BOSTON - La guerre Bruins-Canadien ne date pas d’hier. Vendredi, lorsque les deux ennemis se croiseront dans le cadre de la Classique hivernale, ce sera la 733e fois qu’ils s’affronteront en saison régulière.

Ajoutez à cela les 177 duels à finir livrés en séries éliminatoires – le Canadien a remporté 25 des 34 séries opposants les deux clubs – et vous avez 909 bonnes et moins bonnes raisons qui attisent la haine entre les deux organisations, les joueurs qui les ont représentés et les partisans qui les ont appuyés au fil des ans.

Jeudi matin dans CRJ qui assurait la liaison Montréal-Boston, plusieurs des sièges du petit avion étaient occupés par amateurs de hockey mettant le cap sur la Classique hivernale. Très majoritairement, ils affichaient les couleurs du Canadien. Mais au milieu d’un chandail bleu-blanc-rouge ici, d’un foulard là, d’une casquette et d’une tuque là-bas, quelques méchants fans des Bruins arboraient, plus discrètement, mais avec tout autant de fierté, le noir et le jaune propres à leur club.

Parce qu’il avait des allures de Zdeno Chara et non de Brad Marchand, le partisan des Bruins qui occupait le siège 9-C ne passait pas inaperçu avec son chandail et sa casquette des Bruins. Il s’est attiré quelques remarques des fans du CH qui l’entouraient. Des remarques polies qui n’avaient rien à voir avec les prises de bec qui marquent chaque face à face Canadien-Bruins autant sur la patinoire que dans les gradins. Une chance…

Un match lourd de sens

Ça risque d’être différent au Gillette Stadium vendredi après-midi. Dans les gradins un peu sans doute, mais surtout sur la patinoire alors que pour la première fois depuis bien des années – pour ne pas écrire la première fois tout court – le match derrière la Classique hivernale est lourd de sens.

Les Classiques hivernales qui se limitaient par le passé à de petites guerres des tuques pourraient céder la place à un autre volet de la guerre Bruins-Canadien.

Non seulement le Canadien doit tout faire pour freiner sa glissade associée aux 11 revers encaissés à ses 13 derniers matchs, mais il peut le faire aux dépens de ses rivaux de toujours. Des rivaux qui menacent d’ailleurs de les dépasser au classement de la division atlantique. C’est de fait le premier rang de la division qui est en jeu vendredi alors qu’une victoire du Canadien ou des Bruins permettra de passer devant les surprenants Panthers de la Floride.

«Ce match peut changer le cours de notre saison», a reconnu le capitaine du Canadien Max Pacioretty.

Contrairement au Tricolore, les Bruins se présentent à la Classique hivernale sur une note un brin plus positive. Leur victoire de 7-3 aux dépens des Sénateurs d’Ottawa mardi a stoppé une série de trois revers de suite. La troupe de Claude Julien affiche six victoires (6-3-1) à ses 10 derniers matchs.

Mais attention, si le Canadien peut compter sur le retour de Brendan Gallagher pour attiser ses joueurs et la rivalité entre les deux camps, les Bruins devront se passer de leur premier centre David Krejci (blessé) et de leur meilleur buteur Brad Marchand (15 buts, 26 points en 34 matchs) qui est sous le coup d’une suspension plus que méritée de trois matchs pour une mise en échec dangereuse.

À qui l’avantage ? La réponse viendra l’an prochain !

Plus sérieusement, on peut prétendre que c’est l’équipe qui se laissera le moins distraire par l’événement entourant le match de hockey qui en sortira gagnante.

Dans le vestiaire du Canadien, Torrey Mitchell assurait qu’il est possible de maintenir un sain équilibre entre le plaisir de prendre part à une telle classique et le sérieux des deux points à l’enjeu. «Ça peut t’arriver une fois seulement en carrière et encore d’avoir la chance de participer à ce genre de partie. C’est donc important à mes yeux de t’assurer d’en profiter surtout que les membres de nos familles nous accompagnent pour l’occasion. Tous les joueurs dans ce vestiaire savent dans quelle situation nous nous trouvons. Il faut changer le cours des choses, peu importe le moyen. Peut-être que le fait de nous retrouver dans ce genre de partie aura un effet positif. On verra. Ce que je sais c’est que le moral et très bon. Les gars sont heureux d’être ici. Ils apprécient ce qui entoure ce match et nous arriverons demain sur la glace avec une attitude positive.»

Meilleur dans la défaite !

Michel Therrien affichait déjà jeudi une attitude positive. L’entraîneur-chef du Canadien s’est même permis de lancer, lors de son point de presse, qu’il avait profité de la pause de Noël pour déterminer que son équipe jouait mieux à ce moment – le Canadien avait encaissé neuf revers en dix matchs – que lors de la séquence historique de neuf gains consécutifs en début de saison.

Invité à élaborer sur ce sujet, Michel Therrien a brandi des statistiques intéressantes. «Le hockey est un sport de résultats, mais en dépit des défaites nous avions réussi à doubler nos adversaires en fait d’occasions de marquer. Nous en obtenions plus qu’en début des saisons et surtout nous en accordions moins. Notre temps de possession de rondelle était aussi supérieur à celui de nos adversaires», a indiqué l’entraîneur-chef du Tricolore.

Cette réponse nous permet d’en savoir un peu plus sur la nature des statistiques qui intéressent vraiment l’état-major du Canadien.

Au-delà ces résultats positifs il est vrai, il est clair que le Canadien qui trouvait des façons de marquer en début de saison a complètement perdu sa touche magique lors de la séquence noire. Pis encore, il s’est mis à multiplier les revirements coûteux dans son territoire. Résultat : ses adversaires obtenaient peut-être moins d’occasions de marquer, mais celles que le Tricolore leur offrait étaient de grande qualité. Avec les résultats qu’on connaît !

La première manche aux Bruins

En marge des entraînements du Canadien et des Bruins, la Classique hivernale féminine opposant Montréal et Boston s’est soldée sur un verdict nul de 1-1.

Un but en tir de barrage de Raymond Bourque a permis aux anciens Bruins de se sauver avec une courte victoire de 5-4 aux dépens des anciens Canadiens. L’ancien capitaine s’est mis en évidence tout comme Mark Recchi qui a inscrit deux buts des Bruins.

Mais que la majorité des anciens arborant le noir et jaune ou le bleu-blanc-rouge ait connu des matchs pas mal plus mouvementés que la partie «amicale» de jeudi, les quelques 42 000 partisans venus assister à la rencontre – on a annoncé une foule de 42 193, une annonce un brin généreuse si je peux me permettre ce commentaire – se sont assuré de rappeler aux porte-couleurs du Canadien et à leurs fans venus du Québec qu’ils seront les visiteurs vendredi à Foxboro.