MONTRÉAL - S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les partisans du Canadien que Mattias Norlinder ait signé son premier contrat avec l’organisation, ça ne veut pas dire qu’il a connu une saison à la hauteur des attentes. Trois dépisteurs oeuvrant dans la LNH ont accepté de se prononcer sur son année avec Frölunda. 

En 2020-2021, Norlinder a fait le saut en première division suédoise et il n’a pas tardé à s’illustrer si bien qu’il a été sélectionné pour aider la Suède dans le tournoi de la Coupe Karjala.  

« Il a eu un très bon début de saison. Cette sélection était une belle preuve de ce qu’il avait démontré », a insisté un premier dépisteur attitré en Suède pour une équipe de l’Association est de la LNH. 

Malheureusement, Norlinder – que Montréal a repêché tôt en troisième ronde (64e rang) en 2019 - s’est blessé durant cette compétition. 

« Les blessures lui ont fait perdre son élan et il a eu besoin de temps avant de les chasser complètement », a exposé cette source pour expliquer sa production tiède de cinq but et cinq aides en 37 parties. 

Ce recruteur ajoute une précision afin de donner un portrait très clair de la situation. 

« Au début de la saison, ça allait tellement bien pour lui que je commençais à croire qu’il serait prêt pour la LNH dès la saison prochaine. Mais ça ne s’est pas confirmé après les blessures, il doit regagner sa confiance », a-t-il noté. 

Ainsi, ce serait très étonnant qu’il ne retourne pas en Suède pour compléter sa dernière année contractuelle avec Frölunda. Les recruteurs considèrent qu’il n’est pas prêt à faire le saut avec le Canadien et il aurait besoin d’une libération de son club suédois pour se diriger avec le Rocket de Laval dans la Ligue américaine de hockey. 

« Il doit encore développer sa confiance sur la patinoire. C’est surtout ça dans son cas. Il devrait assurément jouer la prochaine année avec Frölunda », a jugé le deuxième recruteur sondé. 

Cela dit, Norlinder a été en mesure de retrouver son aplomb en séries. Sa contribution de trois buts et deux aides en cinq rencontres éliminatoires lui a permis d’évacuer la frustration accumulée durant la saison régulière. 

Le son de cloche venant de ces recruteurs en sol européen, c’est que Norlinder a pris une excellente décision de quitter Modo pour Frölunda qui constitue une référence pour développer les jeunes. 

Quart-arrière du jeu de puissance ? Pas si vite

Grâce à sa grande aisance sur patins, Norlinder a été l’auteur de plusieurs séquences impressionnantes. Sans surprise, de tels faits saillants ont fait saliver les fidèles du CH. Un journaliste suédois avait même eu l’audace de dire qu’il lui rappelait un certain Nicklas Lidstrom. 

Depuis, cette allusion a été tempérée quelques fois par des observateurs du hockey suédois. D’ailleurs, deux recruteurs ont tenu à préciser qu’ils ne prévoyaient pas, à la lumière de la dernière saison, que Norlinder deviendra le quart-arrière de la première unité du jeu de puissance du Canadien. 

« Ce qui retient vraiment l’attention dans son jeu, c’est son patinage élite, il est très impressionnant de ce côté. J’adore ses habiletés et il va se démarquer pour récupérer des rondelles aisément et relancer l’attaque. Mais je ne le vois pas nécessairement diriger l’attaque massive même s’il sera en mesure de générer de l’offensive », a cerné le premier recruteur qui ne s’attend pas à ce qu’il produise autant de matériel pour les réseaux sociaux, une fois rendu la LNH.  

« Je n’anticipe pas qu’il remplisse ce rôle, je le verrais plus sur une deuxième unité. Ça ressemble plus à son profil selon moi », a ajouté le deuxième dépisteur. 

Notre troisième source ajoute un élément de comparaison intéressant.  

« Il pourrait avoir un potentiel plus élevé que (Alexander) Romanov », a noté celui-ci dans un rapport avant qu’il soit embêté par quelques blessures. 

« C’est un bon patineur avec de la vitesse et de l’agilité. Il est en mesure de transporter la rondelle et de supporter l’attaque. Il a un beau potentiel des deux côtés de la patinoire », a-t-il ajouté. 

Un peu de resserrement défensif à prévoir 

Cette dernière phrase, du troisième recruteur sondé, est intrigante. Évidemment, Norlinder n’a pas été repêché pour ses attributs défensifs et il doit encore peaufiner cet aspect de son arsenal. Mais les recruteurs ont déterminé qu’il pourra bien se débrouiller à ce chapitre même s’il n’est pas très costaud (cinq pieds onze pouces et 180 livres). 

Pour l’instant, on lui reproche surtout d’être trop loose (joue de manière trop relâchée) dans sa zone. 

« Il doit continuer de raffermir son jeu défensif et devenir plus constant dans son territoire. On sait que, dans la LNH, tu ne peux pas t’en sortir quand tu n’es pas assez solide défensivement », a confié la première source. 

« Il a encore du travail à faire défensivement. Il devra jouer de manière un peu plus agressive », a aussi argué le deuxième recruteur. 

Au niveau de sa personnalité, on le décrit comme un jeune réservé et décontracté. 

« Ça se transpose sur la patinoire. En gagnant un peu de confiance, ça devrait changer un peu », a souhaité le deuxième dépisteur. 

Jusqu’ici, Norlinder n’a pas eu la chance d’apprivoiser le jeu sur les petites patinoires de l’Amérique du Nord. Voilà un autre facteur qui devrait le mener à passer quelques mois à Laval en 2022-2023. 

La patience demeure donc de mise avec Norlinder qui a été repêché à sa deuxième année d’admissibilité. 

« Je fais partie de ceux qui croient qu’on ne doit pas précipiter le développement des joueurs. De toute façon, il s’est un peu développé tardivement et ça lui a bien servi alors pourquoi changer la recette? », a conclu le premier recruteur dont l’équipe était grandement intéressée par ses services lors du repêchage de 2019.