Ce ne sont pas les éléments intéressants qui manquent par les temps qui courent dans l’entourage du Canadien et dans la Ligue nationale de hockey en général. Les dernières heures furent encore riches en événements de toutes sortes et c’est la conjugaison de deux événements successifs qui m’inspirent une première réflexion.

Commençons par la blessure à Sergeï Gonchar, qui pourrait s’avérer extrêmement lourde de conséquences si elle devait s’étirer. Résultat d’un coup sournois et totalement gratuit de la part d’un joueur qui patauge dans la médiocrité depuis son arrivée à Toronto, elle est l’exemple parfait de ce que la LNH semble toujours incapable d’enrayer et qui, en fin de compte, prive les amateurs de la présence de joueurs de talent qui rehaussent la qualité du spectacle. Elle est aussi le reflet d’une tendance un peu dépassée, qui accepte bêtement que le hockey devienne plus agressif, plus violent, plus « limite » durant la période des transactions et à l’approche des séries d’après-saison. Mais pourquoi donc se faire plus tolérant à partir du 1er février? Où cette loi est-elle écrite dans les règles du circuit?

On verra bien si David Clarkson sera éventuellement puni par Stéphane Quintal et son groupe. Chose certaine, il est essentiel que l’on tienne compte des circonstances qui entourent le geste. Ce n’était pas le fruit d’une situation de jeu en mouvement, ce n’était pas accidentel, ce n’était pas de la « légitime défense », Gonchar était vulnérable et Clarkson et son équipe ne gagnaient aucun avantage acceptable sur le plan sportif en le frappant de la sorte. Et puis le coupable est un récidiviste. Le dossier m’apparaît donc aussi clair que le geste d’Antoine Roussel à l’endroit d’Adam McQuaid (qui lui a valu deux matchs de suspension) ou celui de Dmitry Kulikov qui a percuté les genoux de Tyler Seguin et qui lui vaut une audience avec le préfet de discipline.

Ce qui nous amène à parler de Nathan Beaulieu. Il peut paraître un peu paradoxal de dénoncer une certaine forme de violence inutile dans la LNH et d’applaudir le geste d’un joueur qui jette les gants devant un autre. Mais dans le cas de Beaulieu, samedi soir, il est difficile de ne pas souligner la pertinence de sa réaction à l’endroit de Clarkson après qu’il eut frappé Gonchar. Ce fut une réaction spontanée qui s’explique fort bien dans les circonstances et qui, en toile de fond, va de pair avec le respect que Gonchar a su imposer rapidement dans l’équipe et la place de plus en plus grande que prend le jeune défenseur au sein de l’alignement du Canadien.

À maintes reprises depuis qu’il a trouvé sa niche aux côtés de son vénérable partenaire, Nathan Beaulieu a fait son éloge sans retenue. Il lui impute une large part de sa confiance accrue, de sa meilleure prise de décision, de sa meilleure lecture du jeu et surtout de la découverte d’un équilibre essentiel entre l’audace et la sagesse, ce qui est plus compliqué pour les défenseurs de cette nature. Par ailleurs, en causant avec lui, on sent une extraordinaire éclosion sur le plan de la maturité et on perçoit aisément chez lui un fort sentiment d’appartenance à ce groupe de joueurs qui étonne les observateurs depuis le début de la saison. Autrement dit, on le sent maintenant prêt à assumer toutes les facettes exigeantes de la vie au sein d’une équipe de la LNH, dont l’oubli de soi au profit du bien commun. En se dressant devant Clarkson, il en a fait la preuve hors de tout doute. Comme il en avait fait la preuve régulièrement depuis quelques mois, en faisant plusieurs petites choses fort valables en défense, mais qui vont parfois à l’encontre des statistiques offensives auxquelles il fut habitué lors de son cheminement professionnel.

L’ancien défenseur du Canadien Jacques Laperrière, qui fut longtemps considéré comme le meilleur instructeur des défenseurs dans la Ligue nationale, m’a dit à je ne sais combien de reprises à quel point il fallait être patient avec certains jeunes défenseurs. « C’est de loin la position la plus complexe au hockey », disait-il. « Et si on baisse les bras trop vite dans certains cas, on risque de se priver d’un joueur de talent pour plusieurs années ».

Chose certaine, la sagesse du bon vieux « Lappy » semble encore très juste dans le cas de Nathan Beaulieu. Et si elle s’avérait exacte également dans le cas de Jared Tinordi?

Les Predators en rajoutent

Ils étaient déjà l’une des plus belles surprises dans la LNH cette saison, avec un excellent noyau de jeunes joueurs, mais surtout en vertu d’une profondeur exceptionnelle de la ligne bleue jusqu’au filet. Voilà que les Predators de Nashville en rajoutent avec l’acquisition de Cody Franson, des Maple Leafs de Toronto. En s’ajoutant aux Shea Weber, Roman Josi et Seth Jones, entre autres, Franson viendra admirablement compléter une brigade qui excelle dans toutes les facettes du jeu, y compris l’aspect offensif. Imaginez un instant si Ryan Ellis était en santé!

Avec un Peka Rinne de retour d’une blessure, Peter Laviolette et la haute direction des Predators peuvent placer leurs espoirs très hauts en vue des séries du printemps. Qui l’aurait cru en octobre dernier? Sûrement pas votre humble chroniqueur en tout cas!