BROSSARD – Vous vous souvenez ce que vous faisiez le 16 décembre 2017? Shea Weber, lui, ne l’a pas oublié. C’était son dernier match dans l’uniforme du Canadien avant d’être relégué sur la touche pendant 345 jours en raison de quelques blessures significatives.

 

Facile de comprendre que l’attente a été extrêmement longue – et frustrante – pour le nouveau capitaine du Tricolore. On ne voudrait donc pas être le premier joueur qui se frottera à ses épaules robustes, mardi soir, lors de son retour à l’action contre les Hurricanes de la Caroline.

 

En sachant qu’il s’approchait de ce moment anticipé, il devait regarder la dernière partie contre les Bruins de Boston en voulant « briser ses chaînes ».

 

« J’étais impatient de jouer depuis bien plus longtemps que le dernier week-end. J’attends ce retour depuis un bon bout », a réagi Weber avec un sourire qui en disait long.

 

« J’aurais aimé jouer il y a un mois. Mais je comprends que c’était un processus et que je devais m’assurer de revenir quand j’étais bien prêt. On a investi bien du temps avec l’équipe médicale et les physiothérapeutes pour ma remise en forme », a indiqué Weber qui était tout de même content de pouvoir jouer avant le mois de décembre, le délai prévu initialement.  

 

Fidèle à sa personnalité, Weber n’a pas effectué de grandes révélations devant la presse, lundi. Ainsi, voici plutôt les réponses plus intéressantes de Claude Julien.

 

Le premier sujet qui retient l’attention, c’est que l’entraîneur a choisi de le jumeler à David Schlemko ce qui est loin d’être un choix unanime des partisans. À vrai dire, ce ne l’était pas au sein du groupe d’entraîneurs non plus.

 

« On a regardé différents scénarios. On a placé Schlemko avec Weber pour l’entraînement, mais ça ne veut pas dire que ça restera ainsi pour mardi. Avec Shea qui n’a pas joué pour près d’un an, on voulait un défenseur avec de l’expérience et qui est calme avec la rondelle. Si ça ne fonctionne pas, il y a d’autres plans. (Victor) Mete a bien joué avec lui l’an dernier », a expliqué Julien en évoquant Mete dès sa première réponse.

 

La grande question demeure de déterminer l’impact de Weber à la suite d’une absence aussi considérable.

 

« Il paraît bien à l’entraînement, j’étais quand même surpris de voir comment il se débrouillait. Il est alerte avec la rondelle et il voit bien le jeu. On va l’observer de plus près lors de ses premiers matchs. Mais on répète toujours les mêmes choses avec un gars qui revient d’une longue absence : il devra garder son jeu simple et prendre le temps de retrouver son rythme », a ajouté l’entraîneur.

 

« Dans mon opinion à moi, je suis confiant qu’il reviendra rapidement un bon atout pour notre équipe. Il aidera l’équipe dès le début. Il devra garder son jeu simple, mais il sera un gros boost pour notre équipe. Il apportera de la robustesse et du leadership », a enchaîné Julien.

 

L’autre aspect intrigant concerne l’utilisation de Weber. Comment un entraîneur peut-il résister à l’utiliser pendant 25 minutes surtout que le Canadien traverse une séquence de quatre revers.

 

Cette réponse, Julien devrait la découvrir au fur et à mesure que le match progressera. De son côté, Weber sait bien que ce scénario pourrait se produire. Il a ri au son de la question et il aborde les choses positivement.

 

« Je me suis démené pendant plusieurs semaines, mais ça reste qu’on ne parle pas de situations de match donc ça prendra un certain temps pour jouer à ce niveau. Il faut aborder les choses avec de petites étapes

 

 « Je devrais être bien reposé, en espérant que ça puisse aider à long terme cette saison », a-t-il mentionné.

 

Weber n’est pas du style à être tourmenté par de grandes émotions. Il n’a pas senti le besoin de contacter des athlètes qui ont été à l’écart aussi longtemps pour obtenir des conseils. Il ne prévoit pas non plus être émotif en vue de ce match.  

 

« J’ai joué avec un gars qui est revenu d’une longue absence en Steve Sullivan. Je l’ai vu se remettre de ça et bien se débrouiller. Je sais donc que c’est possible », a-t-il noté de manière très réaliste.  

 

« Il y a eu bien des hauts et des bas, ça fait longtemps que je suis à l’écart. C’était exigeant, mais je suis passé à travers et je suis avant tout excité de renouer avec l’action », a prononcé Weber.

 

Julien ne ménage pas Reilly

 

Outre Schlemko et Mete, le nom de Mike Reilly a été proposé quelques fois pour patiner auprès de Weber. À la suite d’un excellent début de saison, Reilly a perdu des plumes devant même sauter quelques parties.

 

On comprend facilement que Julien est loin d’être enchanté par le rendement de ce dernier récemment.

 

« On recherche de la constance. Il doit être meilleur pour défendre et dans sa prise de décisions. Il ne peut pas créer toujours des revirements avec des jeux mous. Il a du potentiel, mais tu ne peux pas faire confiance à un joueur si tu ne sais pas ce qui te donnera. Les erreurs peuvent parfois tuer une équipe », a tranché Julien avec un ton ferme.  

 

Ainsi, Schlemko s’est imposé comme l’option à privilégier pour le moment. Le gaucher ne pourrait être plus heureux de cette décision.

 

« C’est une immense occasion pour moi, on parle de joueur de renommée mondiale, tout le monde voudrait jouer avec lui », a admis Schlemko.

 

« Il contribue à tous les aspects du jeu. Il est excellent en infériorité numérique, il possède un plomb sur le jeu de puissance. C’est un bon joueur dans l’ensemble qui va nous aider partout. Tout le monde ressent de l’excitation et c’est encore plus le cas pour lui. C’est une grosse nouvelle pour l’équipe, c’est notre capitaine », a-t-il argué.

 

Quant à Weber, il ne fallait pas s’attendre à une réaction similaire.  

 

« J’ai vu ce qui s’est passé depuis le début de la saison, tous les joueurs finissent par jouer avec les autres donc il faut pouvoir s’ajuster et être prêt pour patiner avec tous les partenaires. L’entraînement s’est bien passé, mais on verra la suite », a cerné le colosse de 33 ans.

 

Une dynamique qui ravit Weber

 

Le Canadien en a étonné plus d’un en gardant la tête hors de l’eau malgré la perte de Weber à long terme. Le capitaine s’est réjoui de ce qu’il a senti au sein du club qui profite d’un nouveau départ en 2018-2019.

 

« L’équipe va bien, tout le monde travaille très fort. Bien sûr, on peut améliorer certains aspects, mais ça repose sur les épaules de tous les joueurs. Ce n’est pas un gars qui va tout régler. On parvient à faire plusieurs choses positives.

« Je constate bien du positif dans ce groupe. C’est vrai que je ne l’ai pas vécu de l’intérieur durant un match, mais en étant autour du groupe, je vois une bonne gang qui souhaite que tout le monde connaisse du succès et on fait les bons gestes pour que ça se produise », a conclu Weber.