LAVAL – Le déménagement du club-école du Canadien dans sa cour arrière n’affectera pas la philosophie de Marc Bergevin.

Depuis son entrée en poste il y a bientôt cinq ans, l’actuel directeur général du Tricolore a toujours priorisé le développement des jeunes espoirs de l’organisation au rendement affiché par ceux-ci dans les classements de la Ligue américaine. L’augmentation de la pression populaire, prévisible avec la naissance attendue du Rocket de Laval, n’y changera rien.

« Le but, à la fin de la journée, c’est le Canadien de Montréal, a affirmé Bergevin mardi lors du dévoilement du logo de la principale équipe du réseau de filiale de son organisation. Je l’ai toujours dit, l’avenir du Canadien va passer par Laval. [...] Il va y avoir des bons joueurs de hockey ici. »

Que ce soit sous les couleurs des Bulldogs de Hamilton ou des IceCaps de St. John’s, le club-école du Canadien a raté les séries à chacune de ses cinq dernières saisons. Sylvain Lefebvre, dont Bergevin a vanté les mérites mardi, était à la barre de l’équipe pour les quatre dernières.

Les IceCaps occupent présentement le troisième rang du classement de leur division avec une fiche légèrement supérieure à ,500.

« C’est certain que développer des joueurs dans la victoire, c’est important, alors on fait toujours de notre mieux. Mais cette année encore, avec toutes les blessures, chaque fois qu’on monte des gars dans la LNH, ça fait mal à l’équipe en bas. C’est la réalité de la Ligue américaine », excusé Bergevin.

Concrètement, tout ce qui devrait changer, c’est la facilité avec laquelle l’état-major du Canadien pourra évaluer les atouts qu’il a sous sa main.

« Je pourrai voir les joueurs plus souvent, a convenu Bergevin. St. John’s a un bel amphithéâtre et c’est une très belle ville, mais c’est difficile de se rendre là, surtout l’hiver. Ici, c’est à 40 minutes de voiture. Ça va être vraiment plus facile et efficace pour moi. »

Le propriétaire, président et chef de la direction du Canadien, Geoff Molson, croit que les économies réalisées en approchant la relève de la maison mère seront minimes, mais que les bénéfices pourraient surtout être plus visibles dans le rendement de l’effectif.

« C’est sûr qu’en étant plus près, nos gestionnaires de hockey auront la chance de contribuer à l'amélioration du produit sur la glace aussi. Du moins je l’espère, a répondu M. Molson. Je ne peux pas le confirmer, mais j’imagine qu’avec la présence de plusieurs ressources pour aider les joueurs, ça ne peut pas nuire, c’est sûr. »

« L’important, c’est les pratiques, a ajouté Bergevin. En jouant à St. John’s, le voyagement est très difficile. Avant même de voir le calendrier, on peut dire que ça va être plus facile à Laval. Donc avec plus de temps de pratique, le développement va être plus facile, c’est certain. »

En poursuivant leur parcours professionnel en périphérie de Montréal, les espoirs du Canadien pourront aussi se familiariser avec l’environnement parfois étouffant qui attend les joueurs de hockey professionnels dans la métropole.

« Être sous la pression, c’est une bonne chose, croit Geoff Molson. Parce que lorsqu’ils graduent à Montréal, il y en a beaucoup plus. Je pense donc que ça va leur donner une chance de vivre un peu ce que c’est que d’être un Canadien de Montréal. »

« Nos jeunes sont très bien encadrés. À chaque camp d’entraînement, on fait des séances pour les préparer et ça ne changera pas. Il va y avoir plus de média à Laval, mais ça ne m’inquiète pas », a dit Bergevin.

Pas d’intouchable

À un mois de la date limite pour effectuer des transactions dans la Ligue nationale, Marc Bergevin n’a pas voulu élaborer sur l’approche qu’il entendait préconiser pour tenter d’améliorer son équipe.

« Je vais toujours regarder pour améliorer l’équipe et ça va toujours dépendre du prix. C’est difficile d’en dire plus aujourd’hui », a-t-il laissé tomber.

Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il pourrait être tenté de payer le prix cette année étant donné les succès rencontrés par son équipe malgré la vague de blessures qui l’a frappée, Bergevin est resté discret.

- Ça dépend c’est quoi le prix.

- Si c’était un jeune prospect?

- Ça dépend quel prospect.

- Il y a donc des intouchables?

- Ça dépend qui est disponible.

Pour éviter toute déception, on conseille donc simplement aux jeunes espoirs du Canadien d’attendre un peu avant de s’imaginer dans les couleurs du Rocket...