MONTRÉAL - Le Canadien est demeuré fidèle à ses habitudes : après une très solide performance qui lui a permis de battre Connor McDavid et les Oilers, mercredi, à Edmonton, le Canadien a été incapable de coller deux bons matchs de suite.

 

Sans surprise, il a perdu.

 

Limité à quatre victoires à ses 12 dernières parties, le Canadien n’a d’ailleurs pas « collé » deux victoires consécutives depuis les 30 mars et 1er avril derniers alors qu’il avait battu coup sur coup les Oilers d’Edmonton et les Sénateurs d’Ottawa. Il avait aussi vaincu les Canucks avant la pause de 10 jours imposée par la LNH en raison d’une éclosion de COVID dans le vestiaire – Joel Armia et Jesperi Kotkaniemi avaient été touchés – gonflant à trois sa série de victoires au cours de cette séquence.

 

Trois victoires de suite, c’est un sommet chez le Canadien cette année. Un sommet qui est loin de donner le vertige, vous direz. Mais un sommet quand même. Un sommet qu’il n’a atteint que deux fois. Et à ces deux bien courtes séquences de trois victoires, le Canadien n’a ajouté que deux plus courtes encore séquences de deux victoires.

 

Pas fort chef!

 

Le Canadien a trouvé le moyen de minimiser l’impact négatif de séquences victorieuses aussi courtes et aussi peu nombreuses en multipliant les revers en prolongation et en tirs de barrage. Des revers qui ont au moins permis d’ajouter des points au classement.

 

Mais depuis sa dernière séquence victorieuse de trois matchs, le Canadien a perdu huit fois en 12 matchs. Et les huit fois, c’est en temps réglementaire qu’il a perdu.

 

Ça ne devrait pas mettre en péril sa quatrième place. Mais cela compliquera grandement son défi déjà périlleux de grimper en troisième place, voire en deuxième, pour s’offrir un adversaire moins redoutable et aussi l’avantage de la patinoire.

 

Quoiqu’à ce chapitre, le Canadien en arrache tellement au Centre Bell cette année (10-10-2-0) qu’il aimerait peut-être davantage amorcer les éliminatoires en territoire ennemi où il a maintenu une fiche de 10-6-4-3 cette saison. Surtout qu’en cette saison COVID, les partisans ne pourront survolter l’atmosphère au Centre Bell.

 

Mauvais en défense, timide en attaque

 

Non seulement a-t-il été battu 4-2, vendredi soir, par des Flames visiblement plus combatifs et surtout beaucoup plus convaincants dans leur quête de victoire, mais le Canadien s’est aussi battu lui-même.

 

Il multiplié les cafouillages en zone défensive : autant avec des couvertures brouillonnes qu’avec des relances plus brouillonnes encore.

 

À ce chapitre, Shea Weber a terminé le match avec un différentiel de moins-2. À ses 11 derniers matchs, le capitaine n’a récolté qu’une passe, n’a obtenu que 15 tirs au but tout en traînant un lourd différentiel de moins-10...

 

Le Canadien a aussi été incapable de compléter plus de deux passes significatives consécutives au cours d’une même séquence.

 

Il s’est contenté de tirer 19 fois sur la cage des Flames. Dix-neuf tirs qui sont venus des lames des bâtons de huit joueurs seulement : six attaquants – Toffoli (5), Kotkaniemi (2), Danault (2), Armia (2), Tatar (2), Perry (2) – et deux défenseurs – Weber (3) et Petry (1). Et de ces 19 tirs, cinq ou six se sont traduits par de bonnes occasions de marquer.

 

Contre un Jacob Markstrom très généreux sur le premier but qu’il a accordé à Tyler Toffoli (son 23e) et généreux sur le sixième de la saison de Joel Armia, le Canadien aurait normalement dû prendre tous les moyens à sa disposition pour mitrailler la cage des Flames et profiter de la fragilité apparente du gardien adverse. Mais non! Non seulement il n’a cadré que 19 rondelles, mais il s’est contenté de décocher 37 tirs. C’est deux petits tirs tentés de plus que son pire total enregistré cette saison : un match de 35 tirs tentés, le 11 mars dernier, encore à Calgary dans le cadre d’un revers de 2-1 aux mains des Flames.

 

Le Canadien a été battu dans une majorité des batailles à un contre un, peu importe où ces duels ont été disputés.

 

Comme si ce n’était pas assez, il a une fois encore été blanchi en attaque massive. Bon! Le Tricolore n’a eu qu’une occasion, j’en conviens. Mais au cours de ces deux minutes à cinq contre quatre, il n’a rien fait de bon. Rien de rien.

 

On a pu voir Erik Gustafsson pour la première fois depuis son acquisition. Mais disons que ses 67 secondes passées lors de sa première attaque massive dans le l’uniforme tricolore ne passeront pas à l’histoire.

 

Ah oui! Avis à ceux et celles qui seraient prêts à imputer cet autre mauvais match à la fatigue, l’entraîneur-chef n’est pas d’accord. « Ce n’est pas de la fatigue, c’est un manque de combativité », que Dominique Ducharme a tenu à préciser dans le cadre de son analyse de la défaite.

 

Caufield ou Primeau?

 

Tous les ennuis offensifs qui ont miné les chances de victoire du Canadien ont remis en évidence le fait que Cole Caufield se contente de faire du tourisme dans l’Ouest canadien afin de se familiariser avec la vie de hockeyeur dans la LNH.

 

Bien que je sois un membre actif du club « Prudence dans la gestion de Cole Caufield », il est normal d’entendre les membres du club « qu’est-ce que vous attendez pour donner une chance à Caufield » réclamer à grands cris l’entrée en scène du premier choix (15e sélection) du Canadien en 2019.

 

Les malaises non associés à la COVID qui ont contraint Jonathan Drouin à déclarer forfait après l’échauffement d’avant-match – il a été remplacé par le défenseur Gustafsson – ouvrent la porte à une entrée en scène de Caufield avec le grand club.

 

Si, bien sûr, l’état-major décide de lui donner le feu vert.

 

Mais ce n’est pas simple.

 

Parce que le Canadien n’a que 12 attaquants au sein de sa formation officielle, il se retrouvera en situation de potentiel rappel d’urgence si Jonathan Drouin, ou un autre attaquant ne sont pas en mesure de jouer samedi.

 

Le Canadien pourrait donc alors rappeler d’urgence un attaquant de son équipe de réserve.

 

Trois joueurs sont disponibles : Caufield bien sûr, mais également Jake Evans et Michael Frolik.

 

Avec la formation actuelle, le Canadien ne peut rappeler que Frolik ou Evans dont le salaire (750 000 $) peut être ajouté à la masse salariale de l’équipe tout en respectant le plafond.

 

Pour rappeler Caufield, le Canadien devrait renvoyer Cayden Primeau au club de réserve pour le remplacer par Charlie Lindgren et ainsi s’offrir la marge de manoeuvre financière nécessaire pour faire de la place au jeune américain et à son salaire.

 

Voici l’équation.

 

Le Canadien a actuellement une marge de 1 093 334 $ sous le plafond.

 

Le Canadien a besoin de 1 308 333 $ de marge pour insérer le salaire de Cole Caufield – et les primes associées à son contrat – sur sa masse.

 

On relève donc un manque à gagner de 214 999 $.

 

Cayden Primeau occupe 966 667 $ – salaire et primes associées au contrat – sur la masse salariale du Canadien.

 

Charlie Lindgren occupe 750 000 $ sur la masse salariale de l’équipe.

 

En remplaçant Primeau par Lindgren, le Canadien fait donc une « économie » de 216 667 $ qui est suffisante pour insérer le contrat de Caufield.

 

Et il ne resterait que 1668 $ d’espace sous le plafond. Ou quelques sous en tenant compte que le plafond que les 31 clubs doivent respecter s’élève à 81,5 millions $ est-il besoin de le rappeler.

 

Rappelé par mesure d’urgence, Caufield pourrait ainsi obtenir une première expérience avec le grand club. Il devrait être retourné au club de réserve une fois Drouin – ou tout autre attaquant blessé, malade ou suspendu – de retour au sein de la formation.

 

Cela dit, si l’expérience devait être concluante, le Canadien pourrait alors utiliser le dernier des quatre rappels réguliers à sa disposition depuis la fin de la période des transactions – Paul Byron, Alexander Romanov et Xavier Ouellet ont déjà été rappelés – pour faire une place à Caufield.

 

Mais pour que Caufield monte et profite de cette première chance dans la LNH, il faut que Cayden Primeau descende. Et il faut bien sûr que Jonathan Drouin ou un autre attaquant ne soit en pas en mesure de jouer en raison d’une blessure, d’un malaise ou d’une suspension.

 

L’incapacité du Canadien à marquer, que ce soit à forces égales ou en attaques massives, et aussi l’engouement populaire militent pour l’entrée en scène Caufield.

 

Mais est-ce que ce sera suffisant pour convaincre Marc Bergevin de miser sur le jeune homme?

 

La réponse ne devrait pas tarder.

 

Le point sur les mises en jeu...

 

En plus de perdre une grande majorité des duels le long des bandes et autour des buts sans oublier les courses pour les rondelles libres, le Canadien a été haché finement aux cercles des mises en jeu où les Flames ont gagné 34 des 57 duels livrés (60 % d’efficacité) entre les centres des deux équipes.

 

« Quand tu perds autant de mises en jeu, tu passes bien trop de temps à patiner après la rondelle », que l’entraîneur-chef par intérim a précisé.

 

Tout ça est vrai.

 

Il faut toutefois faire attention avant de lancer de grandes conclusions sur les effets néfastes des mises en jeu perdues.

 

Tenez : le Canadien a gagné 7 des 15 matchs (7-4-2-2) au cours desquels il a franchi le cap de 50 % de réussite aux cercles des mises en jeu.

 

Mais le Canadien a aussi plus de victoires que de défaites en temps réglementaire (12-11-3-2) dans le cadre des matchs où il est sous la barre des 50 %.

 

Il présente un dossier de ,500 (trois victoires et trois revers) dans les matchs où il a gagné 40 % ou moins des mises en jeu disputées.

 

Gains de 5-1 et de 4-3 contre Edmonton malgré des résultats de 40 % et 36 % – mercredi dernier – aux cercles des mises en jeu et victoire de 5-2 contre Vancouver malgré une efficacité de 39 %.

 

Loin de moi l’intention de prétendre que les mises en jeu ne sont pas importantes. Au contraire. D’ailleurs, Joel Armia a marqué vendredi soir sur un tir décoché immédiatement après une mise en jeu gagnée par Phillip Danault.

 

Mais la défaite d’hier, comme bien d’autres survenues dans le cadre de match au cours desquels le Canadien avait perdu plus de mises en jeu qu’il n’en avait gagnées, est bien plus attribuable au jeu brouillon du Canadien en zone défensive et son incapacité d’orchestrer des attaques soutenues en incisives en zone ennemie.

 

Le Canadien sera-t-il meilleur samedi que vendredi?

 

Cole Caufield sera-t-il inséré au sein de la formation ou le Canadien donnera plutôt un premier départ cette saison à Cayden Primeau?

 

Les réponses s’en viennent...