BROSSARD – D’ici quelques jours, si tout va bien, Jake Evans chaussera les patins pour la première fois en plus de deux mois. Pour le jeune joueur de centre, ce sera l’occasion de tourner officiellement la page sur une dernière saison universitaire ponctuée de hauts et de bas.

 

Evans est l’un des six joueurs qui sont contraints à l’inaction cette semaine au camp de développement du Canadien. Au début du mois de mai, il a été opéré pour soigner une hernie sportive, une blessure qui, de son propre aveu, l’a ennuyé pendant la majeure partie de son chant du cygne à l’Université Notre Dame.

 

« J’ai commencé à ressentir de la douleur en septembre ou en octobre, a révélé le Torontois de 22 ans vendredi. Au début, ce n’était pas si mal, ça ne m’affectait pas vraiment. Mais ça a empiré en février et ça a dû prendre un mois avant que ça se calme. Dans le dernier droit de la saison, ça allait mieux, mais je le sentais encore. »

 

Les fluctuations décrites par Evans concordent avec son influence sur la feuille de pointage tout au long de la saison. Meilleur marqueur du réseau universitaire américain à la pause de Noël, le choix de septième ronde du CH en 2014 a connu une baisse de régime dans la deuxième portion du calendrier. Il n’a récolté que cinq points à ses onze premiers matchs de 2018, avant de terminer l’année en force avec 13 points en huit matchs.

 

Celui qui a finalement clôturé la saison au 13e rang du classement des marqueurs de la NCAA avec 46 points en 40 parties ne veut toutefois pas associer ses creux de vague à son état de santé instable.

 

« Il y a plusieurs choses qui peuvent expliquer ce passage à vide. Peut-être que je me suis mis un peu trop de pression sur les épaules. Je ne crois pas que cette blessure m’ait vraiment ralenti. »

 

Evans a connu l’un de ses plus gros matchs de la saison en demi-finale du tournoi de fin d’année de la NCAA. Il a marqué deux buts, dont celui de la victoire avec quatre secondes à faire au match, et ajouté une passe dans une victoire de 4-3 contre l’Université du Michigan. Mais deux jours plus tard, son cœur était brisé par une défaite face à l’Université Minnesota-Duluth en grande finale.

 

« Ça a été dur à avaler, mais j’ai signé mon contrat trois jours plus tard, alors ça m’a aidé à m’en remettre, dit-il en souriant. La plaie est encore vive. Mais un jour, je me souviendrai sans doute de ce moment comme l’un des moments forts de ma carrière. »

 

Pour l’instant, l’heure n’est pas à la nostalgie pour Jake Evans. Pendant qu’on spécule sur le statut du processus de maturation d’autres espoirs du club, l’attaquant de 6 pieds et 188 livres pourrait être prêt à pivoter un trio du Canadien dès la saison prochaine. Le directeur du développement des joueurs de l’organisation, Rob Ramage, a mentionné jeudi qu’Evans avait sûrement remarqué les besoins de l’équipe à sa position quand est venu le temps de choisir sa première destination chez les pros.

 

« On peut assurément voir qu’il y a là une opportunité à saisir, a réagi Evans, un peu mal à l’aise, quand un collègue lui a relayé ces propos. Ça a certainement été un facteur dans ma décision, mais c’était aussi important pour moi d’aller avec l’équipe qui m’a repêché, qui a osé prendre une chance avec moi. Je ne l’ai jamais oublié et c’est une grosse raison de ma présence ici. »

 

Bien au fait du travail qu’il lui reste à faire avant de confirmer sa place avec le grand club, Evans n’a pas encore déniché son premier appartement dans la région. Géographiquement, la distance entre Montréal et Laval est modeste, mais sur la glace, les deux villes sont séparées par un gouffre que seuls quelques élus pourront franchir. Ce n’est qu’au cours des prochains mois qu’on saura véritablement où se situe exactement le jeune homme. En ce moment, même le principal intéressé ne prétend pas le savoir.

 

« J’ai déjà regardé des matchs pros, mais tant que je n’en ai pas joué un, je ne peux pas vraiment savoir quelle est la place qui me revient. Je devrais avoir une meilleure idée au camp d’entraînement. En attendant, l’important pour moi est de retrouver la forme, de prendre des forces et de m’assurer que je puisse tout donner quand le temps viendra. »