OTTAWA – Bill Guerin se dit persuadé que son bon ami Kent Hughes dispose des compétences nécessaires pour opérer, avec doigté, une forme de reconstruction à l’image de celle qu’il a effectuée avec le Wild du Minnesota. 

Comme Hughes le mentionnait lors de la conférence de presse de sa nomination, Guerin lui avait vanté l’idée que ce poste avec le Canadien était l’équivalent, au hockey, des Cowboys de Dallas ou des Yankees de New York.  

Quand il voit l’évolution du hockey, il considère que le parcours de Hughes arrive à propos. 

« Dans la réalité actuelle du sport, connecter avec tes joueurs, c’est au moins 50% du travail. Il faut développer des relations avec eux et s’assurer qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent physiquement et mentalement. Je crois assurément qu’il a un avantage, en ce sens, comme ancien agent. Il voit la business d'un œil différent et il sait exactement comment les joueurs pensent après tant d’années à composer avec eux », a analysé Guerin qui a joué 1263 matchs réguliers dans la LNH.  

Petit aparté, c’était fort intéressant que Guerin accepte un journaliste aussi chaleureusement dans sa petite loge. Il était encore plus heureux quand il a su qu’on voulait lui parler de Hughes. 

« Kent est une personne géniale et il est très intelligent. Je crois qu’il sera très bon pour le marché de Montréal et pour cette équipe. Il est plongé dans le milieu du hockey depuis si longtemps et quand tu ajoutes à cela qu’il est jumelé avec Jeff (Gorton), j’entrevois un brillant avenir pour eux », a exposé Guerin, mardi soir, au Centre Canadian Tire. 

On savait que Guerin préférait parler d’une reconstruction partielle pour décrire son boulot avec le Wild. Le mandat dont a hérité Hughes apparaît plus imposant, il suggère donc ces deux clés à son nouvel homologue. 

« La patience et s’entourer de bonnes personnes. Jeff a traversé ce processus avec les Rangers et on voit comment cette équipe se comporte désormais (3e rang de la division Métropolitaine). Ils savent ce qu’ils font. Je suis un grand fan de ces deux personnes, je pense qu’ils vont bien s’en sortir », a-t-il insisté. 

Avec le Wild et le Canadien, la délicatesse est de mise car les deux équipes évoluent dans un marché exigeant.  

« Ce n’est pas vraiment plus difficile puisque chaque dirigeant de la LNH est très compétitif. C’est sans doute pour les attentes que ça varie ou le niveau de patience pour la durée des changements », a réagi Guerin avant d’ajouter une touche d’humour. 

« Les rumeurs laissent croire que Montréal est un marché difficile, a-t-il lancé en riant. Ce sont deux dirigeants intelligents donc je crois que ça se produira rapidement. »

Rappelons que Guerin a eu à couper les liens avec Mikko Koivu, Zach Parise, Ryan Suter et Eric Staal. 

Surpris pour St-Louis, reconnaissant envers Hammond

Même s’il a été son adversaire pendant une décennie, Guerin admet qu’il ne s’attendait pas à voir Martin St-Louis aboutir derrière le banc du Canadien à ce moment. 

« J’étais un peu surpris, mais je trouve que c’est un bon geste dans le sens qu’avec de jeunes joueurs, quand tu déniches une personne comme Martin, c’est un respect instantané qui s’installe avec sa réputation. Il a tout accompli comme joueur, il détient la crédibilité et les joueurs vont l’écouter. Disons qu’il connaît assez bien le hockey », a-t-il prononcé. 

Ce qui a moins surpris Guerin, c’est que Hughes n’attende pas jusqu’à la date limite des transactions pour procéder à une transaction d’envergure, celle de Tyler Toffoli. Il est lui-même un partisan de cette approche pour éviter de succomber à une proposition en raison de la pression reliée à l’échéance. 

« Je ne connais pas les dessous de ce qui a mené à la transaction de Toffoli, mais j’aime ce qu’il a fait. S’ils sont heureux du retour, pourquoi attendre? À mon avis, ils ont obtenu beaucoup et ça m’apparaît être une transaction très équitable », a ciblé Guerin. 

Le dossier sur lequel Hughes a tardé, c’est celui de dénicher un gardien pour épargner Cayden Primeau qui traversait une période creuse. En Guerin, il a trouvé un partenaire pour attirer le vétéran Andrew Hammond (contre Brandon Baddock) sans devoir ajouter un contrat à son organigramme. A-t-il rendu, en quelque sorte, un service à son copain?  

« Ils recherchaient un gardien et on avait un besoin au niveau de la profondeur et des joueurs costauds. J’en ai parlé avec Kent durant une journée ou deux et ça convenait aux deux clans », a soutenu Guerin qui s’est empressé de vanter l’apport de Hammond avec son organisation. 

« Andrew est une bonne personne et tout un coéquipier, je pense qu’il fera bien avec le Canadien. Il a vraiment été merveilleux pour notre groupe, l’équipe passait toujours en premier pour lui, il a accompli tout ce qu’on lui a demandé. Je sais qu’il était un partisan du Canadien en grandissant et que c’est vraiment une belle sensation pour lui », a conclu Guerin en faisant référence aux longs mois passés par Hammond sur l’escouade de réserve, la saison dernière, sans jouer un seul match.