Mais après cette erreur, le capitaine a été dominant.

Et cela dépasse le but qu’il a marqué pour doubler l’avance au dernier tiers. Son 11e but de la saison. Son troisième en attaque massive. Son 28e point de la saison. Des totaux qui égalent sa production de buts et sa récolte de points pour l’ensemble de la saison dernière.

Mais en plus de multiplier les points comme à ses belles années avec les Predators à Nashville, Weber a passé près de 30 minutes sur la patinoire mardi à Vancouver. Exception faite de sa présence sur le but des Canucks, ses 26 autres ont été sans faille alors qu’il a imposé sa présence et s’est signalé dans toutes les facettes du jeu.

Il s’est même permis quelques coups déloyaux que les arbitres ont laissé passer parce que le capitaine du Canadien fait partie de ce groupe de joueurs qui peuvent s’en permettre – du moins des fois – plus que les autres. Je sais : ce n’est pas permis et ça ne devrait pas arriver. Mais c’est le genre de privilège que tu acquiers quand tu joues comme le fait Weber depuis si longtemps.

Surtout dans le cadre d’un match comme celui d’hier alors qu’il ne donne pas le moindre signe d’avoir pris de l’âge ou d’avoir ralenti. De fait, Weber joue en ce moment comme s’il était dans la fleur de l’âge.

Remarquez qu’il l’est peut-être encore...

Quand tes meilleurs joueurs sont meilleurs que les meilleurs joueurs de l’autre équipe, tes chances de gagner sont meilleures. Tout simplement.

Pourquoi les meilleurs du Canadien sont plus souvent meilleurs sur la route qu’à la maison? Je ne sais pas. Mais dans la situation actuelle, l’important n’est pas de répondre à cette question, mais de maintenir la cadence. Tout en espérant bien sûr qu’un moment donné, les meilleurs et le reste de l’équipe avec eux se mettront aussi à mieux jouer à la maison.

Sinon, le Canadien sera mieux accueilli à Vancouver, Edmonton, Calgary et Vancouver qu’il ne le sera chez lui au Centre Bell...

La pénalité à Cousins était justifiée

Le Canadien a eu gain de cause en contestant le 2e but des Canucks marqués après un hors-jeu que les juges de lignes avaient omis de signaler.

Au grand désespoir de ses partisans, le Canadien s’est toutefois retrouvé en désavantage numérique après cette décision renversant le but, même si l’infraction commise par Nick Cousins est survenue après le hors-jeu en question.

Comment diable Cousins a-t-il pu être chassé alors que le jeu n’existait même plus puisque les secondes écoulées après le hors-jeu raté ont ensuite été rajoutées au cadran une fois la décision finale rendue?

Parce que c’est la règle.

Eh oui! N’en déplaise aux fans outrés du Tricolore et à tous ceux et celles qui ont souligné le manque de logique dans cette affaire, le règlement 38.7 stipule que toute infraction (mineure ou majeure) signalée par les arbitres pendant la séquence annulée en raison de la contestation doit être maintenue.

Est-ce logique?

Dans un sens oui. Car les joueurs sont susceptibles d’être punis s’ils se rendent coupables d’une infraction pendant un arrêt de jeu.

Mais à en juger par l’indignation soulevée par cette pénalité – une indignation peut-être un brin gonflée par des doses massives de partisanerie – la règle devrait être révisée.

Ce qui ne devrait pas arriver...

Lehkonen : coupable ou non d’obstruction?

S’il était clair que le but des Canucks devait être annulé et tout aussi clair que la pénalité décernée à Cousins devait être purgée, il était beaucoup moins clair qu’Artturi Lehkonen s’est rendu coupable d’obstruction sur le gardien Markstrom. Un geste qui a privé Joel Armia d’un but.

La reprise ne permet pas d’arriver à une conclusion évidente. Du moins dans l’œil des profanes... ou des fans du Canadien.

Mais dans les bureaux de la LNH à Toronto, on a rapidement établi que Lehkonen avait privé Markstrom de la liberté de mouvement lui permettant d’avoir une chance d’effectuer l’arrêt.

Sur la reprise, on voit que Lehkonen est poussé par le défenseur Oscar Fantenberg. Mais les images démontrent que la poussée est mineure. On voit aussi que les tentatives de Lehkonen de ne pas nuire à Markstrom sont peu convaincantes. En fait, qu’elles ne l’ont pas été assez pour convaincre les responsables de l’application de ce règlement. Une application parfois nébuleuse, j’en conviens.

Mais aux partisans outrés du Tricolore, je pose une fois encore la même question : auriez-vous poussé les hauts cris, si un geste similaire de la part des Canucks à l’endroit de Price avait entraîné l’annulation d’un but marqué contre le Canadien?

Car oui, il ne faut pas oublier que la partisanerie amène aussi son lot de nébulosité.

Anyway!

Le Canadien a gagné. Il a gagné parce qu’il a bien joué. Et il se devait de gagner parce que la grande majorité de ses plus sérieux rivaux dans la course aux séries ont également gagné mardi.

Il ne reste qu’à comprendre pourquoi le Canadien joue si bien, si souvent, sur la route et qu’il joue si mal, trop souvent, à la maison.

En bref

  • C’était la troisième fois seulement cette saison que le Canadien se sauvait avec la victoire après avoir accordé le premier but dans un match. Il l’a fait le 12 novembre, au Centre Bell, alors qu’il était revenu de l’arrière pour battre les Blue Jackets de Columbus 3-2 en tirs de barrage. Il l’a fait aussi, la semaine dernière à Pittsburgh où il a marqué quatre buts sans riposte aux dépens des Penguins qui avaient ouvert la marque...

 

  • Tomas Tatar et Weber ont combiné leurs efforts pour marquer deux buts rapides (1 min 34 s) en début de troisième pour propulser le Canadien vers sa victoire de 3-1. C’était la 16e fois – en 12 matchs – que le Canadien y allait d’une séquence de deux buts rapides...

 

  • Weber a inscrit trois fois le 2e but d’une séquence de deux buts rapides du Tricolore. En plus du match de mardi, à Vancouver, il l’a fait le 10 décembre à Pittsburgh et le 15 novembre à Washington alors qu’il a marqué après Armia et Phillip Danault dans le cadre de victoires de 4-1 et 5-2 aux dépens des Penguins et des Capitals...

 

  •  Le Canadien présente un dossier de 10-1-1 jusqu’ici cette saison lorsqu’il enfile deux buts en cascade – en moins de 5 minutes – dans un même match...

 

  • Max Domi, qui a bien des choses à se faire pardonner et un sérieux manque à gagner offensif à compenser jusqu’ici cette année, a disputé un fort match mardi à Vancouver...

 

  • Cale Fleury joue du hockey solide depuis le début de la saison et quelques joueurs des Canucks – Antoine Roussel en tête – ont appris à leurs dépens que le jeune défenseur était également très solide sur ses patins...